Vous dire que June m’a fait payer ma gueule de bois serait un doux euphémisme ! Elle m’a tiré une de ces tronches toute la journée dignes de la retraite de Russie ! D’un autre côté, ce n’était pas plus mal, avec la caboche que je me trimballais, au moins elle ne faisait pas trop de bruit ! Et puis comme disait ma mère, « ça lui passera avant que ça me reprenne ! »
XX. Ext.jour/cour de récréation école primaire :
Des enfants crient et jouent. Certains courent autour d’un marronnier tandis que d’autres, plus grands sont concentrés sur leurs jeux de billes. Des filles jouent à l’élastique, d’autres à la marelle. Lauren est seule dans un coin et observe. Richard s’approche d’elle.
Richard
Bonjour, Lauren, ça va ?
Lauren
Nan ! Les autres elles ne veulent pas de moi parce que je sais pas jouer à l’élastique.
Richard
Tu leur as demandé de t’apprendre ?
Lauren
Ben nan ! Mais je sais qu’elles ne voudront pas !
Richard
Lauren, je voulais te demander, est-ce que tu veux être mon amoureuse ?
Lauren
Ah ben je voudrais bien, mais je peux pas, je suis déjà l’amoureuse d’Harrison !
Richard
Bon tant pis, je vais aller demander à Sophia.
Lauren
Attends j’ai une idée, tu serais mon amoureux le mardi et le jeudi, et Harrison le lundi et vendredi !
Richard
Ah ben ouais, c’est super alors
Richard prend la main de Lauren et l’emmène vers les filles qui jouent à l’élastique.
Couper
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Lundi soir on s’est couchés plus sereins, June a cessé comme par miracle de me faire la gueule, et la mienne n’était plus de bois !
Au réveil, mardi matin, l’urgence était de parler à June, je n’arrivais pas à garder en moi cette putain de post paternité ! Il fallait que ça sorte !
XX.Int.Jour/chambre d’hôtel :
Lauren et Richard sont dans le lit, la tête de Lauren est posée sur le torse de Richard.
Richard
Lauren, il faut que je te dise un truc…
Lauren
Oui ?
Richard
Je ne sais pas comment tu vas le prendre, moi-même, je ne sais pas quoi en faire…
Lauren (un peu inquiète)
Oui ? Dis-moi…
Richard
Samedi soir, le journaliste, ben… C’était pas un journaliste !
Lauren se redresse et se retourne pour regarder Richard dans les yeux
Lauren
Une autre femme ?
Richard
Tu sais, moi aussi j’ai eu 25 ans, j’ai joué un peu au con, et puis la notoriété n’aide pas…
Et des fois, sans que tu t’y attendes, ben il y a des souvenirs fâcheux qui refont surface. Tu vois ! Comme un cadavre qu’on aurait jeté à l’eau avec un gros boulet, et que la corde se détache !
Lauren (agacée !)
Allez accouche !
Richard
Ben voilà, je voulais te dire que si tu croises dans les parages une sorte de Pierre Niney qui me cherche, ben… C’est pas Pierre Niney ! Tu comprends ?
Lauren
Mais qu’est-ce que tu racontes ? Qu’est-ce qu’il vient faire là, Niney ?
Richard
Ben nan, justement c’est pas lui, c’est… C’est pas certain remarque… Juste une hypothèse hein… Y paraîtrait… Mais je sais pas si c’est plausible… D’ailleurs si j’y réfléchis…
Lauren
Putain Richard ! Tu la craches ta Valda !
Richard
Ben… Voilà, le faux Pierre Niney, là, y me dit qu’il serait probablement mon fils !
Lauren (Se laissant retomber sur le torse de Richard)
Ah ! c’est que ça, tu m’as fait peur…
Et elle s’appelle comment cette potentielle engeance ?
Richard
Aucune Idée… Mais Pierre lui irait bien !
Lauren
Bon, là je crois qu’on a tir à l’arc, tu viens Robin des bois ?
Couper
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Il y avait du monde, à cette initiation. Une jeune pensionnaire de l’auberge nous a fait une démonstration étonnante d’un arc japonais ! C’est beau, très ritualisé comme l’aime la culture nippone !
Dans la foule, j’ai repéré mon Niney, il dépassait d’une tête, on ne peut pas le rater ; surtout si on le redoute ! C’est comme la coulure de peinture que vous avez faite dans le coin du salon, personne ne la voit, sauf vous. Elle vous obsède…
Je l’ai montré à June, on l’a regardé, il nous a vus…
L’organisatrice est venue vers moi : « Vous êtes bien Éric Javot ? Je vous ai reconnu ! Venez donc essayer une flèche…
- Non merci, je ne sais pas tirer…
- Pas grave, je vais vous montrer, on est là pour ça, vous verrez c’est très simple la cible est à 15 mètres… »
June m’a poussé en rigolant d’un « Allez Guillaume Tell, fait pas ta chochotte ! ».
Devant les gens, j’ai servi de modèle ! La dame m’a fait un test pour trouver mon œil directeur, puis elle m’a montré comment on tenait l’arc, comment on réglait son équilibre, mettre la flèche, la position des doigts, tendre, retenir son souffle et…
« À vous maintenant ! »
Me voilà au milieu de l’arène ! Normalement quand j’y suis, c’est juste pour recevoir des récompenses !
Là non ! Il faut que je me ridiculise en public ! Devant ma copine à gauche et mon hypothétique fils à droite ! Sans compter les résidents de l’auberge ! Si le journaliste de Stars People est dans le coin, je vais en prendre pour mon grade !
Idée de Découpage Scène xx. ext.Jour/place du village/ Scène du tir à l’arc :
L’ambiance est chaude, la foule est repartie de part et d’autre des barrières, au fond la cible !
Plan large, Richard s’avance seul vers la marque au sol qui limite le pas de tir. Le silence se fait, on n’entend qu’une sorte de bourdonnement recouvert par la musique. Richard se tourne vers Lauren qui est au premier rang.
Gros plan sur Lauren, visage fermé, anxieuse.
Plan moyen sur Richard qui se tourne sur sa droite et regarde Pierre.
Plan serré sur Pierre qui le regarde fixement en mâchant un chewing-gum.
Panoramique sur la foule qui attend.
Plan en pied de Richard qui se tourne vers la cible et la regarde.
Gros plan sur la cible.
Plan de coupe successif sur les visages de Lauren, Richard et Pierre.
Gros plan sur les yeux de Richard regardant la cible, une goutte de sueur perle au coin de l’œil, une mouche tourne. Richard regarde Lauren.
Gros plan sur Lauren.
Richard prend une flèche dans le carquois posé sur le pas de tir, gros plan sur la main l’attrapant par la hampe et remontant vers l’arc.
Richard, L’arc dirigé vers le sol pose la flèche sur le repose flèche puis engage son encoche dans le tranche fil.
Plan de coupe sur différents visages dans la foule. Puis successivement le visage de Lauren, de Pierre et de Richard.
Richard semble se concentrer puis respire un grand coup. Il fait pivoter son arc en direction de la cible, met son arc en position, puis commence à le tendre.
Gros plans sur les deux doigts tenant la flèche, puis sur la flèche touchant presque la joue, sur l’œil en train de viser.
Gros Plan sur les yeux de Pierre, de Lauren, de Richard.
La musique est à son paroxysme, gros plan sur le visage de Richard en sueur.
Gros plan sur les doigts libérant la flèche, l’arc bascule en avant, Richard se redresse en regardant droit devant lui, une clameur monte de la foule…
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En plein dans le mille, je n’en reviens pas !
L’organisatrice est bouche bée, tout comme June ; Pierre a disparu…
« My name is Hood, Robin Hood »
La chance du débutant vous donne souvent des lauriers immérités, mais autant en profiter, quand ils font briller les yeux de votre dulcinée !
Après tant d’effort, j’ai proposé à June un verre au Café des Sapins, histoire de me remettre de mes émotions ; et puis c’est là qu’il est descendu, l’autre.
Je le crains et le cherche en même temps…
June m’a dit qu’elle avait juste une course à faire, un cadeau pour la fille de la patronne, et qu’elle me rejoignait.
Je suis là, assis en terrasse, seul, va-t-il venir ?
M’éviter ?
Peut-être assassine-t-il June ? Je n’aurais peut-être pas dû la laisser seule !
Pourquoi j’ai peur ? De quoi ? De qui ?
J’aurais dû l’accompagner faire sa course !
1 Commentaire de Avril -
Très amusée par le quiproquo mutuel du premier paragraphe. L’un se méprenant sur les raisons de l’humeur de l’autre et vice-versa.
La Valda est bien crachée là… :D
Les hommes qui osent risquer le ridicule sont toujours ceux qui font battre le cœur des filles un peu plus vite.
2 Commentaire de Sacrip'Anne -
Ahlala faudrait pas que Niney soulève June à son père potentiel !