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Arsène P. Brisette

Chambre 5

Comment qualifier cet échange ?

Samedi 22 Août

Retranscription d’une conversation avec mon fils Enguerrand.

« Bonjour Anggy ! C’est Papa, comment vas-tu ? »

« Eh ! Papa La forme… comme d’habitude »

« Et ta copine ? »

« Pareil ! En ce moment elle travaille au Revard à l’acro-branche. Tu as pu avoir Maman ? »

« Oui, elle m’en veut car je croule sous le travail et je ne pourrai pas assister au dîner qu’elle avait prévu avec Wallace et… Gromit (j’ai oublié son nom) du Lion’s… Il faudra-t-y aussi que j’appelle ta sœur d’ailleurs… »

« Tu sais Hermy, elle est pas si famille que ça, c’est plutôt pour faire plaisir à Maman et respecter le protocole. Et toi le Jura, tu t’y retrouves ? Du fayard, du frêne, de l’érable et de l’épicéa… »

« Tu es celui qui s’y connait, mais oui la richesse des parcelles saute aux yeux ici. L’exploitation me semble présenter moins de difficultés que par chez nous, c’est pour ça qu’ils ont le temps de faire des coucous et des pipes… »

« Et l’Auberge où tu es te plaît ? »

« Pour moi, ou pour toi, c’est ce qu’il faut ! Mets-y ta mère ou ta sœur et tu entendras couiner dans les terriers ! Tiens-y, j’ai même du resserrer les fixations du miroir au mur. Elles avaient un peu du jeu. J’ai toujours mon matériel dans la voiture pour les contrôles. D’ailleurs à l’accueil, ils m’ont regardé avec curiosité quand je suis monté dans ma chambre avec une boit à outil à la main. J’espère qu’ils ne vont pas me faire de remarques. Bref, des vis avec une empreinte en hexagone derrière un cache… »

« Oui, je vois… »

« Et tu me connais… j’aime à y farfouiller, et j’ai de la chance, et derrière le miroir j’ai trouvé… »

« Un billet de 50 ? »

« Naannn ! J’en suis pas là… »

« Une lettre ! Et venant sans doute de l’occupant de la chambre avant moi ! »

« Oh Papa !, une lettre d’amour que l”on aurait celé ? Such a romance ! »

« Non, pas vraiment, quoique des cercles auraient pu être laissés par des larmes et qu’un parfum de femme semble émaner avec légèreté du papier… »

« Et que dit cette lettre ? »

« C’est là où tu vas halluciner, comme vous dites de nos jours ! Tu es toujours abonné et lecteur de tous les jours du Dauphiné qui est Libre, ou bien ?»

« Du Dauphiné Libéré ? Oui, en papier et en électronique, oui ? »

« Et bien le texte dit ceci, et uniquement ceci :

19 mai 1990, dette payée, Antonio Manilla

»

«Vinzu ! Tu crois que c’est l’Antonio de la famille Manilla qu’ils ont mis sous les verrous ? D’un côté ça y pourrait se tenir, même s’ils sont plutôt du Sud, ils ont fricoté avec des familles qui font dans le bois. Alors Savoie, Dauphiné pourquoi pas le Jura. Des familles d’Italie, du Portugal, quelques gars du coins chez qui ils avaient mis des sous pendant la crise… Tu sais Zorzetti, Audisio, les Da Silva, les Vizioz-Granier… Et après ils collectaient les intérêts ou prenaient des grumes à des prix… Des dizaines de camions, à ce qu’on m’a dit… Mais je commence dans le métier »

« Tu vois Anggy, il y a toujours des choses qu’on ne saisit pas… J’aurais pu passer devant ce papier ou l’ignorer… mais il faut toujours que je passe une tête derrière l’envers du décor… En tous cas je vais poser la question pour savoir qui a pu laisser ce papier. La patronne va sans doute mettre en avant la confidentialité et la discrétion liée à sa profession… Sinon, j’ai repéré une serveuse qui me semble avoir du répondant et qui n’a pas ses yeux dans la poche. Sinonpeut-être le factotum ou le gardien de nuit, on pourrait partager un godet… »

« Tu m’y diras, Papa ? »

« Oui, mon petit, j’t-y tiendrai au courant. Mais j’ai un service à te demander… si tu peux regarder avec tes potes de l’ONF. J’ai l’impression que le secteur de Pollox n’apparait pas avec clarté sur les cartes IGN, ou bien… Si tu peux y vérifier que ton vieux n’a pas la berlue ça m’y ferait plaisir ! Je t’embrasse. Je vais manger. A bientôt.»

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