Mardi 1er septembre
Quelle première soirée !
Arrivée au restaurant hier soir, la patronne m’a gentiment indiqué qu’une table existait pour les gens qui ne souhaitaient pas manger seuls. Comme si elle lisait dans mes pensées. Deux femmes y étaient déjà installées, l’une d’entre elles m’a souri quand j’ai regardé dans leur direction, il n’en fallait pas plus pour me décider. Quelle meilleure occasion de commencer à découvrir les résidents de cette auberge ?
Je me suis installée et brièvement présentée. Ma voisine, une jeune femme au regard enjoué mais déterminé nous a raconté qu’elle avait passé 6 ans dans l’armée. Elle m’a l’air d’avoir une histoire assez incroyable. Des liens avec le Japon, l’armée, une discipline de fer. Et aussi plein de sœurs, moi qui suis seule, ça me fait rêver mais à l’entendre, je ne suis pas sûre que ce soit tous les jours un cadeau. Mais quand je lui ai fait part de mon admiration quant à son parcours et son air de savoir où elle fonçait, si jeune, j’ai cru voir un voile passer devant ses yeux. Encore perdu une occasion de me taire, comme si je ne savais pas que ce qu’on projette est souvent très loin de ce qu’on ressent. En tout cas, elle me plaît, j’aime les gens qui ne me ressemblent pas.
Le temps que ma salade de betteraves arrive, un homme s’est installé en face de moi. M. Brisette a l’air fort sérieux mais aussi très avenant. Il a remarqué le tatouage de sa voisine, Julia, qui porte un petit triskell derrière l’oreille. Il ne nous en a pas fallu plus pour tous embrayer sur la Bretagne. Je me suis un peu laissée emporter sur mes vacances à Saint-Malo au printemps passé et mon amour des langues minoritaires. Rétrospectivement, je me dis qu’elle a dû rire sous cape de mes envolées lyriques sur un sujet dont objectivement je ne connais rien. Heureusement, je me suis assez bien tenue pour ne pas parler de la pluie ou des bottes Aigle que j’avais achetées pour l’occasion et jamais mises. Je n’ai pas très bien compris ce que Julia faisait dans la vie, mais elle nous a raconté que c’était son deuxième séjour à l’auberge et elle m’a vivement recommandé d’explorer la forêt aux alentours. Elle n’a pas l’air tellement plus vieille que moi, mais il y a chez elle quelque chose qui me donne envie qu’elle soit ma maman.
M. Brisette, lui, est lyonnais. Très cultivé, poli et se laissant même aller à l’autodérision à la fin du repas. Tout à fait le genre à plaire à ma mère, mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas l’apprécier. Surtout qu’il m’a l’air gourmet. Il est définitivement trop vieux pour être celui que je recherche, cela dit.
Pendant que nous devisions tous les quatre, une jeune femme et un homme plus vieux s’étaient installés à côté de nous. La jeune femme n’a pas levé le nez de son carnet avant l’arrivée de son plat et l’homme a tenté d’engager la conversation avec nous tout en la réprimandant gentiment. Je n’ai pas très bien compris si c’était son oncle, un mari plus vieux un peu patriarche ou je ne sais quoi. Ils avaient une sorte de complicité bienveillante tout en gardant une certaine distance. Julia a raconté qu’elle connaissait le chat de la clairière qui avait probablement servi d’inspiration à des dessins qu’elle avait vus dans la bibliothèque, Margaux, la jeune femme a semblé s’animer. Tout le monde s’est mis à parler de la forêt et du lac avoisinants. Une famille s’était encore installée en bout de table et ils nous ont fait l’article d’une randonnée qu’ils comptaient faire aujourd’hui en compagnie d’autres résidents de l’auberge. J’aurais adoré y aller si j’étais vraiment en vacances. Cela dit, je leur souhaite bonne chance, leur garçon avait le nez rivé sur son écran pendant tout le repas, je ne suis pas sûre que ça soit si facile de le traîner en balade. Enfin, pour ce que je connais aux enfants… Je ne lui ai même pas vraiment adressé la parole d’ailleurs, je ne sais jamais quoi dire aux personnes de moins de 18 ans. Je ne sais d’ailleurs même pas s’il faut le qualifier d’enfant ou d’adolescent. Bref, il avait l’air de s’ennuyer jusqu’à ce qu’Arsène et lui se branchent sur l’histoire médiévale, je crois (j’avoue ne pas avoir tellement suivi). Surprenant de le voir prendre vie comme ça ! Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de discuter avec ses parents non plus. Son père est le seul convive masculin qui pourrait correspondre à ma recherche au niveau de l’âge, mais à moins que la femme et l’enfant soient une très bonne couverture, ça ne colle pas.
Avec tout ça, j’ai passé une excellente soirée et j’ai trop mangé (le brochet était à tomber) SI j’ai bien compris, la dessinatrice et son compagnon partent ce matin mais j’aurai plaisir à retrouver mes autres compagnons de tablée dans les prochains jours.
Rapport de mission – mardi 01/09/20
Aucun Claude n’était présent au repas du lundi 31
Au moins deux hommes dont l’âge pourrait correspondre semblent résider à l’auberge :
* Ronald Marlet, âge en rapport, mais femme et enfant
* Un homme qui dînait avec une jeune femme, à creuser
1 Commentaire de Sacrip'Anne -
Mais qui quoi que donc qu’est-ce cherche Caroline ? Mystère !
2 Commentaire de Pétrotrice -
Quelle tablée !
3 Commentaire de Come-de-la-caterie -
S’il n’y avait pas eu le “rapport” en fin de message, je lui aurais conseillé de télécharger l’appli Tinder…
;-)
4 Commentaire de Ginou -
Mais qu’est-elle venue chercher dans cette Auberge tranquille ?
5 Commentaire de Avril -
Vous n’avez pas peur qu’elle fasse des révélations qu’on n’a pas envie d’entendre ? F34R !!!
6 Commentaire de La commanditaire de Caroline Etienne -
A mon avis, Caroline est sur Tinder! Je suis pas sûre qu’elle trouve ce qu’elle est venue chercher par contre (elle devrait bientôt être plus explicite)
7 Commentaire de Jeanne Lalochère -
Intriguée aussi par l’enquête de Caro.
Ces tables de convivialité m’interpellent : quelqu’un a déjà expérimenté pour de vrai ?
8 Commentaire de Avril -
Jeanne : Oui. C’est pour cela que j’en ai parlé à Natou sur le forum ou dans les commentaires, je ne sais plus. Vu pour la première fois en Espagne. J’ai testé. Verdict : plus jamais. J’ai revu ce concept dans un reportage au JT, à priori, cela aurait tendance à se généraliser dans les resto bobo et bio qui veulent jouer la carte du relationnel et du convivial… Thanks, but no thanks.
9 Commentaire de Pétronille -
En Suisse alémanique c’est une pratique assez courante que ces tables partagées ou tout le monde s’installe étonnement (ce n’est pas très cohérent avec ma représentation mentale de la Suisse).
En Espagne aussi c’est assez courant, et en Grèce. Enfin bref, chez nous c’est une tendance branchée ailleurs, culturel…
10 Commentaire de Kozlika -
Chez Chartier, du temps où ça n’était pas un piège à touristes mais un vrai restaurant ouvrier, on remplissait les tables complètement au fur et à mesure des arrivées, mais ce n’était que des gens qui mangeaient avant de repartir bosser et c’était valable pour tout le monde, pas des tables dédiées.
11 Commentaire de Bernard -
Les grandes tables en bois de la forêt noire avec leurs pichets de vin blanc font partie de mes meilleurs souvenirs d’ado — Hic ! ;-)