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Joseph Midaloff

Chambre 12

Elle est belle quand elle dort pas

Encore levé aux horreurs. Descendu avec mon cahier dans le salon, il commence à faire trop frais à cette heure pour rester assis dans le patio. Je n’ai pas croisé les donzelles qui cavalent. Elles ont peut-être réussi à vaincre leurs insomnies les veinardes. Saloperie de boulot posté qui te dézingue ton sommeil des mois, des années après avoir arrêté.

Je n’avais pas trop d’idées de quoi écrire. On est bien ici, on profite du bon air, de la bonne bouffe, de nous. J’ai posé mon cahier et j’ai pioché dans la bibliothèque. J’en connais pas beaucoup des auteurs des bouquins qui sont là, j’ouvre au hasard et je lis quelques lignes pour voir si ça risque de me plaire.

Tombé trois fois sur la même phrase : « Qu’elle est belle quand elle dort. » ou équivalent. Trois fois. Pas très originale cette phrase et puis elle me plaît pas trop. Jamais je dirais ça pour ma Julie.

C’est pas qu’elle est moche quand elle dort, elle est belle tout le temps. Mais là où elle est la plus belle c’est quand elle bouge, quand elle parle, quand elle prend un bébé contre elle ou qu’elle passe son bras autour des épaules de Natou. Quand elle rit et même quand elle se fâche. Elle est belle quand on danse et quand elle me regarde avec les yeux pleins de nos 14 juillet et quand on oh la la. Quand elle est vivante quoi.

On s’est inscrits pour la rando demain. Niveau moyen paraît-il, ça devrait le faire. Natou viendra aussi, je suis bien content qu’on pourra passer un peu plus de temps avec elle. Julie et elle ont bien accroché, j’aime bien les regarder ensemble. On devait aller faire du vélo tous les trois cet après-midi mais la mominette est promue à l’accueil. La patronne sera même pas là pour la superviser, v’la la confiance. Fallait la voir nous dire ça avec sa joie qui se cache jamais, ça nous a même pas déçus du coup.

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