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Livia Agostini

Chambre 2

GRRRrrrand RRRrrrespect !

Oh Gianni, mon fils, comme je suis malheureuse.

En m’épargnant, la Faucheuse s’est jetée sur un autre client de cette auberge maudite. Un vieil homme, celui que je voyais toujours accompagné d’un autre qui lui était tellement dévoué.

Tu sais comme j’aime écrire des lamenti, ces chants magnifiques de notre île qui célèbrent la tristesse du deuil. Mais ce vieillard m’était inconnu alors je n’ai pas trouvé les mots. Oh Signore ! Quelle frustration ! Un mort que je ne peux honorer comme il se doit.

Alors, je me suis installée debout sur mon balcon. Et j’ai pensé au Lamentu di Fasgianu, celui qui a été écrit pour cet homme que la disparition de son mulet préféré avait rendu inconsolable. J’ai pris une profonde inspiration et j’ai chanté de toutes mes forces pour apporter à son compagnon le courage dont il aura besoin dans cette épreuve.

Di lu vintisette lugliu, o quantu mi n’aghju da invena
Possu di chi in la mio casa si n’hè cansata la piena
E s’hà paratu à Fasgianu o la mio pescia serenu !
Ma Fasgianu nun hè mortu, hè andatu à amparà l’arte
N’hà da tesse la percalla cumu parlanu le carte
N’hà da tesse lu villutu, via di le nostre parti.
O chi cattiva stagione! ùn si trova mancu preti!
Ti vulia fatti onori o Fasgià chi la ti mèriti
E n’ere sempre lu primu da l’Imposti à li Pinnechji.
O quandu ne ghjunghjeremu à la Porta d’Ampugnani
L’amici cù li parenti à l’incontru veneranu
Videranu ghjunghje à Turcu ma nun ci serà Fasgianu.
Ma Fasgianu ùn era vechju per avè vinticinqu’anni
Ne fecia lu serviziu cum’è un poltru di trè anni
Ne fecia lu serviziu cum’è un poltru di trè anni

Santa Maria, faites qu’il repose en paix et que ses proches trouvent le réconfort.

Ghjesù Ghjesù ! J’espère ne pas porter le mauvais œil à cette auberge.

Gianni, u mo figliolu, c’est trop triste ici. Laisse la carabine dans le placard, et ne viens surtout pas noircir ton humeur dans ce Jura si sinistre.

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