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Mela Brinderbe

Chambre 15

Un indien à bretelles et un verre de crémant.

Sur la route qui longe la Loue, puis Valdahon, j’admire les toitures en tuiles vernissées et les clochers aux formes arrondies.

Quelques montbéliardes moches mâchent mal, mais me matent, mollement..

C’est un début prometteur.

Je passe Baume les Dames presque sans m’en rendre compte. Je vois un homme, puis deux, puis plusieurs encore… étrange pour cet endroit. Peut-être suis-je à Baumes-les-messieurs.

J’aurais du plus me couvrir. Il fait frisquet en ce début de septembre !

Cette tenue d’indien cheyenne est trop légère, seuls les mocassins fourrés tiennent chauds.

L’arc m’encombre un peu. Je l’utilise tel un instrument pour jouer et méditer.

Les peintures sur le visage me plaisent. Deux lignes bleues sur le front et un zébra sur la joue.

L’air est vraiment frais en ce début de septembre. Je ne déteste pas et ça me rappelle…

Paysage, nuages, forêt…

Qui suis-je ?

Je ne sais plus. L’ai-je su ?

Ne plus avoir de souvenirs c’est s’emmêler et se sentir perdu et seul.

Me reste le langage de l’invisible…

Seules deux images me hantent : un regard qui me fixe et un objet qui oscille.

Tic tac… tic tac…

Des cris qui crissent l’asphalte.

Une silhouette qui se dessine et me prend la main.

Maladroitement. Comme par erreur.

La Harley Davidson bleue turquoise pétarade et mon casque à visière orange fluo sur laquelle trône une feuille d’arbre me donne sans doute un drôle d’air penché.

Ça me rappelle Italo.

Si par une nuit d’hiver… mais l’été se termine.

Encore quelques lacets et l’auberge apparaîtra dans les faisceaux lumineux de ma machine.

On m’a dit que ce séjour pourrait me faire du bien.

On, c’est ma thérapeute. Je ne l’aime pas.


L’aubergiste m’accueille.

Elle est sympathique et irradie gentillesse et empathie.

Elle me donne les clefs de la chambre et me rappelle l’heure du petit déjeuner. Je l’imagine une crêpière à la main, du jambon et un œuf. Étrange cette association d’idées.

Elle sent la cannelle et le pain brioché.

Un gars à l’air jovial se tient entre deux portes. Il ricane.

Une jeune femme me dévisage.

Une de mes plumes est mal placée, ce doit être pour ça.


La chambre est agréable et spacieuse. Numéro 15. Les boules gigantesques vont-elles encore apparaître ? Je ne veux pas être un numéro !

Une bouteille de Crémant du Jura est placée bien en évidence avec un verre.

Belle attention.

Quelques fleurs de gentiane en papier crépon, c’est original.

J’attends le bruit d’une horloge comtoise au loin. Mon imagination peut-être,

Pour l’instant, je n’ai encore rencontré personne à cet étage mais des effluves d’encens virevoltent.

J’ai l’impression que j’ai toujours aimé cette odeur.

Vraiment sympa ce lieu.

Il me semble que la terrasse est commune à plusieurs chambres.

C’est calme. Tiens ! Une sorte de hululement …

Je médite un peu, j’observe le ciel, j’hume l’air et je bois à même la gourde, une préparation à base d’orties et de consoudes.

Je l’ai aromatisée au kirsch pour le goût.

Un arrosoir d’eau, une cuillère à soupe de kirsch de Fougerolles, deux bons kilos d’orties et quelques fleurs séchées de consoudes.

J’en bois presque tout le temps.

Je vais dormir. Ce voyage m’a épuisé. Allez j’entame aussi le crémant !

Ça y est. Mela Brinderbe est arrivé.

C’est quoi ce prénom ? Une idée de ma thérapeute ?

Qu’elle aille au diable !

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