Le ciel est sans nuage, mais le vent a rafraîchi l’atmosphère. Beaucoup de promeneurs ont enfilé un lainage sur leurs tenues d’été. Je descends prendre un thé et je m’installe dans la véranda avec mon ouvrage pour dames. Je pose mon crochet sur mes genoux, avec ma pelote couleur d’absinthe, et je sirote mon breuvage en regardant onduler la surface du lac. C’est alors que je le remarque : il avance vers l’auberge sans déranger d’un poil les gravillons qu’Henri agence artistement chaque matin, composant chaque jour un autre tableau. On dirait que Yahto a grandi de l’intérieur, son pied foule le sol avec assurance et sa tête se redresse vers les nuages avec fierté. Aucune brume ne brouille plus son regard qui file comme une flèche et sans briser sa ligne. L’azur de son œil est devenu métal comme celui d’un oiseau de proie. Sa paupière cligne, les coins de sa bouche se relèvent à peine, je comprends qu’il me sourit. Mon frère a trouvé sa place, il a compris que ce qui fait la valeur d’un homme c’est sa droiture. Tout le reste n’est que littérature.
1 Commentaire de notafish -
“On dirait que Yahto a grandi de l’intérieur, son pied foule le sol avec assurance et sa tête se redresse vers les nuages avec fierté”.
Nokomis, tu as de ces formules…magiques. Merci pour ce billet magnifique et ce frère qui a trouvé sa droiture.
2 Commentaire de Kozlika -
Comme notafish, je suis touchée par la poésie de chacun des textes de Nokomis (ce qui n’était pas gagné car je ne suis pas très friande d’histoires mystiques).
3 Commentaire de Akaiaki -
Ah ! Yatho trouvant sa place, son azur devenu métal…que de significations pour moi
Et cette grande sœur au regard tendre et fier
<3<3
4 Commentaire de Sacrip'Anne -
Beau portrait de Yatho :)