J’aime me réveiller en musique et, quand j’y pense avant de m’endormir, je choisis dans mon iPod LA chanson qui va guider ma journée…
Come what may
I will love you until my dying day
Suddenly the world seems such a perfect place
Suddenly it moves with such a perfect grace
Suddenly my life doesn’t seem such a waste
It all revolves around you
And there’s no mountain too high
No river too wide… [1]
Cette chanson, Fabien me la chantait en me regardant droit dans les yeux. Il trouvait qu’elle correspondait bien à l’histoire qu’on vivait à l’époque.
Plus tard, je l’ai chantée à Marie, en lui disant que cette chanson avait évidemment été écrite pour moi.
…Sing out this song and I’ll be there by your side
Storm clouds may gather
And stars may collide
But I love you
Until the end of time
Come what may…
Come what may. Advienne que pourra. Ça me fait rire aujourd’hui, avec cette identité que je me suis choisie, de penser qu’on pourrait aussi comprendre Côme, qu’est ce que… ?
Finalement, ça résume parfaitement l’histoire des décisions que j’ai prises ces deux derniers mois.
Je suis resté longtemps sous la douche. J’avais plein d’images qui se mélangeaient dans ma tête. Entre le visage de Marie et la silhouette de Fabien, je voyais Siegfried. Que j’ai aperçu à la dérobée vendredi après-midi.
Dans une vie antérieure j’ai dû être un chat : se déplaçant silencieusement mais irrésistiblement attiré par les bruits ou les trucs qui bougent. Et vendredi après-midi y’avait du bruit (mais c’était quoi cette m musique ?) et ça bougeait. Pas forcément en rythme, mais ça bougeait. Dans la bonne humeur plus que dans la rigueur des pas de danse.
Même pour rire, je n’aurais pas pu me montrer et participer. Je n’aurais pas pu me montrer mais j’envie ceux qui sont suffisamment bien dans leur tête pour oser. Je suis tellement gauche (on peut même dire extrême-gauche !) que je tombe dans le grotesque en moins de temps qu’il n’en faut pour l’imaginer, si l’idée me vient de laisser mon corps prendre son indépendance pour courir après le tempo.
Je n’ai jamais été à l’aise avec mon corps, je crois que tout ceux qui me connaissent un peu le savent, mais je suis fasciné par le corps des autres.
Et LE fantasme absolu ce sont les danseurs. Le fantasme du fantasme étant Jorge Donn quand il a dansé le Boléro de Béjart [2]. Ou mieux encore l’un des sept Vivancos qui accompagnaient Mylène pour son Timeless tour en 2013 [3]. Eux, ils ont même le mérite d’être des fantasmes vivants… Quand ils dégrafent leurs chemises noires… Mamma mia, je suis une flaque !
Ça dansait donc mais surtout ça s’amusait. Mon seul regret c’est que j’aurais bien volé une danse à Siegfried. Après tout, il a bien dansé avec Joseph… Mais je crois que j’en aurai profité un peu plus. Rien que pour me sentir serré par les bras d’un homme. Même si je ne suis pas fan des musiques entendues, il y avait des rumbas qui…
Mais bon. Je n’y étais pas, alors…
Mais bon, Siegfrid quoi !
Le voir danser avec Paul, les deux échangeant des regards à faire se pétrifier Méduse soi-même tellement ils étaient intenses et incandescents, ne pouvait que raviver mes doutes et les tortures mentales que je m’impose en refusant de vivre naturellement, à assumer la vie telle qu’elle est et comme elle vient. Toujours un masque. Toujours des masques. Je suis un carnaval de Venise à moi tout seul…
Alors que Come what may… cela pourrait faire une belle philosophie de vie pour un mec de 67 ans qui n’a plus de compte à rendre à qui que ce soit…
Come what may, ça pourrait commencer avec Théo. Ce matin, j’ai encore en tête ce qu’il m’a écrit : C’est la première fois que je suis tout seul sans mon grand frère
.
Bon sang, il aura fallu attendre qu’il ait 52 ans (ou 51 ? 53 ?) pour qu’il m’autorise à être son grand frère… Quand on était gamins, Maman me le confiait pour aller à l’école, pour le conduire au catéchisme, pour aller à la piscine. Je le trainais comme un boulet, il me subissait en me maudissant, ôtant sa main de la mienne dès qu’il était sûr que personne ne nous verrait… Des années plus tard, alors qu’il avait au moins 40 ans et moi plus de 50, nous nous étions retrouvés à devoir traverser un carrefour très fréquenté à Lyon. Et machinalement j’avais attrapé sa main pour l’empêcher de traverser alors que le feu n’était pas au vert. On avait ri, on l’avait raconté au cours d’un des derniers repas où nous étions tous réunis avec les parents et nos deux sœurs. Maman était toute attendrie. Seule Lucie avait murmuré entre ces dents que c’était nul.
Inconsciemment j’ai toujours eu envie de protéger Théo. Et Camille aussi, qui est la seule à devoir lever la tête pour me regarder, du haut de son mètre 48.
Il n’y a que Lucie qui m’échappe…
Un jour de colère contre elle, je lui avais suggéré de faire un test ADN, conne et méchante comme tu es, t’as été adoptée ma pov’fille c’est pas possible !
En fait Lucie, qui est ma cadette de 2 ans, aurait adoré être l’ainée. Je crois qu’elle m’en a toujours voulu de lui avoir volé la place et le pouvoir qu’elle imaginait accolé à ce rang. Surtout après que Papa et Maman nous aient raconté que j’étais le fruit d’un heureux accident. Ils voulaient des enfants mais auraient préféré attendre 1 ou 2 ans après le mariage avant d’avoir un gosse. Mais voilà, la fougue des 20 ans de mes parents avait eu raison de leurs décisions bien planifiées. J’étais né et j’ai été aimé sans retenue…
Tout ça c’est loin mais… Faut que je rapproche de Théo et de Camille. Ce sont les seuls avec qui je pourrai maintenant évoquer Papa et Maman.
…Suddenly my life doesn’t seem such a waste
It all revolves around you
And there’s no mountain too high
No river too wide
Sing out this song and I’ll be there by your side
Storm clouds may gather
And stars may collide…
Marie ? Je suis terrifié à l’idée de la recontacter dans la vraie vie.
Cette histoire de gamin qui ferait de moi un papa à 67 ans m’angoisse… et me chatouille, me fait chaud au fond du cœur en même temps. Je me suis toujours décrit comme trop égoïste pour me marier, pour avoir un enfant.
Mais s’il est là, si je n’ai pas à choisir, si je n’ai pas à décider de faire un enfant ou pas…
S’il est là…
Un petit bout d’homme dans lequel je vais avoir envie de chercher s’il a quelque chose de moi dans ses yeux, son sourire, ses attitudes. Je suis tout attendri en imaginant sa main dans la mienne, sa main que j’attraperai avant de lui faire traverser un carrefour…
Come what may…
…Come what may
I will love you
The greatest thing you’ll ever learn
I will love you
Come what may
Yes I will love you
Come what may
I will love you until my dying day…
Siegr Fabien… Fabien à qui je pourrais chanter sans mentir Jamais encore je te le jure / Je n’ai pu oublier ton corps. [4] Voir Siegfried danser avec Paul n’a fait que raviver ce manque. Non pas qu’il lui ressemble, mais cette complicité amoureuse, cette fusion, je suis reparti 10 ans en arrière…
M’aimerait-il encore ?
Est-ce que j’oserais - conditionnel - ou j’oserai - futur - lui demander de m’épouser ?
Est-ce qu’il accepterait mon fils ?
Je sais qu’il ne m’a pas oublié, il m’envoie toujours un mot pour mon anniversaire. Je ne lui ai jamais demandé quoi que ce soit sur sa vie. Je me contente de ce Je t’aime toujours tu sais
qui ponctue chacun de ses textos avec le smiley visage avec des cœurs dans les yeux…
Je pourrais lui proposer de venir passer quelques jours près du lac Léman quand j’aurai trouvé mon nouveau point de chute. S’il me dit non, ben tant pis, j’aurai essayé…
S’il dit oui… Come what may…
Ce soir, au restaurant, je vais goûter au Michon (galette au comté) accompagné de purée de courge et oignons caramélisés et à la Tarte au quemeau (tarte au flan aux œufs et à la fleur d’oranger).
Burp.
Notes
[1] Come what may - BO Moulin Rouge - 2001
[2] Boléro de Ravel - Chorégraphie M. Béjart - soliste Jorge Donn - 1982
[3] Timeless tour 2013 - Porno graphique
[4] Serge Lama - d’aventures en aventures - 1968
1 Commentaire de Avril -
Pas la peine que je revienne là-dessus :
Côme en a très bien conscience :
Oui, Côme, tu as une relation S&M avec toi-même…
Heureusement le dernier paragraphe me redonne espoir pour toi…
Après avoir regardé la vidéo de la note numéro 3, je m’interroge : Puisqu’on est dans le registre du fantasme… Pourquoi se limiter à un seul des Vivancos quand on peut se taper les sept ? :p
2 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Avril : Réaction instantanée : GROS mais alors TRES GROS éclat de rire !
3 Commentaire de Paul Dindon -
Peu importent “les musiques entendues”, seul compte la chaleur humaine, la convivialité, les rires. Côme aurait dû s’inscrire à cette après-midi danse de salon. Hop, hop, hop, Siegfried emmène Paul et Paul emmène Siegfried loin des convoitises :-)
4 Commentaire de Julien -
Mais euh, « Côme » c’était pas un pseudonyme juste pris pour l’auberge ?
5 Commentaire de Kozlika -
Contente d’en apprendre plus sur la fratrie et bon app (burp) !
6 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Julien : si, pourquoi ?
7 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Julien ; Je viens de comprendre ta remarque et j’ai modifié mon texte en conséquence. Merci pour ta vigilance ;-)
8 Commentaire de Julien -
Avec plaisir !
Je crois qu’il en reste encore un peu dans les anciens textes (genre dans Beauty and the Beast).
9 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Julien : vu et corrigé là-bas aussi !
C’est déjà dur d’être Côme-auteur et Côme-marionnette. Mais je jongle aussi avec un Côme-marionnette, paravent de Rémi…
Comment espérer avec tout ça que j’ai un comportement normal ? Je vous rassure, je suis en accord et en harmonie avec (presque) nous tous !
10 Commentaire de Sacrip'Anne -
Alors ce repas, c’était bon ? (burps)
11 Commentaire de julmud -
Merci pour ce lien vers Le Boléro dansé par Jorge Donn ! Je l’ai longtemps cherché, sans jamais réussir à trouver autre chose que des extraits jusqu’ici. (Même si je fantasme plus sur la version dansée par Elisabet Ros personnellement… 😉)