Auberge des Blogueurs
Le jeu de rôle littéraire de l’été 2020
2020-11-04T09:45:47+01:00
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Dotclear
The End
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2020-09-16T23:59:00+02:00
2020-09-22T10:56:04+02:00
Jeanne Lalochère
Notes de la Direction
<p>Le jeu est terminé.</p>
<p>Les commentaires sur ce site sont fermés mais vous pouvez venir échanger avec les auteurs sur <a href="https://auberge.des-blogueurs.org/forum">le forum de l’auberge</a>.</p>
En route vers de nouvelles aventures
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2020-09-16T23:30:00+02:00
2020-10-04T13:37:48+02:00
Lucien Durand
<p>Tout le personnel semblait un peu perdu aujourd’hui, après le départ du dernier client, en réalisant que la saison était terminée, et pas un soupir de soulagement ni cri de joie n’ont été poussés lorsque Jeanne a fermé cérémonieusement la porte de l’auberge et accroché le panneau “Fermé” à l’une des doubles portes. Joli panneau d’ailleurs, peint par Adèle, avec une toute petite illustration d’un renard en médaillon, qui cligne de l’œil et sort une joyeuse langue.</p>
<p>En cinquante ans dans le métier, mon Lulu, tu en a vu des fins de saison, quelquefois tristes car on quitte des amis, quelquefois festives, quelquefois aussi qui provoquent un sentiment bienvenu de libération. Dans une saison, des couples se sont formés, des amitiés ont commencé ou se sont taries, des patrons ont été jugés et des employés remerciés, des rancunes perpétuelles se sont installées, et c’est une équipe de survivants qui parvient au bout de la croisière, après seulement avoir débarqué le dernier passager. Des survivants joyeux ou harassés, selon l’état de la mer qu’ils ont rencontré.</p>
<p>Autant dire qu’il n’y a pas toujours de festins et de grandes rigolades, d’abord parce que personne n’a attendu pour célébrer la fin et que certains ont encore un furieux mal de crâne de la veille, c’est en général mon cas car je fête la fin plusieurs fois, ensuite parce que tout le monde est pressé de mener à bien les projets qui ont passé plusieurs mois à mûrir au fond des têtes, et ça tombe bien parce qu’on a la paye, les économies de tout cet argent gagné qu’on n’a pas eu le temps de dépenser, et qu’on peut enfin les enclencher ces projets, il s’agit de ne pas perdre de temps. L’une doit voyager, un autre retrouvera sa famille, un autre encore va concrétiser un rêve, tous ont préparé cet après avec minutie.</p>
<p>Le dernier jour, la saison est finie, oubliée. Les souvenirs reviendront plus tard. Le dernier jour on règle éventuellement ses comptes et on pense surtout à partir, à prendre la route.</p>
<p>Mais pas aujourd’hui, pas cette dernière saison, pas dans cette auberge qui ne fait décidément rien comme les autres.</p>
<p>Nous nous sommes tous regardés avec des sourires niais sur la figure, il y a eu quelques rires discrets, puis nous avons suivi Jeanne dans le salon, et nous avons commencé à parler de son projet, de notre projet à tous maintenant. Nous allons rester ici. Et pour les détails, comme dirait Natou, c’est nos affaires, c’est privé.</p>
<p>Ce soir j’ai un peu bu, un peu plus que de coutume à cette heure, parce que je ne vais pas travailler. Je n’irai sans doute plus jamais travailler d’ailleurs, mais je m’occuperai de notre auberge. Je peux dire notre auberge parce qu’elle sera bientôt aussi à moi, une toute petite partie en tout cas, car je vais y investir toutes mes économies. Il y en a des saisons dans mon petit pactole que je n’ai jamais vraiment su dépenser. C’est le moment qu’il serve à quelque chose.</p>
<p>Je vais devoir m’habituer à dormir la nuit, à ne plus veiller sur personne, sauf peut-être encore un peu sur les renards, jusqu’à ce qu’Adèle se sente capable de le faire. J’irai les voir tout à l’heure. Pour les clients, je ne peux m’empêcher d’y penser et de souhaiter qu’ils soient bien rentrés et que tout se passe bien pour eux, cette nuit où ils sont tous loin d’ici.</p>
<p>Et puis demain je me lèverai et je viendrai voir les copains et les copines, et on parlera encore. Une vraie aventure comme j’en rêvais commence, mon Lulu. Aujourd’hui même.</p>
Plumes
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2020-09-16T21:21:00+02:00
2020-09-29T11:38:12+02:00
Jeanne Lalochère
<p>— C’est encore loin ton truc ? Tu es sûre que tu sais où on va dans cette nuit noire ?</p>
<p>— Allez, courage Maman. On est presque arrivées. Tu vas voir, l’endroit est super. Et t’inquiète, j’ai ma boussole, je ne suis pas perdue. Je sais exactement où on est.</p>
<p>— Bon, bon, si tu le dis. C’est que ça commence à peser le sac à dos là.</p>
<p>— Oh ça va, t’as presque rien, une petite tente, des barres de céréales et un duvet.</p>
<p>— Comment ça “et un duvet” ? Mais non ! C’est pas toi qui devais prendre les deux ? On n’en aura qu’un par ce froid de canard ?</p>
<p>— Hi hi, je t’ai euuuue ! Oui j’ai les deux duvets, mon couteau suisse, le thermos de ton café chéri et une lampe de poche. Je suis parée je t’ai dit, fais-moi confiance.</p>
<p>— 🎵 Aie confiance, crois en moi / Que je puisse veiller sur toi 🎵</p>
<p>— 🎵 Fais un somme, sans méfiance 🎵</p>
<p>— 🎵 Je suis là, aie confiance 🎵</p>
<p>— Purée ce qu’on chante faux !</p>
<p>— Oui ! C’est ce qui fait notre charme, voyons Adèle !</p>
<p>— T’as raison, Maman. Tiens on est arrivées. Il est pas chouette ce petit coin avec le ruisseau en bas et la place parfaite pour la tente ?</p>
<p>— J’avoue, tu as fait fort. Enfin je crois car je ne vois pas grand-chose !</p>
<p>— Allez, on la monte. Quand on sera installées dans les duvets tu me raconteras encore Papy du Gers quand il emportait toute la maison dans la remorque pour aller au camping ?</p>
<p>— Je te raconterai. Tu as eu une idée géniale ma puce, je suis super contente de notre petite soirée à deux dans les bois.</p>
<p>— Moi aussi ! … Et puis ici on voit pas que l’auberge est vide.</p>
Pas de panique
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2020-09-16T20:20:00+02:00
2020-10-09T20:35:48+02:00
Gaston Gumowski
<aside><p><em>Mood musical : <a href="https://youtu.be/hY0LhRZtQIs">Damon Albarn - Hostiles</a></em></p></aside>
<hr />
<p>Une dernière nuit complète. La dernière avant la prochaine, peut-être bien. De quoi m’emplir de son odeur, de la boire et la manger encore une fois, de mémoriser le son de sa voix lorsqu’elle murmure. Péché de gourmandise avec quelques allures de cigarette du condamné. Con, c’est sûr. Damné, peut-être bien aussi, tiens. Je quitte la chambre alors que Hugo passe à la douche à son tour. Pas de folies aquatiques, ce matin. Je bifurque d’abord par la cuisine, pour faire une bise à Janette, plus tardive que d’habitude. J’en devrai encore une à Léo pour avoir assuré la dernière livraison de la saison. Une de plus, mais convenue et négociée à l’avance, cette fois. Discussion brève avec Janette, juste pour m’assurer qu’elle sera toujours dans le coin en début d’après-midi. Puis je pars voir Jeanne, à la réception. Déjà absorbée par son écran, on sent qu’elle est encore tendue par le bouclage. Même si elle paraît très fatiguée, elle n’en demeure pas moins lumineuse depuis quelques jours. De bons chiffres, de beaux projets. Un beau mécano, aussi, j’ai l’impression. Va falloir que je lui rappelle qu’elle devra parfois me le prêter pour le Toyota.</p>
<p>— Coucou, Jeanne.<br />
— Mais ? Tu es là, toi ?<br />
— Oui. Je me devais de valider mon précédent test de la literie de cet établissement. Et là, je vais passer en revue le buffet du petit-déjeuner.</p>
<p>Elle me sourit en dodelinant de la tête, d’un air faussement désespéré.</p>
<p>— Tu n’es qu’un sale gosse, Gaston Gumowski…<br />
— Oui, môman.<br />
— Vous allez repasser avant de partir, avec Henri ?<br />
— Cette question… Bien sûr ! On vient dire au revoir au plus gros de la clique et faire des bises à ta gamine. On lui filera aussi nos consignes pour qu’elle prenne bien soin de toi, au cas où Marco passerait trop de temps avec ses voitures.<br />
— …</p>
<p>Je lui colle une grosse bise sonore et une tape sur les fesses, qui me vaut un bon coup de pied au cul bien senti en retour, une fois l’effet de surprise envolé.</p>
<p>Et…<br />
On se tire la langue.<br />
Ça va, hein !<br />
Pas de client en vue…</p>
<hr />
<p>Et le moment est arrivé. J’ai joué la carte de la galanterie en lui portant son sac à dos jusqu’au Toyota. Que j’ai posé dans la cabine, sur la banquette arrière, empêchant ainsi Hugo d’ouvrir la porte passager. Et puis, je lui ai bêtement souri. Pour la première fois depuis ce dimanche dans la clairière, il y a eu un petit flottement. Jusqu’à ce qu’elle parle.</p>
<p>— Alors… En route ?<br />
— Alors en route. Mais je ne t’accompagne pas. Tu vas prendre cette route-là toute seule.<br />
— Pardon ?</p>
<p>Je lui tends les clés du Toyota, je vois un sourire banane se dessiner sur son visage.</p>
<p>— J’ai mes sacs à boucler pour la Nouvelle Calédonie. Et je me suis dit que ce bon vieux frère mécanique risquait de s’ennuyer pendant plusieurs semaines dans sa grange, alors…<br />
— Euh… Non, Gaston… Je ne peux pas accepter ça…<br />
— Eh ! Respire, demi-portion ! Ce n’est pas un cadeau. Je te le confie. Et je te confie à lui aussi, surtout. Tu verras, il a encore moins d’assistance que ton Land Rover, il est long comme un camion mais il ronronne comme un gros chat. Tu n’auras pas de mauvaise surprise avec. Fais lui voir du pays ou des pays. J’ai averti Marco, je t’ai noté son numéro perso que j’ai glissé avec les papiers du tank. En cas de souci, tu n’hésites surtout pas, tu l’appelles. Ou que tu sois.<br />
— Mais…<br />
— Mais je ne pense pas du tout que tu en auras besoin.<br />
— Gaston…<br />
— Tais-toi un peu, tu veux ? Et embrasse-moi.</p>
<p>Elle finit par me chiper les clés des doigts. Les regarde un moment dans sa main. Pour finalement me sauter au cou et se laisser soulever pour un long baiser au goût un peu mélancolique. Je la repose, on fait le tour du tank par l’avant et je lui ouvre la portière conducteur.</p>
<p>— Ça me touche vraiment, tu sais…<br />
— Ah oui ? Eh bien, tu as mon adresse complète sur la carte grise. Te reste plus qu’à m’envoyer des cartes postales. Ça fait partie du deal.<br />
— OK. Deal, alors.<br />
— Ah ! Juste une dernière chose…<br />
— …<br />
— Je sais qu’on a des cales qui traînent dans le hangar à bateaux. Pour les pédales… Tu es certaine de les toucher ?<br />
— …</p>
<p>Elle tourne la clé. Le Toyota me fait honneur en obéissant sans broncher. Je la vois regarder vite fait du côté du levier de vitesses pour s’assurer de la disposition des rapports.</p>
<p>On se sourit, on s’embrasse.<br />
Je claque la portière.<br />
Elle enclenche la première.<br />
On se fait un signe de la main.<br />
Et ils partent.</p>
<hr />
<p>Léo est arrivée peu de temps derrière. À peine plus que celui qui m’avait été nécessaire pour fumer une cigarette et consulter mes e-mails sur mon mobile. Elle s’est arrêtée pile à ma hauteur, a déverrouillé les portières et je me suis tout de suite enfilé côté passager. « La place du mort », n’ai-je pu m’empêcher de penser. Ça m’a fait sourire. Je ne m’étais pas senti aussi vivant depuis de trop longues années.</p>
<p>— Oh… Il est beau ce sourire, Tonton, dis donc. Tu n’es pas triste d’avoir vu partir Toyo et Hugo sans toi ?<br />
— Non. Ils vont bien ensemble. Ils sont même assez bien assortis, je trouve. À part peut-être les dimensions…</p>
<p>On a rigolé bêtement.</p>
<p>— Retour à la ferme ?<br />
— Yep. En avant, chauffeur.</p>
<p>C’est à ce moment que mon téléphone a vibré alors que je m’apprêtais à le remettre dans ma poche. Henri. Henri et la logistique. Henri et la mesure.</p>
<p>— Changement de programme, Bouclette : on fait le crochet par la grotte de Bonaventure.<br />
— Oki Doki.<br />
— Léo…<br />
— Oui ?<br />
— Tu démarres <em>doucement</em>.<br />
— …<br />
— Quoi ?<br />
— Rien.<br />
— Quoi ?<br />
— Je t’aime, Tonton. Tu le sais. Mais… Tu n’as pas sa classe.<br />
— Jeune ingrate.</p>
<hr />
<p>Bon sang ce qu’on en a sué avec ses valises plombées ! Henri n’a pas du tout apprécié ma réflexion comme quoi il avait oublié d’emmener son frigo. Mais comme il n’était pas très fier non plus, bien chambré qu’il a été par les filles ce midi et tout le long du trajet, il n’a rien trouvé à rétorquer. Il boude. Juste, il boude. En tout cas, heureusement que la gare de Bourg-en-Bresse est rikiki. Ça risque d’être une autre histoire en arrivant à Paris. J’en connais un qui va bien râler dès qu’il aura fini de se foutre de nous. D’ailleurs, il valait mieux prévenir Alexeï tout de suite, tout de même.</p>
<blockquote><p>Yo, Ruskoff ! On a réussi à tout charger le bordel d’Henri dans le train, qu’on n’a même pas loupé, dis donc ! Par contre, pour la récupération en Gare de Lyon et la navette pour CDG, j’espère que tu as prévu une fourgonnette. :’D Bises baveuses du Polack.</p>
<p></p></blockquote>
<p>Il fallait cependant que je m’assure d’un tout dernier point auprès d’Henri, avant que notre TGV démarre.</p>
<p>— T’as bien pensé à prendre ta serviette avec toi<sup>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/pas-de-panique#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ?<br />
— Toujours ! Tu as la tienne ?<br />
— Yup.<br />
— Alors on est parés pour le départ ?<br />
— On est même partis, là.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/pas-de-panique#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] J’adore ce film !</p></div>
À nous la Corse
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2020-09-16T18:21:00+02:00
2020-10-01T15:05:44+02:00
Vernon Tardif
<p>J’ai, je crois, un peu le vertige. Je suis venu pour un bouche-trou. Je repars avec une famille toute neuve, des projets un peu fou et une bonne occasion de casser la tirelire. Sonnez vin chaud, résonnez raquettes. Je crois que je suis prêt. Je crois qu’il faut y croire, comme l’autre qui croyait que <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Z3b2oKXV0zs">Dieu croyait en lui</a><sup>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/a-nous-la-corse#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Va falloir expliquer ça à Môssieur Samir, qui me tire la tronche parce que j’ai dû décliner le poste qu’il m’avait trouvé pour la rentrée. Qui <em>doute</em>, très ouvertement, des gens que j’ai choisis. Cinq ans de plus que moi, et il se figure qu’il doit me protéger contre un monde hostile. Il me ferait penser au Toni de Natou. Toujours à lui dire de se méfier, que les gens ne sont pas <em>gentils</em>, en vrai. Mais c’est Monsieur Côme qui a raison. Il faut prendre soin de ceux qu’on aime et ne pas s’oublier en route. Et il y a maintenant, ici, un paquet de gens dont je dois prendre soin. Je me suis fait apprivoiser, on dirait bien.</p>
<p>Et j’y crois. Il faudra qu’il y croie aussi, mon gars Samir, ou nos routes risquent de se séparer. Et ça me ferait bien ch…</p>
<hr />
<aside><p><code>De : vernon.a.lheure@libre.fr</code><br />
<code>Pour : samir.lami@chaudcourrier.fr</code><br />
<code>Objet : Ma chambre est prête ?</code></p></aside>
<p>Mon Sam,</p>
<p>J’ai les billets, on ferme demain avant de préparer la suite. Je pense que tu as compris que je ne reviendrai pas en arrière. Je vais m’implanter ici. Je m’y sens bien. Bien entouré. Bien montagné.</p>
<p>Si on m’avait dit que je préférerais un coin perdu du Jura au bord de mer, j’aurais rigolé, il y a deux mois. Il y a une place ici pour toi, mais je risque de devenir ton patron, fais gaffe ! Bref, on en parle dans deux jours quand je serai arrivé. Bisous partout.</p>
<p>Vern</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/a-nous-la-corse#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] j’adore ce film</p></div>
J'ai fait mes valises
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2020-09-16T11:36:00+02:00
2020-09-16T11:36:00+02:00
Henri Bonaventure
<p>Fin valab’ !</p>
<p>C’est décidé et puis aussi il a décidé. Départ pour le caillou avec le gars Gaston dans mes bagages, ou l’inverse d’ailleurs mais c’est idem, avec billet open réservé pour le retour, si jamais on avait envie de prolonger ou de se casser à peine arrivés.</p>
<p>Inutile de dire que je suis soulagé de ne pas y aller seul, surtout que j’envisage plutôt quelques déceptions dans mes recherches vu le peu d’éléments que j’ai à ma disposition pour trouver un fil à tirer. On commencera par l’État-civil à Nouméa et ensuite…</p>
<hr />
<p>J’ai pris le temps de siroter mon café tranquillement ce matin après avoir prévu large question fringues à emporter. C’est bientôt la saison des pluies là-bas, surtout si on s’attarde un peu, alors j’ai prévu de l’étanche mais léger — il fera chaud quand même.</p>
<p>Et puis j’ai préparé une liste. Une liste avec des choses à faire pour mes recherches, et puis des choses à voir, si on peut, et puis des choses à rapporter, si c’est possible ; j’aimerais beaucoup trouver un deuxième hamac pour faire sieste à plusieurs à côté du lac, au printemps prochain. Ça serait bien !</p>
<hr />
<p>Juste avant de donner un tour de clé dans ma serrure, je me suis assis une minute pour souffler, sur mes grosses valises devant la porte ; une vieille tradition russe que Natacha avait l’habitude de pratiquer. Pas idiot, ça permet de laisser retomber un peu le soufflé avant de le dévorer…</p>
<hr />
<p>Allez, il est l’heure, enfourchons notre fier destrier et … Oh ! Merde !<sup>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/j-ai-fait-mes-valises#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> Les valises, ça tiendra jamais sur le porte-bagage !</p>
<p>— Allo Gaston, finalement, je vais avoir besoin d’un camion…<br />
— Casses pas la tête, j’arrive !</p>
<p>Fin valab’ !</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/j-ai-fait-mes-valises#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] J’adore ce film !</p></div>
Au revoir et à bientôt
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2020-09-16T11:11:00+02:00
2020-09-16T11:11:00+02:00
Natacha, dite Natou 13
<p>- Bé, je vous connais ! Oh Natou, c’est le beau jeune homme dont je t’ai parrrlé, qui m’a emmené en trrracteurr ! Alors c’est vous Sébastien ! C’est à cause de vous que ma fille ne veut pas rrentrrrer à Marrrrseille !<br />
- Mamouch !<br />
- Quoi ? Je plaisante, ça va ! Depuis quand que tu prrrends tout sérrrieux ! Et alorrrs vous l’aimez ma Natou ?<br />
- Oui.<br />
- Bé voilà qui est bien parrrlé ! Et vous voulez la marrrier ?<br />
- Mamouch !!!!<br />
- Quoi ? J’ai bien le drrroit de demander ses intentions !<br />
- Non ! T’as pas le droit ! Ça te regarde pas ! C’est ma vie ! Peu chère ! J’en ai ras la pomponnette ! T’es la depuis deux jours et tu te mêles de tout ! C’est pour ça que je reviens pas à Marseille ! Pour avoir la pé !<br />
- Fatche ! Voilà qu’elle est en colèrrre ! Tout le porrrtrrrait de son père ! Viens ma nine ! Qu’on se câline ! Allez, d’accorrrd je me mêle plus. Prrromis !<br />
- Tu n’y arriveras jamais.<br />
- Bé, je te prrromets d’essayer ! Parrrdon Sébastien ! Je suis comme ça, je suis frrranche ! Je vous ai pas mis mal à l’aise ?<br />
- Vous casser pas la tête pour ça.<br />
- Fan vous avez un drrrôle d’accent ?<br />
- Oui ? Le jura sans doute.<br />
- Bé Mamouch, viens, on va te faire visiter la ferme.</p>
<p>Sébastien a été super ! Il lui a tout fait visiter, il lui a tout expliqué, tous les projets qu’il avait ! Oh fan ! Ma mère, elle est restée baba !</p>
<p>- Bé, vous m’avez l’airrr d’un passionné vous !<br />
- Oui, c’est vrai. J’aime vivre ici, dans la nature avec les bêtes, j’aime partager tout cela.<br />
- Comme vous aimez ma fille ! Tsé ! Vaï, ça se voit l’amourrr entrrre vous ! Y a pas besoin d’êtrre madame Irrrma pour voirr que vous êtes félin pour l’autrre ! Bé je vous laisse causer un peu en amourrreux, je vais barrrjaquer avé ton père !</p>
<p>Quand on s’est retrouvé tous les deux y m’a dit :</p>
<p>- Elle est amusante ta maman.<br />
- C’est vrai, elle est drole ! Enquiquinante et drole ! J’arrive jamais à lui en vouloir ! Elle m’escagasse, mais c’est Mamouch quoi ! Et je l’aime té !<br />
- Tu sais, j’aurai pu répondre à sa question facilement, ça ne me gênait pas.<br />
- Bé, je préfère que tu me le dises à moi qu’à elle et j’ai même pas besoin que tu le dises maintenant pace que j’ai confiance.<br />
- Natou, mon petit renard apprivoisé… Tu sais, J’ai discuté avec mon père et sa femme… Et si tu veux… tous… et moi plus encore… ça nous ferait plaisir de t’accueillir ici. Que tu viennes vivre avec nous quand tu veux… aujourd’hui, demain, tu décides. Et au printemps prochain, je commencerai des travaux d’aménagement de la maison et comme ça, on pourra avoir notre chez nous. Mon père et sa femme prendraient cette partie-là, et nous celle-ci. Qu’est-ce que tu en dis ?<br />
- Tu me demande de venir vivre avec toi ?<br />
- Oui.<br />
- Bé ! J’en rêve tu sais ! Vré de vré ! ça me fait plaisir.<br />
- Ohoh, je sens un « mais » pointer le bout de son nez.<br />
- Bé, je crois que je prefèrerai qu’on reste encore un peu comme ça. Je vais avoir une chambre au café des sapins et j’aime bien avoir mon petit chez moi, mon petit territoire rien qu’à moi. Alors peut être que quand la maison sera aménagée, se sera le bon moment. Mais là, peut-être c’est trop tôt.<br />
- Tu sais que je t’aime toi !<br />
- Vi, je sais ! Et je t’aime aussi !</p>
<p>On est resté comme ça, à se serrer dans nos bras, c’était calme, ça m’a fait du bien ! Et puis Mamouch est revenue !</p>
<p>- Vé ! Salette ! Comme y sont mignons les amourrreux !</p>
<p>On a quitté la ferme, on est reparti en vélo, comme on était venu. Faire du vélo avec Mamouch, c’était drole ! on a fait les fifolles ! Oh fan ! On a rigolé comme ça faisait des siècles que ça nous était pas arrivée ! Je me suis pensée que Mamouch, elle avait pas eu une vie facile mais qu’elle avait toujours su rire !</p>
<p>On a fait une pause près de la rivière. Elle a dit :</p>
<p>- Bé, tu sais, c’est beau ces montagnes ! C’est pas la méditerrrranée mais c’est beau. Ça me rrappelle…<br />
- Oui ?<br />
- Non, rrrien, c’est trrrop loin tout ça !<br />
- …<br />
- Et puis, les gens ici, y ont l’airrr de t’aimer beaucoup<br />
- …<br />
- Et pi Sébastien ! Je l’aime bien. Il est beau té ! Pi l’a l’airrr gentil ! Te ferrra pas de mal celui-là !<br />
- …<br />
- Et pi, tu sé, je voulais te dirrre que je suis fièrrre de toi, Natochka. Tu es mon rrrayon de soleil depuis toujourrrs et je vois bien qu’il est temps que tu ailles brrriller ailleurs, je peux pas fairrre l’égoïste et te garrrder pourrr moi, sinon, je sé que tu vas t’éteindrrre ! Mais Fatche ! Tu me manques tellement tu sé ! Hoï, j’ai une poussièrrre dans l’œil ! Je pleurrre pas ! Je suis heurrreuse !<br />
- Oh Mamouch ! Je t’aime tu sé !<br />
- Oui, je sais ma nine ! Et j’aurrrai dû te le dirrre plus, mais je sé pas bien dirrre ses choses-là. C’est toi qui m’apprrrends maintenant ! Je t’aime aussi.</p>
<p>Bé ! On a pleuré dans les bras l’une de l’autre ! C’était bon ! Et pi on a ri ! Et pi elle est retourné à Pollox et je suis retournée à l’auberge.</p>
<p>Ce matin. Je fais mes valises et j’emmène mes affaires au café des sapins, Henri va encore m’aider à déménager ! Salette, il doit les maudire mes valises ! Ma mère repart demain à Marseille et moi je commence à travailler dès Samedi.</p>
<p>Hier les clients sont partis, petit à petit comme les oiseaux quittent le nid.</p>
<p>J’ai des images plein ma teste ! Des visages, des que je reverrais peut être jamais, quoi que je suis sure qu’ils seront fidèles à l’auberge ! Mé la vie des fois, elle ne nous permet pas de se revoir. Bé, c’est pas grave, ils sont tous dans ma teste et dans mon cœur, bien présent et ça la vie peut pas me le reprendre !</p>
<p>Et vous mes folovers ! Je vous quitte aussi. Demain commence une nouvelle nouvelle vie ! Et je sé pas, je crois que j’ai envie de tourner la page. Merci hein ! Vous écrire, toutes ces semaines, ça m’a fait du bien. Et vos petits mots aussi. Vé ! Vous aussi, je vous emporte dans mon cœur. Vous y serez bien au chaud, promis !</p>
<p>Avanti ! Une nouvelle aventure commence ! C’est ça la vie ! Non ?</p>
Une goutte dans l'océan
urn:md5:32c87a026d523f78372291ec2dcd0966
2020-09-16T10:19:00+02:00
2020-09-16T12:27:59+02:00
Hugo Loup
<aside><p><em>Mood musical : <a href="https://youtu.be/gvUv99tT8jU">Ocean in a Drop – GoGo Penguine</a></em></p></aside>
<hr />
<p>Après mon rituel, j’ai téléphoné à mes parents. Je leur ai dit pour mes projets à Saint Claude, mon logement. Ils ont été surpris. Et mon père a dit cette chose qui m’a fait gonfler le cœur. “<em>Nous savons que tu veux te débrouiller seule. Que tu en es tout à fait capable. Sache que nous sommes là. Pour t’aider mais aussi pour partager le bon.</em>” Je suis heureuse. Nous allons pouvoir passer du temps ensemble. Pas rattraper puisque le passé est derrière nous. Nous allons pouvoir construire quelque chose de nouveau. Ensemble. Avec nos différences. Parce que j’ai compris que des parents ont aussi des secrets, qu’ils font de leur mieux. Quelqu’un m’en a fait prendre conscience.</p>
<p>Dans la matinée, j’ai rencontré Mela au bord du lac. Je me suis assise près de lui. Je l’ai remercié pour ce moment si particulier à la clairière. Il a été surpris. <br />
— C’est moi qui te remercie pour l’aide que tu as apportée à Julia. Que tu nous as apportée. <br />
— Ce fut un plaisir de rendre service, Mela. <br />
— C’est bien plus que ça. Mon vrai nom est Raphaël. Raphaël Andrianapoulos. Mon père avait de lointaines origines grecques, très présentes puisque ce rebétis jouait du bouzouki. <br />
— Le bouzouki je connais mais pas ce qu’est un rebétis… <br />
Il m’expliqua en quelques mots, avant de reprendre le fil de son histoire personnelle. <br />
— J’avais perdu la mémoire. En fait c’était plus que cela. Un envoutement. Puissant. 15 ans durant. J’aime Julia. Nous avons une fille. Nous repartons en Bretagne ensemble. Les autres vont bientôt arriver. <br />
— Tu as l’air si… <br />
— Vivant ? Je le suis. Prêt à vivre ! <br />
— Je suis heureuse pour toi. Pour vous. <br /></p>
<p>En rentrant, Julia m’a invité à déjeuner avec eux. Eux c’est elle et Mela, heu… Raphaël, mais aussi Yves, Aziliz et Maël. Trois membres de la famille de Julia. Ils partiront tous ensemble. <br />
Juste avant de se séparer, Julia m’a tendu une carte de visite du Manoir, là où elle habite en Bretagne. En échange j’ai inscrit mon adresse mail sur un bout de papier. J’irais certainement les voir. Je le sais. Je crois que nous avons des conversations en attente. D’autres moments à partager. Peut-être pourrais-je alors lui dire combien nos deux rencontres autour des tambours m’ont apportée. Elle doit être un peu magicienne Julia. Pour moi elle restera une chamane. C’est une image puissante et qui me parle.</p>
<p>Après le déjeuner j’ai commencé à rassembler mes affaires. En prenant le livre destiné à mon voyage jusqu’à Berlin, le train jusqu’à Lyon, l’attente du bus de nuit, en prenant le livre du poète persan Rûmi, une feuille froissée, pliée en quatre est tombée. Une page arrachée du carnet, écrite il y a 34 jours. Un soir d’insomnie. J’y ai lu mes doutes et mes peurs <br /></p>
<blockquote><p>Ballotée, heurtée, malmenée, en proie à des désirs, des espoirs, des regrets. Je ne sais plus ce qui doit être fait. Je ne sais pas comment cela doit être.</p></blockquote>
<p>Mon ressenti d’alors était <br /></p>
<blockquote><p>Je suis une goutte d’eau. Petite et minuscule goutte d’eau, si nécessaire, si belle dans sa perfection, quand elle se distingue de ses compagnes.</p></blockquote>
<p>Pour finir <br /></p>
<blockquote><p>Laisser alors les larmes glisser, doucement, sans bruit aucun. Laisser partir la peine, la solitude, l’âme à vif.</p></blockquote>
<p>J’ai pu mesurer toute la route parcourue. Je suis plus sereine. J’ai quelques certitudes. Je sais, qu’inévitablement j’aurais de nouveau des passages plus difficiles. Peut-être bien de nouveau ce sentiment d’être un fétu de paille sur l’océan, comme cette nuit-là. Je sais aussi que les doutes participent à notre évolution. Savoir se remettre en question. Savoir faire des choix. Savoir en assumer les conséquences. Savoir qu’il est possible de changer de direction, corriger la trajectoire en somme.</p>
<p>Oui j’ai muri durant ce séjour dans le Jura, dans cette auberge où je me suis senti un peu comme… Chez moi ? Ce n’est pas vraiment le bon terme mais c’est ce qui se rapproche le plus de mon ressenti. <br />
J’ai muri, je me suis un peu ouverte aux autres. Je suis devenue femme. J’ai pris, repris ma vie en main. Sans doute plus déterminée que jamais. J’ai découvert une patience dont je n’avais qu’un bref aperçu. L’envie, la nécessité, je ne sais au juste, de prendre la vie comme elle vient. C’est ce que j’ai fini par faire ici. Cela m’a plutôt bien réussi.</p>
<p>Le livre de Rûmi est près de moi. Je l’ouvre au hasard et je lis</p>
<blockquote><p>You are not a drop in a ocean. You are the entire ocean in a drop.</p></blockquote>
<p>Je vais refermer ce carnet pour l’instant et aller jusqu’à la clairière. Une dernière fois. Non, j’y reviendrais en octobre, lorsque l’automne sera installé. L’automne, ma saison préférée, celle où je suis née. 秋 aki. Celle de la chute des feuilles, du momijigari <sup>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/une-goutte-dans-l-ocean#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<hr />
<p>Nous nous sommes retrouvés avec Gaston, dans la clairière. Celle que j’ai appelée la clairière de Gaston. Nous y avons passé une partie de l’après-midi. Seuls. Nous y avons été mâle et femelle. Laissant nos sens nous emmener dans un tourbillon. Percevant ce qu’il y a de plus animal en nous. Nous abandonnant l’un à l’autre. En harmonie avec la Nature. <br />
Nous nous sommes comme réfugiés dans la cabane. Retrouvant cette humanité faite de tendresse, de sensibilité, d’attentions. Savourant ces instants l’un contre l’autre, dans la chaleur de l’été finissant. <br />
Nous nous sommes promenés, tranquillement. Et je m’emplissais de cette Nature. Celle avec qui j’avais l’intention de renouer en venant ici, il y a près de deux mois. Je n’arrive pas à me dire que cela ne fait que 56 jours que je suis dans le Jura. 56 jours… Je m’emplissais de ces images, de ces odeurs, de ces bruits. Je savais que je reviendrais de nouveau me ressourcer ici. Même si j’allais découvrir une autre forêt, tout près de mon premier logement à moi. J’avais hâte d’y être, aussi spartiate qu’il soit. <br />
Je m’emplissais de Gaston dans cette forêt. Dans son élément. C’est cette image qui est la plus forte en moi.</p>
<p>J’écris tandis qu’il dort paisiblement dans cette chambre de l’auberge. Pour ma dernière nuit ici. Notre dernière nuit d’été. Je sais qu’il y en aura d’autres. Tout me laisse avoir confiance. Dans quelques instants j’irai le rejoindre. Je sentirai sa peau. Son odeur, sa douceur, sa chaleur. Je me blottirai contre lui. Il m’attirera à lui, au creux de ses bras, instinctivement, comme il l’a fait déjà. Et là, je me sentirai protégée et forte. Plus forte que jamais. Forte de ce que son regard me dit. Forte de ce que son corps me dit. Forte de ce que nous sommes, ensemble. <br />
Cette force qui m’a aidé à progresser sur mon chemin, qui m’a aidé à être moi-même. Je suis forte. Je fais toujours face à la vie, même avec mes doutes et mes peurs. Même si je chancelle de temps en temps. Même si je m’écroule parfois. Cette force que je ressens au creux de ses bras n’a rien à voir et tout à voir en même temps. Je ne me sens pas m’accomplir à travers lui. C’est un plus. Ce petit plus magique qui est grand. Qui me grandit.</p>
<p>Le petit matin nous cueille. Au creux du lit nous continuons à nous apprendre, à nous découvrir, alors même que nos gestes savent l’autre. Profiter de ces instants. Profiter encore et encore. Avant de repartir dans le flot de la journée. Et vivre nos derniers instants ensemble. <br />
Je garde en moi tous ces moments. Nos rires, nos discussions plus sérieuses, les futiles et les légères. Dans un moment nous descendrons petit-déjeuner. Cette fois nous ne le préparerons pas de concert, nos gestes en harmonie. Il y en aura d’autres, je le sais. <br />
Il est sous la douche. Mes affaires sont prêtes. Il ne me reste plus qu’à prendre la mienne, revêtir treillis et t-shirt blanc, chausser mes rangers, ranger mon carnet, fermer mon sac…</p>
<p>Avant de partir, j’irais une dernière fois au bord du lac. Puis j’irai rendre les clés et régler ma note. Je remercierai Mme Lalochère pour… tout. Les chambres accueillantes, la cuisine savoureuse et inventive, le personnel dévoué. Tout. Et le carnet. Oserais-je lui dire ce qu’il m’a permis ? <br />
Je ne suis pas triste de partir. Je suis heureuse et sereine. Ici, j’ai trouvé le chemin que je vais suivre pendant un moment… jusqu’au prochain carrefour.</p>
<p>Il sera alors temps de retrouver mon chauffeur non sans avoir donner un dernier coup d’œil sur les environs.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/16/une-goutte-dans-l-ocean#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] 紅葉狩りchasse aux feuilles rouges, celles de l’érable, le pendant de l’hanami, au printemps, lors de la floraison des sakuras</p></div>
well well well
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2020-09-16T10:01:00+02:00
2020-10-04T16:10:02+02:00
Julia Ricci
<p>Lundi</p>
<p>Il est chou Raphaël, pendant que je récupérais mon énergie, il a pensé à passer à la cuisine demander un panier pique-nique … et c’est vrai que j’avais la dalle en me réveillant.</p>
<p>Et c’est en le voyant comme ça, empressé à son habitude, … son habitude d’il y a 15 ans que … je … sais pas, j’ai une foule de questions qui commencent à tourner dans ma caboche.</p>
<ul>
<li>Comment va-t-il prendre le fait que depuis 15 ans, y’a un peu d’eau qui a coulé sous les ponts, j’ai pris de l’âge et de l’expérience …</li>
<li>Croit-il réellement qu’on va reprendre notre vie comme avant la naissance de Maéla ?</li>
<li>ll a sa place, c’est sûr, mais est-il prêt à n’avoir que ce qu’il restera après la Tribu et après Maéla ?</li>
</ul>
<p>S’il n’aborde pas la question de lui-même, je le ferai au dîner</p>
<hr />
<p>Il a dû avoir eu le temps de réfléchir. Il m’a juste écoutée en acquiesçant de temps en temps.</p>
<p>Il a hâte de faire connaissance de sa fille. Il ne veut pas me perdre maintenant qu’il m’a retrouvée.</p>
<p>J’ai pas trop envie qu’il s’éloigne non plus. On a convenu de partir ensemble pour Ploumanac’h demain. Et après … advienne que pourra !</p>
<hr />
<p>Quelle journée ce mardi !
Il y a eu ce réveil matinal, très matinal. Rangement des chambres, descente des bagages dans la réception. Un jour je voyagerai léger, un jour … et puis Raphaël a disparu au bord du lac avec Hugo. Je sais qu’il veut la remercier pour l’avoir aidé à “revenir à la vie”.</p>
<p>Check out, je demande s’il est possible de déjeuner avant de partir, pour 5 ou six personnes.</p>
<p>On me répond que oui bien sûr, on vous garde la grande table !!! Mais bon sang que j’aime ces gens, et que j’adore cet endroit, on dirait qu’il n’y a jamais rien d’impossible ici !!!</p>
<hr />
<p>Yves, Aziliz et Maël ont débarqué en milieu de matinée. Heureusement Raphaël m’avait aidée à tout descendre, du coup on n’a plus eu qu’à charger les 2 voitures, mon gros sac à dos a pris ma place assise, rempli des munitions de bouche que j’ai demandées à la cuisine hier soir pour le trajet (ben faut bien ça hein on va faire au moins 3 pauses, et on est 5 !!).</p>
<p>Je leur ai fait un rapide topo de la situation, Yves m’a félicitée de mon utilisation des pierres. Il m’a aussi demandé de lui confier celles que j’avais données à Raphaël, pour qu’il essaie de les soigner.</p>
<hr />
<p>Autour de nous les gens vont et viennent, pressés.</p>
<p>Yves et Aziliz confèrent, l’un sur sa carte papier, l’autre avec son GPS, sur le meilleur chemin à prendre lorsque Raphaël reparait avec Hugo. Comme on est à 2 doigts d’aller manger, je lui propose de se joindre à nous, ce qu’elle accepte d’un sourire lumineux.</p>
<p>Et puis, départ. Aziliz et Yves au volant, Maël en copilote d’Yves (oui Aziliz a un GPS, donc elle sait se débrouiller seule, Yves a une carte … en papier !! ), Raphaël enfourche sa Harley bleu turquoise, je me cale au dessus des sacoches, un dernier regard en arrière, un signe de la main pour ceux qui restent. Hugo a encore en main la petite carte du Manoir que je lui ai laissée, j’espère tellement qu’elle pourra passer nous voir !</p>
<p>La journée sera belle.</p>
<p>So long Pollox, c’était bien ! Et même plus que ça <3</p>
The End / Et puis… log.
urn:md5:b039b24e087ec9452a03fb16d45c245a
2020-09-16T09:15:00+02:00
2020-10-04T09:21:24+02:00
June East
<p>On dit que juste avant de mourir, on voit sa vie défiler devant ses yeux en une seconde.</p>
<p>Éric n’avait pas voulu rentrer directement à Paris. Rouler de nuit, avec la fatigue. Déjà qu’il se reprochait de prendre une femme enceinte sur sa Harley… Il mit le turbo vers Genève sous un magnifique soleil couchant. Du monde sur l’autoroute. Ce trajet n’en finissait pas. Nous aurions dû rester à l’auberge et ne partir qu’au matin. Mais Pollux souhaitait ma signature sur un nouveau contrat. Fin des vacances, retour à la vie réelle. Les lumières des phares des véhicules en sens inverse m’éblouissaient. Je fermai les yeux et luttai pour ne pas m’endormir.</p>
<p>Dans mes rétines, j’ai vu défiler notre rencontre, le 2 juillet, quand j’ai ouvert la porte de la chambre 17 sur lui après avoir mis la musique à fond exprès pour le faire venir à moi. J’ai vu notre virée à Genève, quand je me suis calée tout contre lui sur sa moto pour la première fois. Je l’ai revu me présenter Pollox qui a changé ma vie professionnelle en devenant mon agent. J’ai revu Gabin, j’ai revu Morgan. J’ai vu quand j’ai quitté sa chambre au petit matin après notre première nuit ensemble. J’ai vu ma tristesse d’être seule à Paris alors que lui était resté à l’auberge. J’ai revu l’ivresse d’un week-end quand il est venu quelques jours chez moi. J’ai revu mon retour-surprise dans le Jura. J’ai vu que je tombais amoureuse en le regardant écrire ses scénarios, stylo dans une main, cigare ou whisky dans l’autre. Je nous ai revus lire Albert et Maria. J’ai revu nos balades, nos ébats, nos rires. J’ai revu cette journée romantique à Saint-Claude. J’ai vu nos taquineries. Je l’ai revu gazouiller devant un bébé. Je me suis vue courir comme une folle autour du lac avant d’acheter tous les tests de grossesse du Jura. J’ai vu notre joie. Je l’ai vu au piano. Je l’ai revu me présenter comme sa femme. J’ai revu notre départ de l’auberge aujourd’hui même pour Genève. Je l’ai revu se retourner vers moi sur le parking comme s’il essayait de me demander quelque chose sans y parvenir. J’ai revu cet interminable trajet vers la Suisse. J’ai revu notre dernier éclat de rire quand le réceptionniste du Grand Hôtel nous a attribué la chambre 17. Dans celle-ci, je l’ai vu poser son genou à terre après une merveilleuse déclaration d’amour. J’ai revu tout ce qu’il a fait pour moi depuis le premier jour. <s>J’ai vu</s> Je vois notre regard vers l’avenir.</p>
<p>Je ne sais pas si on revoit sa vie avant de mourir. Mais pour les états d’esprit proches du paradis, j’en ai maintenant la certitude.</p>
<p style="text-align: center;">« Oui ! »</p>
<p>Bien sûr que je voulais être « sa Lauren pour la vie » et qu’il pouvait me « siffler chaque heure du jour et de la nuit ». La réponse est sortie toute seule, sans la moindre hésitation. Comme une évidence.</p>
<p>« Pas d’enfant, pas de mariage », qu’elle disait ! Trois mois dans le Jura avaient suffi pour que je renonce à deux de mes piliers. Je ne me sentais même pas en déséquilibre puisqu’ils avaient été remplacés par Éric et ce petit-bout-de-nous qui poussait désormais en moi.</p>
<p>Pour deux personnes qui devaient se reposer avant de prendre la route pour Paris le lendemain, la nuit fut encore épique…</p>
<hr />
<p>Pas un son dans cette chambre de palace sur le Léman. La lumière du matin filtre à travers les voilages des fenêtres. Éric dort du sommeil de l’enclume. Le repos du guerrier après avoir été un merveilleux compagnon d’armes. Je ne lui exprimerai jamais assez ma gratitude. J’ai les yeux ouverts. Sereine. Heureuse.</p>
<p>Il faudra que je remercie encore Jeanne (et son “grand-personnel”) d’avoir créé le cadre idyllique pour cette rencontre. Je repense à notre séparation d’hier soir, nous étions toutes deux un peu gênées en nous embrassant. Comme deux nouvelles copines qui après un fol été se font la promesse de se revoir sans savoir si elles pourront l’honorer vraiment…</p>
<p>J’attrape mon téléphone sur la table de chevet.</p>
<blockquote>
<p><u>SMS à SuperJeanne</u> :<br />
Dis, j’ai oublié de te demander un truc.<br />
Vous faites les mariages à l’auberge ? 🤵💍👰<br />
😉</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p><u>SMS à Comtesse AKvA</u> :<br />
Chère Ann-Kathrin, Cher Akikazi,<br />
Il se pourrait que la presse people remette Éric en couverture. 🤵💍👰<br />
Il est bon le champagne vénitien ? 🥂🍾</p>
</blockquote>
<blockquote>
<p><u>SMS à CoupineNatou</u> :<br />
Éric a posé une question. 🤵💍👰<br />
Et j’ai répondu « Oui ».<br />
Tu n’es pas obligée de faire la cocotte-minute.<br />
J’ouvre la fenêtre pour voir si on t’entend hurler de joie jusqu’en Suisse.</p>
</blockquote>
<hr />
<p>Il est si beau.</p>
<p>Je le réveille ou pas ?</p>
<p>J’ai envie d’entendre le son de sa voix.</p>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=vNsEEvRMtGI" title="Love of My Life, par Queen">É. <3 É.</a></p>
<p>:-*</p>
Le goût de l'écriture
urn:md5:d8d6995177f239f59488d9cebc6be0d1
2020-09-16T06:00:00+02:00
2020-09-16T06:00:00+02:00
Irène-Aimée de Lavernhe
<p>Cette fois, c’est bien la fin du séjour. Ce départ ne sera suivi d’aucun retour. Au revoir Pollox, au revoir l’auberge. J’ai laissé derrière moi Jeanne, Adèle, Henri, Vernon, Natou, tous ceux qui restent, les souvenirs des résidents que j’ai croisés.</p>
<p>Le carnet de Jeanne est resté vide pendant ce deuxième acte. Ce n’était pas mon projet initial. J’étais revenue avec, en tête, l’idée de rédiger l’histoire de Maximilien de Lavernhe. Les circonstances ont fait que je me suis concentrée sur mon avenir professionnel. Je repars inscrite à deux concours de la fonction publique, avec un programme de révisions presque établi pour le premier. Les repas et les pauses entre deux plages de travail m’ont laissé du temps pour croiser des pensionnaires, offrir son cadeau à une Adèle ravie, observer le bonheur d’Eric Javot et de June East, ainsi que de Calliste et de son ami.</p>
<p>Je n’ai pas pu partir sans tourner une dernière fois autour du lac, en repensant aux quelques rencontres que j’ai réussi à faire, à toutes ces personnes que je n’ai pas osé approcher. À la gentillesse du personnel. Au confort simple des lieux.</p>
<p>Les carnets sont rentrés avec moi en Alsace. Ils ont pris place aux côtés des cartons de mon grand-père. Lucille a prévenu mes parents qu’elle me les avait prêtés. Les cartons n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Les carnets m’ont, malgré tout, donné le goût de l’écriture.</p>
yapuka
urn:md5:587cd0dc1a9382ff7998b2d6fd2a661e
2020-09-15T22:40:00+02:00
2020-10-02T08:06:12+02:00
Charlotte Naudet
<blockquote><p>
CHARLOTTE NAUDET <charlottenaudet78@gmail.com></p>
<p>
22:34 (il y a 49 minutes)</p>
<p>
À ChefJanette@aubergedesblogueurs.com</p>
<p>
Bonsoir Janette,</p>
<p>
J’ai vu avec Marianne. Aucun souci pour nos sessions de coaching cuisine régionale en visio.
Nous serons de retour mi-octobre le temps de déménager provisoirement dans un appartement de Pollox. Marianne a commencé à sélectionner nos futures visites. On a parlé au café des Sapins de la future garde de Côme. Elle a des noms de nounous pour nous.</p>
<p>
J’ai contacté le chef dont tu m’as parlé: on va se faire quelques séances cuisine régionale en attendant que l’on se retrouve.</p>
<p>
Ce séjour devait nous changer de la vie parisienne: il a rempli tous ses objectifs.
Un nouveau boulot, un nouveau lieu de vie.</p>
<p>
J’ai donné tous les renseignements pour l’embauche dans une enveloppe à l’accueil à l’intention de Jeanne mais elle a toutes mes coordonnées dans la réservation.</p>
<p>
A bientôt</p>
<p>
Charlotte</p></blockquote>
<p>Mail Janette Fait</p>
<pre></pre>
<p>Renseignements Jeanne Fait</p>
<p>Mails parents fait (ok presque fait on a dit qu’on y réfléchissait pas que l’on avait décidé)</p>
<p>Message laissé à l’agence (pas bête de mettre en location et de garder le studio le temps de finir de le payer; Option pour les études parisiennes de Côme s’il a envie )</p>
<p>Reste</p>
<p>Trouver un déménageur</p>
<p>Contacter Pole emploi (Congé maternité licenciement un boulot bientôt c’est pas clair sur ce que je dois faire)</p>
<p>Trouver un logement (Marianne est au taquet. Son téléphone reçoit des notifications en permanence)</p>
<p>Trouver une nounou (Parait qu’il y a même une crèche associative, à voir)</p>
<p>Acheter des fringues ! Je suis allée voir les températures hivernales !!</p>
La dernière scéance
urn:md5:65e2b3a78008510c12df316208833e67
2020-09-15T18:00:00+02:00
2020-10-31T21:19:07+01:00
Éric Javot
<p>On avait l’accent de Marseille de Natou, on avait eu l’accent russe de feu le comte, mais le mélange des deux, c’est comment dire…</p>
<p>Hier matin, avec Élisa, on était dans le patio. C’était juste avant le déjeuner, on allait se lever quand elle nous est tombée dessus !</p>
<p>- Té, je vous connais vous ! Vé, je vous ai vues à la télévision avé Drrruckerrr !</p>
<p>- Ah oui, c’est possible, vous voulez un autographe ?</p>
<p>- Il est fada lui, quesque tu veux que j’en fasse, mais si tu en as un de Drrruckerrr, té, je veux bieng ! oh fatche ! Dites voirrr je manque à toutes mes éducations ! Je ne me suis pas prrrésentée ; Adrrriana Alestrrra, la maman de Natou, Natacha, vous savez la serrrveuse !</p>
<p> </p>
<p>On s’est regardé avec June, on a eu du mal à réprimer un éclat de rire, telle mère telle fille !</p>
<p> </p>
<p>- Enchanté, moi c’est Éric Javot et voici ma femme, Élisa.</p>
<p>- Ah ben non, je cherrrche mais je ne vois pas, vous faites quoi pour êtrrre chez Drrruckerrr ?</p>
<p>- Moi je fais des films, « La bidoche » par exemple qui est passée à la télé la semaine dernière sur TF1 et Élisa est actrice…</p>
<p>- Té, mais oui, je l’ai vu dimanche, qué rrrigolade, surtout la scène où le grand fada, là il veut expliquer à Deparrrdiou qu’il veut marrrier sa fille ! Mais dites alorrrs ? Si vous êtes connus, je les veux bien les autogrrraphes finalement ! Mais en vrrrai, je voudrrrais vous demander, ma fille, elle trrravaille sérrrieuse ? Elle est heurrreuse ici ? fatche parrrce qu’il fait tellement froid que même les cigales elles se taisent !</p>
<p>Je laissai June répondre, expliquant à sa façon tout le bien que l’on pensait de Natou.</p>
<p>- Et vous le connaissez le fada qui est en amourrr pour elle ?</p>
<p>Pile à ce moment, les dieux étant avec nous, mon téléphone sonna ; c’était Michel Drucker !</p>
<p>Même moi je n’y aurais pas cru sans le SMS que je venais de lui envoyer !</p>
<p>Je montre l’écran où son nom s’affiche à Adriana qui reste figée un instant, les yeux ronds comme des billes.</p>
<p>- Allo Michel ? Comment vas-tu ? Tu ne pouvais pas mieux tomber, je suis justement avec une fan de toi qui voudrait te dire un mot, voilà je te la passe, c’est la maman d’une grande amie.</p>
<p>Adrianna en m’écoutant rajustait sa robe panthère d’une main, se recoiffant de l’autre « allô, allo? Vé ! Vous êtes bien Michel Drrrruckerrr ? Ça n’est pas des fadaises pour me faire tourrrner en bouillabaisse ? Ho lala ! Peuchérrreu ! Je le crois pas ! Je parrrle au vrai Michel Drrruckerrr et je sais pas quoi lui dirrre ! Heu… Michel, je vous aime… Hein ? Té, mais c’est à la capitale ça ? Déjà le Jurrra c’est loing, alors Parrris !!! Vous ne faites jamais la TV à Marrrseille ? Oh bonne mèrrre, quand je vais dirrre aux copine que Michel Drrruckerrr en personne m’invite à une de ses émissions !!! Hein ? Oui je vous le repasse !</p>
<p> </p>
<p>Elle me rendit mon téléphone : « Michel ? Oui… »</p>
<p>Je sortis laissant June 5 minutes avec Adriana.</p>
<p>Quand je revins, je vis Natou, sa mère et June faire des selfies ; je me fis choper, allez hop une photo de plus…</p>
<p>- Ah oui, mais faut pas oublier les autogrrraphes hein ! Nous cria-t-elle alors que nous allions partir vers la salle à manger…</p>
<p> </p>
<p>On a bien rigolé au restaurant, Natou et sa mère ont fait le spectacle ! Enfin surtout la maman, parce qu’on avait l’impression que Natou ne savait plus où se mettre !</p>
<p> </p>
<h1 style="text-align: center;">***</h1>
<p>Ce mardi matin réveil morose ; je n’aime pas les derniers jours !</p>
<p>Il faut faire les valises !</p>
<p>Pourtant, à l’aller, tout tenait dedans !</p>
<p>Totoche a tout prévu, ce soir on laisse les bagages à la réception et demain, au petit jour, un transporteur vient les chercher.</p>
<p>- Élisa ! Prends avec toi de quoi t’habiller et de passer une nuit, si on décide de se faire un resto ou de s’arrêter en cours de route !</p>
<p>La tête de Mme Lalochère (<em>mais appelle-la Jeanne enfin ! Ce que t’es guindé quand tu t’y mets ! me tance June</em>) quand je lui ai offert ma centrale vapeur : « On ne sait jamais, ça peut dépanner un client… </p>
<p>- Bon ben merci bien, ça pourra aussi servir pour les nappes par exemple !</p>
<p>- En tout cas, merci pour ce merveilleux séjour, je crois que nous reviendrons, peut-être cet hiver ?</p>
<p>- Vous allez rouler de nuit ? Jusqu’à Paris ? est-ce bien raisonnable ?</p>
<p>- Non, on va faire une étape à Genève ce soir !</p>
<p>June me regarda étonnée !</p>
<p>- Genève ? C’est nouveau !</p>
<p>- Surprise mon amour, on n’allait pas faire six heures de route de nuit, ce n’est pas sérieux et puis Pollux voulait te rencontrer, des papiers à signer, alors c’était plus simple comme ça. Ce soir dîner en amoureux en terrasse au-dessus du Léman, chambre avec vue sur le lac. Demain, petit-déjeuner avec Pollux et retour Paris !</p>
<p>- Ah heu… Ben OK !</p>
<p>- On a qu’à dire que c’est pour ton anniversaire !</p>
<p>- Mais ce n’est pas mon anniversaire !</p>
<p>- Eh bien on va faire comme si ! Joyeux anniversaire ma chérie…</p>
<p>Mme Lalochére nous regardait, on sentait qu’elle se retenait de rire.</p>
<p>- Allez les amoureux, bonne route, et June, donnez-moi des nouvelles !</p>
<p>- Promis Jeanne, allez on s’embrasse ! »</p>
<p> </p>
<p>Sur le parking, je me suis brusquement arrêté devant la Harley, me suis retourné et mis face à June : « Dommage qu’il ne pleuve pas…</p>
<p>- Pourquoi, c’est mieux le soleil pour rouler, non ?</p>
<p>- Parce que j’adore ce film…</p>
<p> </p>
<p><u><b>XX.Ext.Jour/Parking :</b></u></p>
<p>Il pleut à verse, Richard et Lauren se font face, ils sont trempés. Ils se regardent en souriant.</p>
<p style="text-align: center;"><b>Richard</b></p>
<p style="text-align: center;">Bonjour</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Lauren</b></p>
<p style="text-align: center;">Salut!</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Richard</b></p>
<p style="text-align: center;">Tu es trempée</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Lauren</b></p>
<p style="text-align: center;">Non, ça va</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Richard</b></p>
<p style="text-align: center;">Je voulais dire quelque chose à celle qui est en face de moi, maintenant, sous la pluie…</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Lauren</b></p>
<p style="text-align: center;">Ah? Il pleut encore ? J’avais pas remarqué</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Richard</b></p>
<p style="text-align: center;">En fait, je t’ai aimée dès la première seconde ! Heu tu ne veux pas fuir là ?</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Lauren</b></p>
<p style="text-align: center;">Non, je vais pt’êt me noyer, mais sinon il n’y a pas de raison…</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Richard</b></p>
<p style="text-align: center;">Ha… Mettons-nous à l’abri…</p>
<p style="text-align: center;">Mais avant, j’ai une question à te poser !</p>
<p style="text-align: center;">Crois-tu qu’une fois qu’on sera réchauffés et séchés, et après qu’on a passé quelque temps ensemble, crois-tu que tu accepteras de… de… ne pas m’épouser?</p>
<p style="text-align: center;">Et crois-tu que le fait de ne pas être marié avec moi puisse être quelque chose que… que tu envisagerais pour le restant de tes jours ?</p>
<p style="text-align: center;">…</p>
<p style="text-align: center;">…</p>
<p style="text-align: center;">…</p>
<p style="text-align: center;">A… A… Alors ?</p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"><b>Lauren</b></p>
<p style="text-align: center;">Oui !</p>
<p> </p>
<p>Richard et Lauren s’embrassent langoureusement et la pluie s’arrête laissant place au soleil. Puis chacun enfile son casque, monte sur la Harley qui s’en va dans le soleil couchant. On suit la moto un moment, jusqu’à un grand panneau publicitaire sur lequel la caméra s’arrête et commence à monter haut vers le ciel. Sur l’affiche il est écrit :</p>
<p> </p>
<blockquote>
<h2 style="text-align: center;"><strong>« In love with l’Auberge des blogueurs »</strong></h2>
</blockquote>
<p> </p>
<p>La caméra continue de monter, la moto devient un petit point dans le couchant</p>
<p style="text-align: right;"><b>Couper</b></p>
<p style="text-align: right;">C’était la dernière prise, merci tout le monde</p>
<p> </p>
<blockquote>
<h1 style="text-align: center;"><b>THE END</b></h1>
</blockquote>
<p>Fondu au noir, générique…</p>
<p>—————-</p>
<p> </p>
<p>Les lumières se rallument dans la salle quasiment pleine, Éric et June attendent la fin du générique en regardant les gens sortir…</p>
<p>- On va se faire un restau ou on rentre direct ?</p>
<p> </p>
<p> </p>
<center><iframe allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/5nUBWPbJFAU" width="560"></iframe> </center>
<p> </p>
Le cœur nu
urn:md5:abe765fe193dcacac5c52a50bf12dac2
2020-09-15T16:36:00+02:00
2020-10-12T22:53:37+02:00
Côme de la Caterie
<figure style="display:table; margin:0 auto;"><img src="https://auberge.des-blogueurs.org/blog/public/Come-de-la-caterie/.cowboy_m.jpg" alt="© Morris, sept. 2020" title="© Morris, sept. 2020" height="200" width="448" /><figcaption>© Morris</figcaption></figure>
<p><q><em>Veuillez nous suivre s’il vous plait !</em></q><br />
Cette formule archi-entendue dans les séries policières. Dans la vraie vie, elle ne fait pas le même effet. J’ai dû blêmir, j’ai dû laisser passer dans mes yeux la panique que je ressentais intérieurement.<br />
Vernon, très professionnel, derrière son comptoir m’a dit : <q><em>euh… ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout !</em></q> <br />
De quoi va-t-il bien pouvoir s’occuper ? Je pense que c’était une formule toute faite comme on les apprend dans les écoles d’hôtellerie. Cette phrase ne voulait rien dire de précis, mais elle m’a fait du bien, elle m’a raccroché à la normalité…</p>
<hr />
<p><em>Pourquoi m’emmenez-vous ?</em> <br />
Dans la voiture, les deux gendarmes n’ont rien dit, mis à part <q><em>le lieutenant Pajet veut vous voir</em></q>. Laconique. Prudent. Obscur.</p>
<p>Je me suis retrouvé devant le lieutenant Pajet.
En d’autres circonstances, je lui aurais attribué un 9/10. Grand. Blond. Les yeux bleu, bleu acier. Large d’épaules, la chemise qui serre un peu. Des avant-bras musclés et tatoués (c’est pour ça que j’enlève un point). <br />
Et ce cul ! Mais bon…<br />
-<em>Vous avez une idée du pourquoi de votre présence ?</em><br />
-…<br />
- <em>Pourquoi vous faire appeler <q>Côme de la Caterie</q> et ne pas utiliser votre vraie identité, monsieur Acceteo ?</em><br />
- <em>Il n’y a rien d’illégal à se faire appeler par un pseudonyme… Enfin, je crois. Je n’ai jamais signé un papier ou quoi que ce soit avec ce nom d’emprunt, qui du coup n’en est pas un. Rien d’illégal lieutenant ! Si ?</em><br />
- <em>Effectivement rien d’illégal sauf si vous êtes mêlé à une escroquerie… ça peut peser lourd contre vous…</em><br />
- <em>Comment m’avez vous trouvé ?</em><br />
- <em>Le message que vous avez laissé sur le répondeur de votre mère… Vous avez eu un contact avec votre banquière il y a quelques jours je crois ?</em><br />
- <em>Euh… oui !</em><br />
Dans ma tête, évidemment, le lien avec ce que Mme Juries m’avait écrit : <br />
<code><em>Nous avons été saisi d'une demande d'information de la part du commissariat de Limonest (…) tentative de virement de votre compte épargne vers un établissement de crédit lié à la marque Audi.</em></code><br />
- <em>Donc vous voyez de quoi je parle. C’est une tentative d’escroquerie dont vous avez failli être victime. C’est pour cela que vous êtes là… Votre nom, <q>Rémi Accéteo</q>, apparait comme caution. Et ce sont vos fonds, 60.000 euros, qui devaient transiter… Vous avez presque été dépouillé d’une partie de vos économies. Avez-vous des soupçons ?</em><br />
- <em>Ben non ! Je n’imagine pas ma compagne… même si je l’ai quittée un peu brutalement il y a deux mois…</em><br />
- <em>Que savez vous au sujet de M. Fabien Della Porta</em> ?<br />
- <em>Fabien ???</em></p>
<p>Il a fallu que j’explique. Fabien, mon ancien compagnon (j’ai bien noté le sourcil qui s’est levé quand j’ai décrit notre relation… intéressé Lieutenant ?)… une relation qui se poursuit de loin en loin… oui il avait les clés de mon appartement (on a vécu plus de 4 ans ensemble lieutenant)… oui il devait avoir mes mots de passe, c’est lui qui m’a presque tout appris… En informatique j’veux dire !</p>
<p>Et donc Fabien, avec ses goûts de luxe, a tenté de me plumer. <em>Je t’aime toujours tu sais</em> m’écrivait-il. Et en fait, il aimait mon fric…</p>
<p>J’ai quitté la gendarmerie après avoir fait ma déposition. Accablante pour Fabien. J’ai tenté de minimiser en expliquant que… euh… peut-être une étourderie… il allait sûrement m’en parler… <br />
<em>60.000 euros Monsieur Acceteo. 60.000 euros… Pour ce prix…</em><br />
Quoi pour ce prix ? Pour ce prix je peux me payer d’autres putes ? C’est ça que vous voulez dire ? <br />
J’ai gardé ma colère pour moi : Lieutenant, c’est à moi de salir l’image que j’ai de Fabien… Vous, vous n’avez pas le droit ! <br />
J’étais abattu et tout en moi hurlait…</p>
<hr />
<p>Je suis rentré à l’auberge à pied, ayant décliné la proposition de me faire raccompagner par les gendarmes.<br />
Il avait raison André Maurois… <q><em>L’amour supporte mieux l’absence ou la mort que le doute ou la trahison.</em></q><br />
Fabien m’a trahi…<br />
Fabien… <br />
Fabien Della Porta. <br />
FDP. Fils de p…</p>
<hr />
<p>J’ai retrouvé Vernon, qui m’a accueilli avec un grand sourire : <em>heureux de vous revoir Monsieur de la Cat… enfin heureux que vous soyez de retour !</em><br />
J’ai souri un peu mécaniquement, lui ai demandé de préparer ma note et de m’appeler un taxi pour 16h00…</p>
<p>J’ai payé… <br />
<em>Merci Vernon, je vous demande de remercier chaleureusement Mme Lalochère et Natou. Je n’ai pas été un client facile mais j’étais bien ici ! Et une bise à Adèle de ma part s’il vous plait…</em><br />
Au moment de franchir la porte, je me suis retourné : <em>Vernon, je peux vous demander si vous avez quelqu’un dans votre vie ?</em><br />
Il a rougi, hésité un peu… et m’a dit oui.<br />
<em>Prenez soin de cette personne Vernon, prenez en soin mais n’oubliez pas de prendre soin de vous aussi !</em></p>
<hr />
<p>Le taxi m’attendait, direction la gare routière.<br />
En chemin, on est passé devant LE panneau d’affichage.<br />
- <em>Z’avez vu ils l’ont pas encore enlevé l’panneau ! des trucs comme ça…</em><br />
- <em>Ça veut dire quoi, des trucs comme ça ? Qu’est ce qui vous gêne, c’est deux mecs, et alors ? Ça ne vous fait pas du bien de savoir que deux personnes s’aiment ?</em><br />
Je voyais ses yeux surpris dans le rétroviseur. <br />
- <em>Non c’est pas ça mais… Vous… vous aussi ?</em><br />
- <em>Pourquoi cette question ? vous comptez me faire payer plus cher si je dis oui ? </em><br />
- <em>Non mais…</em> (il se liquéfiait ce con…)<br />
- <em>Alors non, si ça vous intéresse, non je ne fais pas partie des gens heureux. Ça vous va ?</em><br />
Pendant la durée de la course, je l’ai vu plusieurs fois me regarder dans le rétro. <br />
Moi, j’avais mes écouteurs sur les oreilles…</p>
<blockquote><p><em>Le corps perdu dans les glaces</em><br />
<em>Du vieux monde qui s’efface</em><br />
<em>Tout seul je nage</em><br />
<em>Dans une mer de glace dressée</em><br />
<em>Où les montagnes voyagent</em><br />
<em>Tout l’été</em><br />
<em>Je m’en vais, je m’en vais, je m’en vais</em><br />
<em>Je m’en vais, le cœur nu…</em> <sup>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/15/le-coeur-nu#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/15/le-coeur-nu#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Julien Clerc - Le coeur nu - 1978</p></div>
Question. Tu reviens ?
urn:md5:d51bb25ebdb975958bc2054d6f3bdae4
2020-09-15T09:24:00+02:00
2020-09-15T09:24:00+02:00
Nicolas Marlet-Deblois
01 : Abécédaire
04 : Féminitude
09 : Prête-moi ton amorce
11 : Adjection votre honneur !
14 : Tous azimuts
<p><img src="https://auberge.des-blogueurs.org/blog/public/nicolas-marlet/whatsapp4fantastik-mini.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" height="97" width="100" /></p>
<aside><p><code> Les4fantastik</code><br />
<code> <em>Clara, Dan, Léonie, Vous</em></code><br /></p></aside>
<p><br />
<br />
<code><em>Transcription d'un message audio WhatsApp. Durée : 1min31s.</em> 14 août 2020 - 20:28 </code></p>
<p>C’est vous ma famille de renards… Alors faut que je vous raconte ce que je n’ai pas eu le temps de vous raconter tout le temps que j’ai eu j’ai joué à Roblox. Bon je suis désolé ça fait longtemps que j’ai pas donné de nouvelles mais franchement tout va trop vite on part déjà demain et je me suis endormi tous les soirs après les randonnées trop tôt. C’est vendredi soir que s’est passé un truc de ouf. D’abord, je sais plus trop quand, tous les résidents ont fait des danses dans le salon c’était à mourir ils se marchaient tous sur les pieds. Ensuite, vendredi Adèle a demandé à sa mère et à Lucien (le gardien de nuit) si elle pouvait me montrer le truc magique qu’elle m’avait dit. Finalement après beaucoup de discussion sa mère a dit oui parce que Lucien lui a dit qu’il pensait que c’était bien que Adèle me montre. Grand débat avec mes parents qui ne voulaient pas me laisser me coucher tard, c’était même pas tard genre neuf heures ou je sais pas quoi, bref je me couche plus tard normalement. Hoha je vous dis pas la scène ! Il a fallu du temps mais on est arrivé à les convaincre. Jeanne (la mère d’Adèle) a expliqué à mes parents que c’était jouable, à nous tous on leur a fait changer d’avis. KO les parents ! Là du coup Adèle m’a expliqué qu’il fallait qu’on attende la nuit. Moi à ce stade je savais toujours pas trop ce qu’elle voulait. “Nuit”, “secret”, “faut s’habiller chaud !”, “pas de bruit”, “chuuuut”, j’ai trouvé tout ça trop zarbi mais bon. On a attendu sur la terrasse que la nuit tombe. Puis la nuit est tombée et il se passait rien. Que la nuit, le silence, et c’est tout. Rien de rien jusqu’à ce que d’un coup….Sans faire de bruit Adèle m’a envoyé un coup de coude dans les côtes. “T’as vu là bas ? Un, deux, trois et quatre plus la maman ! Venant vers nous en se cachant un peu, des renards. Waouh ! Xavier m’avait raconté quand il avait vu un lynx sur le terrain de foot mais là j’étais bluffé… Y’avait quatre petits renards et leur maman, c’était trop du lourd ! Zen, les renards, tranquilles, ils sont arrivés tout près. Adèle était toute excitée et quand même moi aussi j’ai trouvé ça génial. Beaux comme tout, la fourrure rousse et les yeux qui brillent. Comme j’aurais aimé pouvoir faire une photo ! Délire comme expérience, je recommande. Enfin voilà je vous ai raconté. Finies ces aventures parce que demain on s’en va.</p>
<p><em>20:28 ✅✅</em></p>
<hr />
<p><img src="https://auberge.des-blogueurs.org/blog/public/nicolas-marlet/banana.png" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" height="100" width="100" /></p>
<aside><p><code> Arthur</code><br />
<code> <em>vu aujourd'hui à 09:24</em></code><br /></p></aside>
<p><br />
<br /></p>
<p><em>Hier</em></p>
<aside><p><code>↪️ <em>Transféré : Audio - Durée : 1min31s. </em></code><br /></p></aside>
<p>Tu vois je t’avais déjà raconter un peu mais là t’as toute l’histoire 😆😆😆😆. Lucien m’a dit que la renarde 🦊 a probablement sa tanière pas très loin de l’auberge et que maintenant après tant de nuits elle a plus peur du tout de nous. Heureuseman qu’il n’y a pas de poule 🐔🐤 ici parce que sinon elle les auré probablement toute manger pour nourrir sa famille.</p>
<p><em>20:34 ✅✅</em></p>
<p>Bon tu sais on part demain je n’en peux plus de joie là 🥳🥳🥳🥳. Finie la connexion à chier ! enfin la joie de jouer tranquilleman sur une machine 🖥️ qui rame pas.</p>
<p><em>20:34 ✅✅</em></p>
<p>La vérité c’est que quand même je crois que ça va me manquer un peu de pas de pas avoir ma soeur et pas d’école 🏫 . J’ai bien aimé quand même toutes les espèce que j’ai vus même si j’ai pas vu de chouette 🦉 juste entendu le soir. Et puis avec Adèle on a fait pas mal d’aventure 😸 alors elle aussi elle va me manquer un peu. Mais je vais retrouver ma bande !🤩🤩😆😆🥳🥳🤩🤩😆😆🥳🥳 Adèle a demandé à sa mère si elle pouvait venir dans les Landes elle veut voir la mer 🌊🐚⛵ et je pourrais lui prêter ma planche pour qu’elle essai de surfer 🏄. On verra. Ma motivation pour la route là, pas trop, on a 7 ou 8 heure dans la voiture sans la box évidament 😭😭😭 et je crois pas que mon père voudra partager la co. 😡</p>
<p><em>20:36 ✅✅</em></p>
<p><em>Aujourd’hui</em></p>
<p>Question. tu reviens aux vacances de la Toussaint ? 🍀🍀🍀 J’aimerais bien. A+</p>
<p><em>08:28 ✅✅</em></p>
L'éveil
urn:md5:9dca7bbcaf2a2ff25b470a6779375c01
2020-09-15T09:06:00+02:00
2020-09-15T09:06:00+02:00
Mela Brinderbe
<p>(Auberge chambre 15 - 5h00 du matin)</p>
<p>Je suis bien. En forme. Prêt à dévorer la vie. Je n’ai pas sommeil. La vie est belle. J’ai le coeur rempli d’amour et de vigueur. Ah ! Que c’est bon de respirer !</p>
<p>Je pense à ce qui s’est passé hier. Hugo-Loup a été formidable, Julia extraordinaire ! La vie est belle ! Je respire profondément.</p>
<p>Il faudra que je rende visite à Hugo. Que je la remercie.</p>
<p>Je vois le toucan face à moi. Je sais qui il est. Je sais qu’il est un peu moi.</p>
<p>Je m’appelle Raphaël et nous sommes en 2007.</p>
<p>Je comprends maintenant ses moindres claquements de bec. Que c’est beau ! C’est musical, ça ressemble un peu à ces langues africaines si jolies, et ça me rappelle même un film où il était question d’une bouteille de Coca-Cola tombée du ciel…</p>
<p>- Ça va Raphaël ? Comment te sens-tu maintenant ? J’observe qu’un des ses yeux est orné d’une cicatrice fine, un peu boursouflée. Elle dessine une sorte de zig zag mais très grossièrement… C’est de l’ordre du conceptuel… Tiens ! Là encore ça me rappelle un film… mais je ne sais plus trop lequel… peut-être un film d’art et d’essais… un peu confidentiel…</p>
<p>- J’ai une de ces patates ! Toucan ! Je langerai un ours si je pouvais ! J’aime Julia. Si fort. Elle m’a sauvé. <sup>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/15/l-eveil#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>- Attends… attends… Il faut que je te parle… J’ai beaucoup à t’apprendre… Tu es prêt à entendre ce qui va te paraître inimaginable ?</p>
<hr />
<p>(Auberge - Balcon de la chambre 15 - 8h53)</p>
<p>Je regarde la forêt. Le jour s’est levé. J’entends les bruits de la nature et j’hume l’air frais. J’en ai besoin.</p>
<p>Toucan m’a tout raconté. Et ce n’est pas simple… il faut s’accrocher ! Je me suis accroché.</p>
<p>Tout d’abord, cet éclair et ce grondement gigantesque d’il y a si longtemps… et ma disparition complète de ce monde terrestre.</p>
<p>Où étais-je ? Il n’en sait rien. Sans doute que le temps de la mémoire s’est arrêté pour moi, le temps cette dimension toute relative, la maudite sorcière était si puissante qu’elle m’a fait disparaître… pour elle… A JAMAIS. Elle m’a fait disparaître aux yeux du monde et de ma famille.</p>
<p>Julia a essayé de me chercher, elle était totalement anéantie, désespérée. C’est alors que Toucan a eu l’idée (assez saugrenue mais il devait agir) de servir de lien. Il a fait en sorte de communiquer avec elle en mon nom (c’était souvent maladroit, ce n’est qu’un oiseau quand même !). Dans le même temps, il a contacté la druidesse et tous les deux ont commencé leur quête pour me faire renaître. Pas simple du tout.</p>
<p>Toucan a toujours observé le plus discrètement possible Julia et Maéla. Il ne pouvait pas se résoudre à les abandonner.</p>
<p>Le temps a passé. Julia et Maéla ont du s’habituer à mon absence. Je frémis à l’idée qu’elles aient pu me prendre pour un salaud de les avoir abandonnées toutes les deux. Comme ça…</p>
<p>Ah cruelle Morrigan ! Son plan était démoniaque !</p>
<p>Tout à l’heure, Toucan a continué son récit : Julia est maintenant Matriarche… tu sais ce que ça veut dire, Raphaël ?… c’est beaucoup de responsabilités pour sa tribu… C’est beaucoup de responsabilités… Elle a vécu des drames… la mort de sa mère… et Maéla n’est plus le jeune bébé que tu as connu… c’est une belle adolescente… 15 ans se sont passés pour elles !</p>
<p>- 15 ans ? Mais nous sommes en quelle année ?</p>
<p>- 2020 !</p>
<p>J’ai un haut le coeur… Je manque trébucher… Mes jambes tremblent…</p>
<p>- 2020 ??</p>
<p>- Ton arrivée, là maintenant après toutes ces années d’absence, tu te rends compte, Raphaël… tu te rends compte ? Et ce personnage de Mela que nous avons réincarné avec la druidesse… ce personnage ensorcelé que notre druidesse a pu refaire vivre avec quelques souvenirs en tête… il nous a un peu échappé aussi… mais il a matérialisé ton corps et à l’approche de Julia, a permis ton éveil.</p>
<p>Il continue :</p>
<p>- Ce Mela et ses habitudes un peu bizarres ! Ces tongs qu’il portait sans cesse ! Il m’a un peu échappé …</p>
<p>- Des tongs ici ? Dans le Jura ?</p>
<p>- Oui des tongs ! Fourrées et en peaux de bête !</p>
<p>- Tu veux dire des mocassins ?</p>
<p>- Ah oui peut-être… c’est ce mot là qu’il faut utiliser ? (il griffonne dans sa tête ce nouveau mot humain qu’il vient d’apprendre) et ça manie de se peindre le visage… Sacré meli-mela !</p>
<p>(Du coup, je me regarde dans le miroir, je me dévisage et je vois avec stupeur (qui passait par là) que mon visage est entièrement maculé de peinture bleue… (j’ai là aussi le pressentiment que ça pourrait faire un bon film… un type bleu dans une forêt… mais ce ne serait pas du sapin, vous suivez ? )</p>
<hr />
<p>(Auberge - chambre 15)</p>
<p>J’ai invité à diner ma tendre Julia. Je n’ai pas totalement compris toutes les subtilités des révélations du volatile coloré mais j’accepte maintenant cette réalité. Dans ma tête, le temps s’est arrêté mais ce n’est pas du tout, du tout le cas pour elle.</p>
<p>C’est vrai aussi que j’ai désormais le souvenir très précis des deux éclairs monstrueux. Celui du début et celui de la fin. Et du cri.</p>
<p>Je sais maintenant.</p>
<p>Je vais l’écouter et je lui parlerai… Je l’aime tant. Je l’aime comme aux premiers jours. C’est ainsi. Ce qui est le plus important pour moi maintenant, c’est elle et c’est ma fille. Et qu’importe ! Si je devais maintenant m’effacer, et disparaître cette fois ci à jamais, je le ferais… par amour. Ce serait un acte volontaire.</p>
<hr />
<p>(Restaurant - Diner)</p>
<p>Julia est en face de moi. Les années ont passé. Mais elle est toujours aussi belle. Elle est fatiguée. Tant d’efforts. Et sans doute un maelström dans sa tête ! Elle me parle d’une voix douce.</p>
<p>Je l’écoute.</p>
<p>J’ai envie de lui prendre la main mais je ne le ferais pas. Je dois l’écouter avec délicatesse, émotion…</p>
<p>Elle me parle…</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://auberge.des-blogueurs.org/post/2020/09/15/l-eveil#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] euh… qu’est-ce qui m’a pris de faire dire à Raphaël qu’il pouvait langer un ours… mais ça va pas ? (auteur de ce texte)</p></div>
I had a dream
urn:md5:0f56b3281b10bc29059aca5914f1b513
2020-09-15T09:04:00+02:00
2020-09-30T07:32:05+02:00
Caroline Etienne
09 : Prête-moi ton amorce
14 : Tous azimuts
<p>Cinq heures du matin.</p>
<p>En peu de temps, le paysage a changé. La nuit recule et laisse aux frondaisons l’apparence des plus antiques dentelles. Le ciel transparent est parcouru de flèches : les martinets. Quelques becs claquent dans les aulnes. Froissements de plumes. Bruissements dans les joncs.</p>
<p>J’étais dans mon lit, un bruit m’a réveillée.</p>
<p>Je me lève et vais à la fenêtre, je vois deux phasmes dans le feuillage sur le mur. Ce ne sont pourtant pas eux qui ont pu faire ce bruit. Les oiseaux que je vois, eux aussi, sont trop discrets.</p>
<p>Au loin, j’aperçois des taches rousses.<br />
Intriguée, je descends pour mieux voir, je rêve, ce sont des renardeaux, je tente de les suivre mais ils courent trop vite pour moi. Au loin, je crois deviner une longue chevelure rousse, une femme ou un renard ?</p>
<p>Je lève les yeux. Au milieu des martinets, il me semble voir un… toucan ! Ai-je la berlue ? Un toucan dans le Jura. Il vole à tire-d’aile vers le Nord. C’est à ce moment que je me rends compte qu’une mélopée lancinante s’est élevée au loin. On dirait une danse ancestrale. Le bruit est bien trop faible pour que ce soit ça qui m’ait réveillée, mais je suis l’oiseau.</p>
<p>Je longe le lac. Il est magnifique au petit matin. Les brumes de l’aube dessinent des silhouettes à sa surface, je crois deviner un monstre des marais, un vieux camion de pompiers, puis un homme debout sur une barque qui semble déclamer un texte ou chanter à pleine voix. Décidément, la potée comtoise a des effets insoupçonnés (ou alors, c’est le vin jaune).</p>
<p>J’ai quitté les abords du lac pour couper à travers la forêt. Les arbres bruissent, mais moi qui ai peur d’une mouche habituellement, je me sens étrangement sereine.</p>
<p>Je vois une trouée au loin. Une clairière. Un grand chat gris aux yeux verts m’y attend. C’est incroyable tous les animaux qu’on croise ici la nuit. Je m’assieds à ses côtés et je plonge mes mains dans sa fourrure. J’ai toujours aimé les chats.</p>
<p>À ses côtés, un carquois et des flèches argentées. Mais qu’est-ce que ça peut bien faire là ? Je les effleure du dos de la main, je n’ose pas les prendre. Soudain, le chat bondit et disparaît entre deux rochers.</p>
<p>Je le suis, une grotte. Une étrange lumière semble en émaner.</p>
<p>Claude est là. Il me regarde d’un air doux et me murmure : tu peux arrêter de me chercher, je rentre à la maison.</p>
<p>Je me réveille, je reconnais le bruit caractéristique de mon téléphone lorsqu’il reçoit un mail.<br />
Incroyable, c’est une réponse de Claude à mon message de la semaine passée. Trois mots : Je vous attends et l’adresse du temple zen.</p>
<p>Je crois qu’il va falloir que je retourne au lac glacé pour me remettre les idées en place avant de quitter l’auberge. J’ai encore un peu de temps avant de partir pour le monastère et mes bagages sont déjà faits.</p>
<p>Je ne suis pas sûre d’avoir brillé par mes talents de détective ici, mais j’ai trouvé dans cette auberge un petit bout de moi que je ne savais même pas que j’avais perdu.</p>
<p>Au revoir Pollox !</p>
<blockquote><p>Rapport de mission - 15/09<br />
Client – retrouvé<br />
Départ de l’auberge programmé à 11h<br />
Facture (honoraires septembre + notes de frais) à envoyer dans la semaine<br />
Affaire classée</p></blockquote>
La suite commence maintenant
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2020-09-14T23:59:00+02:00
2020-10-09T20:26:49+02:00
Gaston Gumowski
<aside><p><em>Mood musical : <a href="https://youtu.be/pHNbHn3i9S4">The Beatles - Tomorrow Never Knows</a></em></p></aside>
<hr />
<p>On m’a parfois reproché de ne pas savoir faire de « projets de vie », comme s’il s’agissait d’une étape essentielle, primordiale, de la réalisation de soi. Ça m’a toujours flanqué une peur bleue, rien que de l’envisager. Pourtant, pour faire bonne figure, montrer que je voulais vraiment être un bon élément, j’ai bien tenté une fois, il y a dix ans. Honnêtement, ça ne m’a pas trop réussi. Pas besoin que je vous fasse un dessin, n’est-ce pas ? Oui, il m’arrive d’avoir recours aux euphémismes sur mon temps libre. Même si c’est un sport que je préfère pratiquer avec parcimonie. Parlant de temps libre, il s’est fait exceptionnellement plus maigre depuis une dizaine de jours. Depuis ce dimanche tranquille, en tête-à-tête avec Hugo, à la ferme. Le seul, d’ailleurs, si j’y réfléchis bien. À peine l’avais-je raccompagnée à l’auberge, ayant un peu à faire de son côté, que tout allait s’accélérer. Signal de départ : un SMS de Charlie.</p>
<blockquote><p>On rentre plus tôt que prévu. Repas à la ferme ce soir. C’est Marco qui invite. Et comme tu n’as pas donné signe de vie et que Léo est remontée comme un coucou suisse depuis mercredi… Au fait, papa et maman t’embrassent. « Accessoirement », ils attendent toujours que tu les appelles ! Bises Gas’ et ad’tal.</p>
<p></p></blockquote>
<p>Allons bon… Effectivement, j’avais reçu un SMS de Marco.</p>
<blockquote><p>Yo, gars. Je vous invite chez toi, les filles, Riton et Jeanne. Tu sais encore préparer un gratin franc-comtois ? J’arrive avec tout le nécessaire en fin d’après-midi. Casse pas la tête : je t’aiderai pour la corvée d’épluchage de patates avant d’aller récupérer Jeanne à son auberge. Tu peux donc tout de suite arrêter de râler. La bise.</p>
<p></p></blockquote>
<p>Je ne sais plus vraiment si c’était un dîner en tribu ou un conseil de guerre. Tout ce que je peux en dire c’est que Marco ne s’était pas fichu de nous sur la qualité des deux saucisses de Morteau, qu’il avait soufflé tout le monde (sans doute Jeanne la première) en « vandalisant » Scarlett pour déclarer sa flamme, qu’Henri riait encore de la tête de Jeanne sur le parking de l’auberge découvrant ça, que mon SMS aux filles du début de semaine au sujet des projets de l’auberge avait enflammé les premiers étages de leurs fusées respectives et que tout semblait s’emballer soudainement pour préparer « un après qui déchire ».</p>
<p>Moi qui pensais naïvement qu’une fin de saison devait se traduire par un fort ralentissement, j’en étais pour mon compte. Sans parler des quantités de patates épluchées et de comté râpé pour remplir ces deux grands plats à gratin. Les doses façon Marco : <q>six personnes, c’est déjà un régiment.</q></p>
<hr />
<p>Nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin tranquillement avec Hugo. C’est reposant et plaisant. Un peu étrange parfois, presque trop beau pour être vrai. Pour l’heure, seuls les moments ensemble existent et importent. L’entre, l’après, les lendemains, tout cela ne peuple guère nos conversations. Aujourd’hui et maintenant gardent l’exclusivité. Nous évoquons bien quelques-uns de nos projets à moyen terme, quelques-unes de nos envies, souvent même, mais jamais avec la pression d’une mise en commun. Je crois que c’est la première fois que je vis une telle relation de la sorte. Je vois là encore une intervention de la bonne étoile des Gumowski. Et même s’il m’arrive de craindre qu’elle en souffre, voir Hugo pétillante et chaque jour plus épanouie suffit à me rassurer. Une vraie complicité est née, le fonctionnement de notre duo m’apaise. Avec elle, tout m’apparaît si fluide, si naturel, si… <q>Simple</q> ?</p>
<hr />
<p>Il y avait des doutes étoilés dans les regards, mercredi soir. De ces doux doutes que j’évoquais au sujet d’Hugo : « n’est-ce pas trop beau pour être vrai ? ». Nous étions tous là, membres du personnel, à discuter ensemble des belles et généreuses pistes posées sur la table par Jeanne. J’observais les uns et les autres, ça m’amusait. Ils étaient tous beaux dans leurs envies et leurs retenues, dans leur manière de s’accorder de se laisser aller à rêver d’un avenir peut-être pas toujours facile, mais chaleureux. Au-delà du plaisir de bâtir quelque chose, celui de bâtir ce quelque chose là ensemble. Natou a presque fait une déclaration d’amour à Jeanne. Et nous étions tous aussi touchés qu’elle l’était. Les plus taiseux d’entre nous ne manquant d’ailleurs pas de le signifier par des sourires silencieux qui leur débordaient aussi par les yeux.</p>
<p>Moi, j’étais déjà perdu à écouter les chiens aboyer et piaffer d’impatience alors que je les sanglais. Aussi pressé qu’eux de m’élancer, d’entendre la neige crisser sous les lames du traîneau et de voir notre équipage filer follement entre les sapins. Il y a une voie que je tiens absolument à parcourir. Celle de mon initiation à la chasse par mon grand frère loup. Vais-je le revoir, ces jours ? J’aimerais le revoir avant de partir. Lui dire que je lui confie ceux des miens qui resteront là pendant mon absence. Celui des miens que j’aimerais rapidement voir revenir. Lui demander de bien vouloir veiller sur eux. Merde, tiens. Je n’ai toujours pas appelé Alexeï. À faire à tout prix avant de changer d’horizon. La vodka n’a pas du tout le même goût lorsque nous la buvons ensemble. Et je suis persuadé qu’il n’aura aucun mal à trouver le sommeil dans ma chambre, si besoin. Le temps qu’il décide et trouve sa propre place.</p>
<hr />
<p>Je me doutais bien que les siamoises allaient vite finir par trouver leurs congés sabbatiques trop longs. Je ne m’étais par contre pas attendu à ce que leurs démangeaisons les reprennent si vite. L’ambiance de la ferme en est toute chamboulée. Ça donne un réel aperçu de ce que cela devrait être une fois qu’elles seront installées ici pour de bon. Ça virevolte, ça rigole, ça râle, ça peste, ça négocie, ça planifie.</p>
<p>C’est la première fois que je vois Charlie en mode tour de contrôle. On peut la résumer ces derniers jours à un chignon pétard équipé d’un kit piéton sans fil et d’une paire de lunettes montures écaille, le tout monté sur ressorts. Elle enchaîne les coups de fil en se baladant dans toutes les pièces du rez-de-chaussée et sur la terrasse, un bloc et un stylo à la main. La table du salon s’est transformée en table d’étude, avec une pile de dossiers rapidement devenue vertigineuse, une autre de bouquins empruntés à la bibliothèque de Saint-Claude, des blocs de post-it un peu partout et son ordinateur portable. Il va vite falloir que nous validions les plans du « Bastion 2.0 » avec Léo, afin de lancer les travaux d’agrandissement et de réaménagement. Il faut rapidement offrir un bureau digne de ce nom à « la petite ». À ce rythme, ça va devenir urgent si nous souhaitons pouvoir continuer à nous servir de la cuisine comme lieu de repas.</p>
<p>L’ambiance est plus feutrée du côté de Léo, toujours installée dans mon bureau. Enfin. Notre bureau. Bouclette aussi aura rapidement besoin de plus d’espace, de son coin à elle. Aux plans et maquette de la prochaine version de cette ferme sont venus s’ajouter ceux de l’auberge. Les premiers devis commencent à s’empiler également, pour l’un et l’autre des projets. Léo n’hésite d’ailleurs pas à mettre les deux en même temps dans la balance lorsqu’il s’agit de négocier des délais ou des tarifs. Je la savais sérieuse, appliquée, attentive et efficace. Je découvre ces jours que mon ange blond peut également être redoutable, tranchante et adroitement autoritaire. J’en ai presque eu un choc sur le moment. Mais tout cela tenait bêtement de l’évidence : elle n’aurait jamais réussi à canaliser Charlie toutes ces années par sa seule gentillesse, son infinie douceur et sa patience hors-norme. Dire qu’elle n’aura 30 ans qu’en octobre. Elle ne finira donc jamais de m’impressionner.</p>
<hr />
<p>Ces derniers jours, il y a eu la douceur de la peau d’Hugo, sa chevelure, son odeur, son corps noueux. Ses yeux gris qui ne cessent de changer de nuances avec la lumière, qu’elle vienne de l’extérieur ou provienne de son intérieur. Nous avons encore beaucoup parlé. Il y a eu la chaleur d’un premier feu de bois dans la cheminée rénovée de l’auberge. La nouvelle frangine qui n’a rien trouvé de mieux que de s’endormir sur le canapé, entouré de ses vieux taiseux bien bavards ce soir-là. Faut dire qu’on parlait de l’auberge, nouvelle version. Et puis quelques histoires de cailloux aussi. Le petit gênant de Lulu, le plus gros intrigant d’Henri. Ça se précise, lentement. Simplement, là aussi. Une autre évidence. Il y a eu ce long moment avec Élisa, au bord du lac. L’appel de l’amitié est aussi incontournable que celui de la forêt. Enfin se dire « tu », enfin rire ouvertement ensemble, l’un de l’autre, finir sur un énorme fou rire alors que je lui tendais le volumineux ours en peluche que j’avais choisi de lui offrir. Enfin. Pas vraiment à elle, mais au petit haricot qu’elle avait maintenant au chaud. Eh oui… Natou, c’est une <q>vraie tombe de prison</q>. Clair. Sauf pour les bonnes nouvelles. Té vé, ça, elle ne peut juste pas retenir.</p>
Des kami dans la clairière
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2020-09-14T23:43:00+02:00
2020-09-15T19:27:36+02:00
Hugo Loup
<aside><p><em>Mood musical : <a href="https://youtu.be/HLWtpZwfUfc">Spectres in the Fog – Hans Zimmer</a></em></p></aside>
<hr />
<p>Hier, Julia m’a demandé mon aide. Elle avait besoin que je joue de son tambour chaman pendant une cérémonie. Celui-là même qui a résonné avec mon okedo. Je n’ai jamais frappé ce genre d’instrument. Mais Julia avait besoin de moi. Alors j’ai dit oui.</p>
<p>Nous sommes partis, avec un résident un peu étrange, Mela. La nuit était tombée. La cérémonie avait lieu dans la clairière de Gaston. Une fois sur place, j’ai mis une tenue blanche, en coton léger, comme les autres. Tandis que Julia préparait la clairière. <br />
Puis nous avons bu de l’hydromel dans une tasse en argent, afin de remercier les esprits du lieu. Cela m’a renvoyée aux <em>kami</em>. En silence, j’ai remercié le <em>kami</em> de la Forêt, et puis celui de l’Ondine, qui ne coulait pas si loin et dont j’entendais la musique. Il n’y a jamais trop d’aide, me suis-je dit.</p>
<p>Mela s’est installé dans le plus petit cercle. Il semblait ailleurs. Il est le sujet de la cérémonie. Je ne suis pas sûre d’en avoir bien compris tous les tenants et les aboutissants. Julia et moi nous nous tenions dans le plus grand cercle. <br />
Nous avons parcouru trois fois sa circonférence en frappant qui son tambour chaman, qui son plat en fer. Elle avait dû improviser sa percussion de métal. Nous jouions en alternance. Elle commençait, je répondais. Rapidement, je me suis mise en mode concentration intense. Je suivais la silhouette blanche, progressant lentement sur le cercle, sans vraiment la voir. Je vibrais aux sons métalliques, si différents. Je vibrais aux sons du tambour chaman, si différents également. C’était inhabituel pour moi et pourtant cela sonnait à mes oreilles comme quelque chose de très profond, comme enfoui en moi. <br />
Garder le même rythme, la même cadence, la même force de frappe, j’en ai l’habitude. Aussi pouvais-je me concentrer sur autre chose. Pour moi qui ne connaissais pas le rituel, c’est sur le monde des <em>kami</em> que je me suis focalisée. Je les implorais, à ma manière, d’apporter leur aide à Julia, à Mela, à cette divinité qu’elle s’est mise à invoquer après s’être arrêtée. Trois tours avons-nous fait. Trois fois elle a scandé son invocation, d’une voix forte, déterminée.</p>
<p>Il s’est passé quelque chose d’incroyable. Un grand éclair, un coup de tonnerre. Comme un cri, un hurlement. J’étais tellement surprise, abasourdie que lorsque Julia a crié je n’ai pas compris, ni ce qu’elle disait, ni même qu’elle s’adressait à moi. <br />
J’ai senti la présence du <em>kami</em> de la Forêt. Une odeur d’humus, un vent frais chatouillant. J’ai senti la présence du <em>kami</em> de l’Ondine. Une odeur d’humidité, une sensation de gouttelettes sur la peau. Exactement ce que j’ai lu à de nombreuses reprises sur le sujet.</p>
<p>Comme la première fois que j’ai joué avec Julia, j’ai ressenti que quelque chose changeait en moi. Dont j’aurais la clé plus tard.</p>
<p>Je ne me souviens plus tellement de ce qui s’est passé ensuite. Jusque que nous sommes rentrés tous les trois à l’auberge, buvant l’hydromel et soutenant Mela. Il semblait différent. Moins étrange. Cela a dû marcher. <br />
J’étais fatiguée. Epuisée. Je me suis endormie comme une masse. D’un sommeil de plomb, sans rêve.</p>
<p>Et cette certitude qui m’a traversée au réveil. J’ai vécu un moment magique, unique. Il avait ouvert la voie à quelque chose encore en gestation au fond de moi. Je savais juste que cela avait trait à mon okedo, à ma pratique du taïko. Que c’était relié à mon projet.</p>
<hr />
<p>Plus tard, nous étions assis l’un près de l’autre, Gaston et moi. Soudain, je lui ai parlé de mon projet. C’est sorti tout seul dans la conversation tranquille que nous avions. Entre deux silences.</p>
<p>Le jour du shopping à Saint-Claude, je parlais au téléphone de taïko avec mon ancien professeur de japonais. Une fois raccroché, un homme s’avance vers moi et engage la conversation sur les taïko. Rapidement il se présente. M. F., Directeur de l’école de musique municipale. Il me donne sa carte. Il cherche de nouveaux enseignants, surtout des instruments insolites. Un peu éberluée, je lui donne mon adresse mail, en échange. <br />
S’en suivent des échanges, un projet qui se concrétise. Puis une vraie proposition de contrat de travail. Juste quelques heures par semaine. Il me précise que, peut-être, des démonstrations dans les écoles élémentaires pourraient être envisagées.</p>
<p>Je n’en reviens pas de cette opportunité. J’avais cette envie de rester dans le Jura. Cette impression d’y être à ma place. Et cette ville qui se donnait à moi. A chaque fois que j’y vais, elle me montre un nouvel aspect. Et mon plaisir d’y flâner s’agrandit.</p>
<p>Très vite, j’explique à M. F. que je ne suis ici qu’en vacances. Que je ne connais personne à Saint Claude. Là encore il trouve une solution. Provisoire ajoute-t-il. <br />
Une vieille ferme, dans un village, un peu à l’écart du bourg, en lisière de forêt. Quand je lis son mail, je n’ai qu’une envie, aller la voir. On prend rendez-vous et je découvre un endroit superbe. Entre le corps de bâtiment et la forêt il y a un espace herbeux, suffisamment long et large pour y installer un pas de tir. Réglementaire en plus, à vue de nez. <br />
Le logement n’est en fait qu’une pièce, spartiate. L’eau, l’électricité, un vieux poêle à bois, des tomettes en terre cuite au sol, un évier dans un coin. Je devrais apprendre à fendre du bois. Je vois ça comme un exercice supplémentaire. Ce qui fait rire M. F. <br />
Quand il ouvre une des deux seules fenêtres, je vois la forêt. Je dis oui. A tout. Et je signe. Jusqu’à la fin de l’année.</p>
<p>Je lui explique combien tout ça m’est tombé dessus rapidement. Combien cette opportunité extraordinaire doit être saisie. Que c’est comme une évidence. Que je serais donc, dans le coin dès mi-octobre, après le mariage de ma sœur. Que le village est à mi-chemin entre Pollox et Saint Claude.</p>
<p>Il me regarde, en souriant. Ses yeux pétillent. Il ne me dit rien. Pas besoin. Sa main autour de la mienne, son regard, sa bouche parlent pour lui. <br />
J’appréhendais. Il ne fallait pas. C’est toujours simple, naturel… avec Gaston.</p>
Avis de tempête
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2020-09-14T21:39:00+02:00
2020-10-12T22:57:07+02:00
Côme de la Caterie
<p><img src="https://auberge.des-blogueurs.org/blog/public/Come-de-la-caterie/.tempete_m.jpg" alt="BST_TEMPETE.JPG, sept. 2020" style="display:table; margin:0 auto;" title="BST_TEMPETE.JPG, sept. 2020" height="432" width="448" /></p>
<p>- <em>Bonjour Monsieur Côme ! Tu veux bien que je te dise tu ? Maman voudrait pas mais si toi tu dis que je peux, je te dis tu !</em> (Je n’ai pas eu le temps de lui dire qu’il fallait toujours écouter sa maman…) <em>C’était pour te dire merci pour le livre avec Niels et les oies !</em><br />
- Ça t’a plu ?<br />
- <em>Oh oui c’est trop bien de voyager comme ça sur le dos d’une oie ! A l’école la maitresse elle nous a demandé de raconter un truc de nos vacances… j’avais plein de trucs à raconter, mon anniversaire, la partie de pêche, la boussole de Gaston, la sortie avec Natou qu’était super bien, les films avec Elisa. Mais c’est quand j’ai parlé du livre. Ma maitresse elle a voulu que je raconte, c’est normal à l’école on nous dit toujours qu’il faut lire. Alors j’ai dit que ça m’a plu l’histoire de ce Niels qui est ensorcelé à devenir petit parce qu’il est méchant et qui redevient gentil avec les oies. Et à la fin il redevient grand…</em> <br />
Elle me regarde avec l’œil malicieux. <em>Tu étais méchant quand t’étais un enfant ? Parce qu’avec Natou, on se disait que t’avais pas fini de grandir ! Tu m’en veux pas si je dis ça ?</em><br />
Et elle s’est envolée quand sa maman l’a appelée…</p>
<p>Voilà, ça, c’était Adèle dimanche après-midi. Un tourbillon de fraicheur, de questions, de malice, de vie et de candeur. <br />
Non Adèle, je ne t’en veux pas d’avoir posé LA question… <br />
Tu as peut-être tout compris à Côme : peut-être qu’il ne s’est pas encore totalement débarrassé du mauvais sort. Peut-être qu’il n’a suivi les bonnes oies sauvages pour être totalement libéré. <br />Mais ça viendra…</p>
<hr />
<p>Lundi matin, je me suis levé, iPod en mode “aléatoire” et la voix de <a href="https://youtu.be/4UA4F1olEX0?t=534">Gundula Janowitz… Mozart… Ah ! lo previdi</a> m’a submergé. <br />
La dernière fois que je me suis levé avec <em>Ah ! lo prévidi</em>, j’ai été viré du lycée privé Aux lazaristes de Lyon. Mes cours de philo étaient trop… sulfureux… <br />
Une autre fois, avec le même aria dans les oreilles, j’avais failli me noyer au moment où Gundula chantait <em>Deh, non varcar quell’onda, anima del cor mio</em>… <em>Ah, ne traverse pas l’onde, / âme de mon cœur</em>. <br />
Ben non je ne l’avais pas traversée, pas eu le temps, le kayak s’était renversé et j’avais été incapable de le redresser tout seul. <br />
Massage cardiaque, pompiers, hôpital… <br />
Je ne suis plus jamais monté dans ce qui ressemblait de près ou de loin à un cercueil flottant.</p>
<hr />
<p>Après le petit déjeuner (tartine beurre salé, confiture de myrtilles, miam… pain au raisin, burp !) j’ai voulu remonter à ma chambre mais…<br />
<em>Vé, je suis Adrrrrriana </em>(je n’ai pas compris le nom : Aresta ? Arleta ? ),<em> je suis la mamoucka de Natouchka. Fan, je viens de Marrrrseille je suis toute escagassée de fatigue. Je veux voir ma Nanouchka ! MAINTENANT ! Où elle est ?</em> <br />
Mon dieu ! Une tornade léoparde gueularde. Tonitruante ! (marrant ça, Toni-truand… Je me fais rire tout seul…) <br />
Je ne sais pas comment Mme Lalochère a fait pour supporter cette irrrrrrruption. Toujours est-il que 20 minutes plus tard, Adrrrrriana envahissait l’espace sonore de la réception, un café à la main. <br />
Mais franchement, ce truc léopard… Fashion faux-pas ! je devrais la dénoncer à Christina Cordula…<br />
Tempête, que dis-je tempête… tornade sonore, tornade esthétique, tornade tout court.<br />
Je suis sorti me promener…</p>
<hr />
<p>Vers 11h00, quand je suis rentré de ma balade, la voiture de gendarmerie était garée devant l’auberge. <br />
Quand je suis rentré dans le hall, en réponse aux deux gendarmes, Vernon a tendu la main vers moi : <q><em>tenez le voilà qui entre !</em></q></p>