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Calliste Saunier

Chambre 3

Les yeux qui brillent des filles heureuses à vélo

J’ai passé le week-end à sourire en voyant Mathilde tourbillonner de partout avec sa copine Adèle, entraînant dans leur sillage un jeune ado tout à fait heureux de se laisser faire. Et finalement nous ne devons pas avoir l’air trop différentes, Élisa, Natou et moi, robes virevoltantes sur nos vélos, à rire et papoter sur le chemin vers la ferme. Et oui, j’ai bien attaché mes bottes sur le porte-bagage. Non mais !

Je les avais surtout croisées lors de notre premier séjour mais l’envie de nouer le contact était là. De part et d’autre visiblement !

Elles sont radieuses, toutes les deux. Natou m’a résumé dans les grandes lignes le départ de Toni, puis les révélations sur sa famille. Elle a l’air presque plus remontée contre sa famille à elle que contre les mafieux… en attendant, moi qui espérait quelques plans marseillais, voici qu’à part les calanques, il n’y a rien à sauver dans cette ville ! “Heureusement, toi tu amènes ton homme, il n’est pas comme eux, peuchère. Sinon je te dirais bien de rentrer au couvent directement, té”.

Quoi qu’il en soit elle a retrouvé l’amour dans les yeux et les bras de son petit prince, le fils du fermier. Elle n’en a plus que pour Saint Exupéry, Pennac et Prévert, qui vont fort bien à sa gentille pétulance coutumière. Je suis bien contente pour elle, elle a dû en vivre des vertes et des pas mûres, cet été.

Elisa-June semble parfaitement heureuse de son histoire avec Javot, le réalisateur. Mais que mettent-ils dans l’eau, dans le Jura ? Je ne voudrais pas m’avancer sur des sujets sur lesquels je ne suis pas compétente, mais en dehors de ses yeux qui brillent de joie, elle a une petite mine et nous a fait arrêter deux fois pour des histoires de lacet et de pipi derrière un buisson, mais j’ai eu l’impression qu’elle était malade. On dirait ces anciennes collègues qui arrêtaient subitement les apéros et passent leur temps aux toilettes… quelques semaines avant de nous annoncer un heureux événement.

Enfin peut-être que je me trompe et qu’elle a juste une gastro, hein.

Arrivées à la ferme, j’ai éclaté de rire en voyant la taille de l’exploitation ! Elle est bien plus grande que celle des parents d’Artus. J’ai partagé mon hilarité avec le Petit Prince qui m’a trouvé sans doute bien naïvement parisienne.

Ça n’était en plus pas du tout l’heure de la traite, mais il m’a proposé de revenir un jour pour voir comment ça se passe. J’emmènerais bien Artus, lui aussi il aime la vie des fermes, forcément !

Avec Élisa on a laissé un peu Natou roucouler et on a parlé de nos histoires à nous. Inattendues. Spectaculaires. Inespérées. Du genre qui laissent essoufflées, heureuses, un peu craintives aussi à l’idée qu’on a maintenant quelque chose à perdre. Mais surtout pleines de vie et de joie.

Je n’ai pas osé lui poser la question sur un éventuel bébé. Il est sans doute trop tôt pour qu’elle en parle. Et puis j’ai assez galéré avec Mathilde pour ne pas imposer cette question à qui que ce soit d’autre.

Natou, elle, nous en a posé une bien gratinée, de question. Comment on se décide quand on a le choix entre deux bonnes propositions ? Ahlala, si j’étais douée pour ça, mon abruti de psy serait moins riche ! Pile ou face ? Liste des plus et des moins ? Je lui ai suggéré de s’imaginer dans chacune des situations et de mesurer la taille de son sourire. Élisa de son côté proposait une méthode adaptée de la correction des copies (celle qui descend le plus bas dans l’escalier a la meilleure note).

Bref, nous voici redescendues, à coups de mollets vifs, de rires joyeux et de projets radieux. Moi bien contente de mes nouvelles copines. Artus content de mon rose aux joues et de son travail à la lumière du matin.

Ça ne ressemblerait pas au bonheur, des fois ?

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