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Pétronille Delatour

Chambre 18

Un goûter

Pollox  Lundi 6 septembre 14:00

Cette soirée au Loto avait été bien plus divertissante que je ne l’envisageais. J’étais en grande forme, bien que couchée fort tard.

J’ai déjeuné au restaurant. J’ai mangé avec grand appétit une galette au comté nommée Michon accompagnée d’une purée de potiron, délicatement beurrée. Un régal. J’ai dédaigné les oignons confits, bien que fort appétissants ils sont lourds à digérer. La tarte aux mirabelles m’a rappelé celle de Madeleine.

Il faudra que je pense à féliciter la cuisinière, c’est un chef !

J’ai aperçu Mme Jeanne Lalochère. Elle a l’air bien fatiguée, les traits sont creusés, mais le sourire toujours avenant. Il faut tout de même une belle santé pour mener un établissement de la sorte. Sa façon de s’adresser au personnel est à la fois très professionnelle et très prévenante, je ne l’ai jamais entendu hausser le ton, c’est si rare… Pour ce qui est de la clientèle, l’accueil est impeccable. Courtois, discret, de bons services, je remercierai ce cher Émile d’avoir trouvé cette adresse.

Émile a pour passion son ordinateur et les réseaux amicaux sur lesquels il passe beaucoup de temps en dehors de ces heures de services. Il n’a pas son pareil, à bientôt 62 ans pour réserver à la hâte, une table de restaurant, trouver un avion en dernière minute, ou un hébergement.

— Pétronille j’ai retenu pour vous, une chambre à l’Auberge des Blogueurs, tout près de Pollox. Cela me semble de bonne tenue. Ils ont un site internet de toute beauté. Mes yeux fatigués n’ont eu aucune peine. C’est bon signe. Et pour la réservation, tout s’est parfaitement déroulé. Un site internet soigné, c’est un établissement de confiance Mademoiselle Pétronille !

Il avait bien raison. Cette Auberge est bien tenue, mais elle a beaucoup d’autres charmes.

L’après-midi m’a permis de finaliser le dossier comptable que je souhaite transmettre au domaine. J’ai rédigé un mail pour Émile, il dirait au général que je rentrais bientôt. Je n’avais pas l’intention d’écrire au général avant mon retour. Je souhaitais lui parler, face à face.

Puis il fut l’heure de dîner, je n’avais pas très faim, une pomme a fait l’affaire à 20:00.
20 heures déjà !
Il eut été déraisonnable de téléphoner à Laurent à une heure aussi tardive.
Demain, demain assurément, à la première heure.


Pollox Mardi 7 septembre 8:10

— Bonjour Laurent, c’est Pétronille Delatour, je ne vous dérange pas ?
— Mais non, que dites-vous là ? Jamais Pétronille, vous ne me dérangez jamais. Êtes-vous de retour ?
— Non Laurent, je ne suis pas rentrée. Les évènements ici sont plus complexes que je ne l’espérais, je rentrerai la semaine prochaine. J’avais envie de vous entendre.
— A… A… Allez-vous bien Pétronille ? Vous paraissez, soucieuse. Avez-vous besoin d’aide ?
— Non, merci de votre sollicitude. Je vais bien, différemment, mais bien. Auriez-vous un moment à m’accorder la semaine prochaine ?
— Pour un entraînement ! Bien sûr Pétronille avec joie. Un matin de bonne heure il fait encore chaud.
— Je pensais, plutôt, un après-midi. Vous ne travaillez pas le vendredi après midi Laurent ?
— Non, non. Tout à fait, c’est possible, si vous préférez. Retrouvons-nous au stade Lumière dans ce cas.
— Je pensais, plutôt chez vous.
— …
— …
— Chez moi ? Chez moi, mais tout à fait, mais oui bien sûr, vendredi, c’est bien ça, vendredi en 8 donc, n’est-ce pas ? Tout à fait. Je vous attendrai Pétronille, je prépare un goûter et vais faire quelque ménage.
— …

Il avait raccroché.

J’avais le sourire aux lèvres, celui d’une promesse. Je suis sortie prendre un peu d’exercice en me promettant de lui envoyer un message texte, pour qu’il ne se donne, surtout pas, la peine de préparer un goûter.


Pollox mercredi 9 septembre 10:00

Je me suis préparée pour la visite au domaine. J’ai prévenu Mme Lalochère que je ne rentrerai pas prendre ma chambre ce soir, une réception est organisée et mon hébergement prévu. Nous avons du travail pour les formalités, deux journées ne seront pas de trop.

Ce matin j’ai couru avec une jeune personne Elisa je crois. Techniquement c’est plutôt elle qui m’a couru après. Pauvre petite chose, elle manque de poumons, mais elle est très sympathique. J’étais d’humeur taquine et… très motivée. Elle loge chambre 17 et mes oreilles me disent, que ses nuits, et ses jours parfois, sont l’objet d’agitations nuisibles à un entrainement efficace.

Quoique il faudrait peut-être une étude approfondie sur ce sujet…

Pétronille ! Tout de même… Vous vous égarez.

La route jusqu’à Pollox est magnifique. J’aime de plus en plus ces bois de sapins. Je me sens étrangement calme.

Celui d’avant la tempête, aurait dit Madeleine.

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