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Natacha, dite Natou 13

serveuse

Premier jour du reste de ma vie

Lundi matin, je me suis levée tôt. Fan ! je voulais voir Sébastien avant de prendre mon service à la réception. Salette ! Je l’avais pas revu depuis sa lettre, mercredi dernier déjà ! Mamamia, ça me fait comme si ça datait de l’an pèbre et pourtant j’ai pas vu le temps passer avé tous les évènements. Enfin Bref, me tardait de le revoir.

Tsé ! Quand je suis arrivée à la ferme, y buvait son café assis sur le banc où qu’on s’est rencontré. J’ai posé mon vélo, je me suis assise à côté de lui. Il a rien dit et moi j’avais tellement de mots dans la teste que je savais pas par où commencer ! Et je me disais « par le début Natou ! Par le début ! »

- J’ai bien eu ta lettre.
- …
- C’est une drôlement belle lettre.

Il a posé sa main sur la mienne. Oh bonne mère ! Que j’aime quand y fait ça ! Il a la main toute chaude et un peu rugueuse, elle fait deux fois la taille de la mienne, et c’est tout doux en même temps ! Enfin bref.

- Sébastien, je vais te raconter toute mon histoire, pace que je veux pas de secret entre nous, pas de mensonge, jamais. Même les choses difficiles ! Même ce qui fait peur ! Faudra se le dire ! Là, tu vois j’ai peur de te raconter pace que c’est une histoire de fada et que tu pourrais peut être changer tes sentiments. Mais j’aime mieux que tu saches et après se sera ton tour. D’accord ?
- Tu n’es pas obligé de me dire Natou.
- Mais je veux te dire !
- C’est d’accord.
- Et après tu me diras ?
- Oui.

Alors je lui ai tout raconté, sans le regarder jamais. Ça a été dur de parler de Toni, j’avais honte ! Fatche ! Dire que j’ai aimé cte brute ! Bé, j’ai pleuré aussi quand j’ai raconté pour mon père et son assassinat ! J’y ai aussi dit toute ma colère contre ma famille qui m’a fait tant de secrets ! Bonne mère ! A la fin, je me suis sentie toute vide mais toute calme aussi.

Il a rien dit pendant un petit moment. Mon cœur a s’est remis à faire le fifou ! Té, je l’ai regardé, pour voir sa tête ! Oh Fan qu’il est beau mon petit prince ! Il a passé sa main sur ma joue. Il a rien dit ! Nada ! Tsé quoi ? C’était bien comme ça. Avé ses yeux, y me disaient ce que je voulais savoir.

- A toi maintenant.
- Ok. Je m’appelle Sébastien, J’ai 27 ans.
- Tu fais l’andouille ! ça je le sé !
- Attends la suite !

Et y me fait un petit clin d’œil, là, celui qui me fait rire et qui me donne envie de me jeter dans ses bras !

- Comme tu le sais aussi, ma mère est morte quand j’avais huit ans, d’un cancer. Mon père s’est remarié quand j’avais 11 ans, et mon petit frère est arrivé quand j’en ai eu 12. J’ai vécu à la ferme jusqu’à mes 15 ans, après je suis allée au lycée en internat, je ne rentrais que le week-end, autant dire que je n’ai pas bien connu mon petit frère et qu’aujourd’hui encore, nous ne sommes pas aussi proches qu’on pourrait le souhaiter.
J’ai eu des amourettes d’adolescents, souvent pas réciproque, les filles à l’époque me trouvaient « trop gentil » alors j’étais plutôt le bon copain, elles se confiaient à moi et j’ai beaucoup appris en les écoutant sur la cruauté et la bêtise des garçons de mon âge.
Après mon bac, j’ai arrêté mes études et j’ai voyagé pendant deux ans. J’ai fait l’ouvrier agricole à travers l’Europe. Je suis tombé amoureux d’une jeune femme en Grèce. J’y suis resté un peu plus longtemps. Mais elle m’a quitté pour un gars de son village, revenu après un an d’absence. Je pouvais pas lutter, ces deux-là s’aimaient bien avant que j’arrive. Enfin bref, j’ai cru dur comme fer que l’amour, c’était pas fait pour moi et je me suis tenue à l’écart des femmes jusqu’à… Toi.
- …
- Tout le monde dit de moi que je suis un grand rêveur. Ils disent ça parce que j’aime lire et que je peux passer du temps à regarder, juste regarder et pour les gens d’ici, lire et regarder c’est « ne rien faire ». Mais comme j’ai montré par ailleurs que je n’étais pas paresseux, alors on dit « rêveur » plutôt que « fainéant » ce qui me va bien, je trouve.
J’ai repris des études à mon retour et me voilà diplômé, avec des rêves plein la tête que j’ai bien envie de réaliser. Je n’ai rien vécu d’extraordinaire, je suis un gars très banal tu vois.
- Et bé ! Tant mieux !

Y m’a refait son regard là ! Et cette fois ci je me suis pas levée d’un bond ! Oh Bonne mère ! Jamais j’oublierai ce premier bisou ! Et pi la suite ! Bé c’est privé !

J’ai foncé sur mon vélo pour être à l’heure à la réception. Un coup d’œil vite fait dans le rétroviseur d’une voiture, j’ai refait mon chignon, et je suis arrivée pile à l’heure !

Et alors là ! C’est la surprise du chef, le pompon de la pomponnette ! Qui je vois débarquer ? Paul ! Mr Dindon ! En personne ! Le voyant qu’est revenu ! J’ai bien failli lui sauter dans les bras tellement j’étais contente de le voir, là aujourd’hui, après tout ce qui m’était arrivée ! Mais j’étais de service, alors je me suis tenue ! Enfin, je me suis tenue jusqu’à qu’y sorte son petit cadeau ! Une peluche de Dindon (rapport à son nom de famille) pour pas que je l’oublie qu’y m’a dit ! Ça ! Je pourrais jamais l’oublier même après mille ans, même si je travaille dur pour oublier tout mon passé, lui je le garde ! Lui, C’est le début de ma chance ! Enfin bref, avé le cadeau, je pouvais pas rester professionnelle, bé, j’ai craqué ! J’y ai fait un câlin ! Mais, personne n’a rien vu tsé ! Et py Paul, c’est comme Jojoff, je peux pas faire comme si c’étaient que des clients, c’est des amis, et pi comme June aussi et son Javot ! Avec eux, je peux pas. DameJeanne, je suis sure qu’elle comprendra que des fois, l’amitié, passe devant le travail !

Avec tout ça, je vous ai même pas raconté la randonnée d’aujourd’hui ! Mais j’ai plus la force, là, je vous raconterais ça la prochaine fois ! Promis !

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