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Caroline Etienne

Chambre 7

Le poème

Mardi 8 septembre

Alléluia !

Dimanche, je n’en menais pas large… le marteau sous le crâne, je suis partie me promener. En voyant le lac, je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai enlevé ma robe et je me suis jetée à l’eau, ça m’a remis les idées en place vite fait. J’étais frigorifiée, dernière fois que je me baigne dans de l’eau qui n’est pas chauffée.

En rentrant, je grelottais toujours, j’ai farfouillé dans la chambre pour trouver une couverture.

Et c’est là que je l’ai trouvée. Une feuille volante avec un poème. Signé par le mystérieux Claude de la Cruz. Je ne m’étais pas trompée, il était bien là. Et dans ma chambre en plus !

J’ai relu l’opus des dizaines de fois, contrôlé qu’il n’y ait pas de message secret à l’encre sympathique, tenté de lire la première lettre de chaque ligne, lire à l’envers, intervertir les vers, enlever les E, les C, les P, les R… Bref, je le connais par cœur ce poème à force de tenter d’y déceler un double sens qui n’y est probablement pas.

Il ne s’est pas perdu le Claude, non. Je compte bien le retrouver !

Lundi, j’ai discuté avec les Midaloff, un des couples que j’ai croisés samedi soir. Joseph m’a gentiment charriée sur ma soirée. C’était gentil et moqueur à la fois, comme on parle aux gens qu’on aime bien, ça m’a fait drôlement plaisir en fait. Sa femme et lui m’ont également invitée à une après-midi danse en fin de semaine, je crois que je vais y aller. En discutant, j’ai appris que Joseph était déjà à l’auberge en juillet, tout près de ma chambre. Je lui ai montré une photo de Claude, mais il ne se rappelle pas l’avoir vu ou peut-être à un petit déjeuner, sans certitude. Ils étaient voisins pourtant. Claude ne se mêlait donc pas aux autres résidents et il semble avoir disparu depuis longtemps.

Je me souviens qu’au Café des Sapins, on m’a parlé d’un étrange client de l’auberge qui s’intéressait aux légendes, c’était peut-être lui. Je retourne à Pollox avec sa photo et je vais faire le tour des échoppes.

J’ai encore relu ce poème, il me hante. J’ai l’adresse e-mail de Claude, sur un coup de tête, je lui envoie une photo du poème et ce message :

”Claude, je sais que pour rattraper les jours et les heures et pour retisser la trame de son être, il faut parfois se perdre un peu. Mais le temps est venu désormais, laissez-moi vous trouver.
Caroline”

Qui vivra verra…

Rapport de mission – 8 septembre
Identifié avec certitude la présence de la cible à l’auberge début juillet, pas de contacts avec les autres résidents. Semble être parti mi-juillet alors que sa chambre était payée jusqu’à fin août.
Trouvé un poème de sa main, je cherche encore à un extraire un quelconque indice.
Tenté d’entrer en contact avec lui par e-mail

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