Informations sur l’accessibilité du site

Hugo Loup

Chambre 19

Le retour du pas prince pas charmant


Mardi… Il rentre… Dès mon réveil ces mots chantent dans ma tête. Ponctués par un “Enfin !” de temps en temps. Petit rituel du matin, puis de nouveau dans la forêt où je me décide à lui écrire, sans être sûre qu’il pourra le lire avant son départ. Lui dire combien il me tarde de le revoir. Et toujours cette appréhension de trop en dire, de le faire fuir. Comment puis-je avoir autant confiance en lui et si peur qu’il cesse ce… cet… cette… Je ne sais même pas quel mot mettre dessus. Tout ce que je sais c’est qu’il m’a manqué, que ces mails m’ont fait un bien fou, que son retour me donne une pêche d’enfer.
Tout ce que je sais c’est que je serai là-bas, à l’attendre.
Et son mail qui arrive au moment où j’envoie le mien. Et mon cœur qui bondit dans la poitrine, avant même de le lire. Ces mots, ses mots, qui anticipent mes attentes, mes espoirs, mes projets.
Oh ! Si tu savais combien combative je pars ! Je serai… je serai en retard si je ne pars pas maintenant ! Je veux prendre le temps de l’attente dans cet aéroport que je ne connais pas, dans ce pays où je n’ai jamais mis les pieds. Un doute, un tout petit doute en moi… que je chasse d’un revers de main mental. Vivre, pleinement, parce que je le veux !


Je crois que je n’ai jamais aussi mal conduit de ma vie. On ne devrait jamais conduire dans un état fébrile. Surtout sur ce genre d’engin. C’est qu’il faut savoir maîtriser la bête, somme toute assez rétive, au confort spartiate (c’est un euphémisme). Une fois garée, j’ai près d’une heure d’avance. Qui a dit que j’étais pressée de le revoir ? Installée sur une petite table où rien ne passe sinon un grand thé bien fort, j’ai pris ma plume et je tente d’ordonner mes idées. A quoi bon ? J’ai juste envie de déverser mes émotions, mes ressentis, avec l’impression d’écrire toujours la même chose, avec des mots différents.

Dès que la porte d’arrivée de son vol est annoncée, j’y file. J’attends. Je me suis mise un peu à l’écart. Va-t-il me reconnaitre dans ma tenue ?
Ce jeu entre nous sur le registre de mon métier, ma deuxième nature, j’ai décidé d’en jouer jusqu’au bout aujourd’hui. Je veux lui montrer ma détermination, ma force. Celles de faire face à tout. Brave soldat que je suis…
Et toujours ce doute en moi qui revient lancinant… Cette petite question, toute petite question. Vivre je veux ! Savourer chaque moment qu’il m’offre, que je lui offre.

Les gens commencent à sortir. Je le vois. Il me voit. Chabada-bada… Je lui saute dans les bras. J’ai à peine pu me satisfaire de son regard surpris. Plus que surpris. Je suis heureuse. Heureuse au-delà de tout.
Plus de doute, de question. Plus rien que ses bras autour de moi, que sa bouche sur la mienne, que sa voix dans mon oreille. Cette voix qui ne dit que ce que je pense aussi. Une certitude. Là, à cet instant, je suis à ma place.

Retour à la réalité, ou plutôt au parking. On s’arrête devant mon Highlander et je lui tends les clés, un sourire aux lèvres.

— Comment as-tu dit déjà ? Me donner l’assaut ? M’assiéger ? Trop tard Gumowski ! Je me rends !
Et son rire… son rire…

Haut de page