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Éric Javot

Chambre 16

Inspire expire...

XX.Int. soir/Salle à manger de l’Auberge :

 

Richard et Lauren dînent en tête à tête lorsque soudain un cri retentit.

 

Client indigent et malpoli

NATOUUUUU !

JE VEUX DU PAIN

NATOUUUU !

51 CHEMIN DE POLLOX AUBERGE DES BLOGUEURS !

NATOUUU !

JE VEUX DU PAIN

 

Natou (se retournant un peu interloquée)

Tout de suite, j’arrive

 

Client indigent et malpoli

NATOUUUUU !

JE VEUX DU PAIN

NATOUUUU !

 

Richard se retourne et regarde le malfaisant qui s’en prend à Natou. Il s’adresse à Lauren :

 

Richard

Non, mais je rêve ! Il s’en pend à Natou l’autre pingouin !

Les cons, ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Mais il ne connaît pas Richard, ce mec ! Il va avoir un réveil pénible. Je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coups de lattes ! À ma pogne, je veux le voir ! Et je vous promets qu’il demandera pardon à Natou, et au garde-à-vous !

 

Richard se lève, il semble énervé, ses muscles se gonflent, les boutons de sa chemise sautent un à un. Richard devient tout vert, il grandit à vue d’œil, il ne se contrôle plus, il arrache des lambeaux de ses vêtements. La table où il était bascule. En caleçon Totoro, il a doublé de volume et doit se baisser pour ne pas toucher le plafond. Il s’approche du cuistre, le saisit par le col et le soulève du sol. Les yeux de Richard sont injectés de sang. L’on sent la terreur de sa pauvre victime qui tente de se débattre tandis qu’il étouffe…

 

—————-

 

« Mon amour ? À quoi tu penses ?

- À l’autre connard d’hier qui s’en est pris à Natou au dîner, il m’a agacé ! Je ne comprends pas comment on peut être si méchant !

- Ah oui, lui, si je le croise, je lui ferais bien bouffer son pain à coups de latte dans le fion ! Bon ben je vais courir… »

 

Je souhaitais méditer, mais c’est difficile aujourd’hui, les pensées ne veulent pas filer, elles s’arrêtent, m’interrogent, me rappellent…

 

XX.Ext Jour/ dans un cerisier plein de fruits :

 

Il y a une échelle double posée sur l’arbre, à environ 6 mètres de hauteur, Richard, 6 ans, est assis sur une branche, à côté de lui un panier accroché avec un S en fil de fer. Debout sur l’échelle, son papa le tient. Sa mère arrive en bas. Elle s’adresse à son père.

 

Sa mère (l’air pas content)

Mais enfin, mon amour, ça ne va pas de faire monter ton gamin si haut ! Tu es inconscient ou quoi ? Tu seras content quand il sera tombé ? Je n’ai pas envie d’aller visiter les urgences !

 

Richard chantonne sur sa branche, il a l’air heureux, absolument inconscient du danger.

 

Son père

Mais ce n’est pas moi ! Il est monté tout seul ! Comme un grand !

Tu me tiens l’échelle, il faut que j’essaye de le descendre maintenant !

 

—————-

 

Inspire, expire, laisse passer les pensées… Inspire… Expire…

 

« 25 ans d’écart, franchement Éric, est-ce que tu es sérieux ? Ça pourrait être ta fille ! Et puis tu sais à cet âge, l’horloge biologique, tout ça, elles rêvent toutes de devenir maman ! Nan, mais tu t’imagines être papa ?

 

Inspire… Expire…

 

« Casarès et Camus, c’est une belle histoire, honnêtement, tu te vois mettre ça en image ? C’est beau toutes ces lettres, mais c’est beau parce que ce sont des mots, des mots du cœur ! C’est tout sauf cinématographique ! »

 

Inspire… Expire…

 

Tiens revoilà June, elle n’aura pas couru bien longtemps, résister encore un peu à l’envie de la prendre dans mes bras, ne pas rire… Inspire… Rester sérieux… Expire…

 

« Grrrrand bonjourrrr à vous ! »

 

Ah merde, le ruscoff ! Fini de jouer au Bouddha imperturbable !

 

Sans blague, si ce comte n’était pas du genre incontrôlable, je le mettrais bien dans un film, jackpot assuré et fou rire sur les plateaux TV pendant la promo ! Avec lui les Luchini et autre Poolvoerde sont battus à plate couture !

 

On en rigolait avec June en remontant à l’Auberge.

 

Alors qu’elle était sous la douche, le téléphone de la chambre a sonné, c’était Mme Lalochère, la gérante :

« M. Javot

- Oui ?

- Il y a quelqu’un à l’accueil qui voudrait vous voir, seul, si c’est possible…

- J’arrive. »

 

 

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