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Margaux Hoareau

Chambre 8

Le Grand Sommeil

Les rideaux de la chambre 8 s’ouvrent brusquement. La lumière fait apparaître Jérôme, l’air fâché, et la forme de Margaux qui grogne sous son drap.

- Ça suffit les conneries. Tu te lèves et on discute.

Margaux émerge de son lit toute habillée. Ses cheveux forment une masse dense au-dessus de sa tête, ses yeux sont cernés et son teint cuivré est terni.

- J’ai rien à dire.

- Vraiment ? Tu te couches en pleine nuit, dors jusqu’en milieu d’après-midi et disparais le reste du temps mais tu n’as rien à me dire ?

- Je suis adulte et t’es pas mon père !

Jérôme est blessé. Il garde le silence avant de reprendre.

- C’est vrai. Je n’ai rien fait pour ça, pas même depuis notre arrivée. Mais je suis celui que ta mère a appelé en panique parce que tu n’as pas donné de nouvelles depuis des jours.

Margaux grogne encore.

- Elle a appelé tes amies de Paris avant moi. Elles aussi n’ont pas eu de nouvelles depuis dimanche. Et elles avaient peur pour toi ! Pourquoi tu ne m’as pas parlé de la mort du vieux russe ?

- Pourquoi je t’en aurais parlé ?

- Parce que je suis là.

- Tu es là ? Première nouvelle.

- Je ne suis pas très disponible, mais…

- Tu n’es pas disponible du tout !

- Je vais l’être maintenant. J’ai posé des congés pour le reste du séjour.

- Vraiment ? doutes

- Mon chef n’est pas content, mais j’avais trop de jours à prendre pour qu’il discute. Et puis tu m’as fais vraiment peur hier soir, quand tu n’es pas rentrée en même temps que les autres du marché de nuit.

- Le… Il y avait un marché de nuit ?

Margaux se rassoit, confuse. Jérôme s’installe à côté d’elle et la prend dans ses bras. La jeune femme se met à pleurer en silence.

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