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Delphine Cantin

Chambre 10

Sidney Eliott Jackson

— Oh ! Delphine ! Quel bonheur de vous rencontrer ! J’ai trouvé un document qui pourrait vous intéresser.

(Delphine s’approche du Dr Shamonda, qui sort des feuillets de son cartable)

— Regardez ce que j’ai découvert grâce à l’association Jura-Québec : Les soldats canadiens n’avaient pas le droit de consommer de l’alcool dans les bars et auberges. Les responsables des débits de boissons qui se faisaient prendre écopaient d’une amende. Or, dans les registres, j’ai retrouvé à plusieurs reprises le nom de la mère de Firmin, Augusta Cantin. Elle tenait un café à Rochepierre-le-Bas et ce qui a attiré mon attention, c’est que toutes les amendes concernent le même client, un dénommé Sydney Eliott Jackson. En octobre 1917, peu après son arrivée, elle lui sert un verre de vin blanc, puis de la bière, à plusieurs reprises, courant 1918. Elle écope chaque fois d’une amende d’un franc.

— Quelqu’un devait la dénoncer…

— C’est possible. Cela devait faire jaser qu’Augusta fréquente un soldat noir. Mais ce n’est pas tout : j’ai découvert aussi que Sydney est mort en novembre 1918, à la suite de blessures accidentelles dans la forêt de Lajoux… Il a été enterré dans le cimetière de la commune. Dans les mois qui ont suivi, Augusta a fermé son café et a quitté la région.

— Elle est rentrée dans sa famille. Firmin est né le 10 mai 1919, et un voile a recouvert son histoire. Firmin est décédé juste après son mariage. Mon beau-père ne l’a pas connu, et personne ne se souvient de lui. Vous en savez davantage sur Sydney ?

— Il était né à New Glasgow, en Nouvelle-Ecosse en 1891. Sur sa fiche d’incorporation, il indique être laboureur. Il a toujours voulu combattre et a été refoulé plusieurs fois des bureaux de recrutement avant que le 2e Bataillon de construction ne soit formé, pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’effort de guerre à l’étranger. Il y a de plus en plus de recherches sur cette compagnie, elle sort peu à peu de l’oubli. Certains soldats ont eu un destin funeste, l’un d’eux a même été battu à mort… Peu à peu, la mémoire de ces hommes revient à la lumière.

(Delphine répète plusieurs fois le nom à voix haute)
—Sydney Eliott Jackson… Je ne vous remercierai jamais assez. C’est si important pour nous et notre fils Dylan !

(Les deux femmes s’étreignent avec émotion)

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