Auberge des Blogueurs

Réussi à rentrer discrètement à l’auberge jeudi matin, en demandant le premier truc qui me passait par la tête au veilleur pour qu’il quitte son poste, j’espère qu’il n’a rien vu. Ji Hyuk reste dans la chambre, mais ça peut pas durer. Vais pas l’enfermer non plus, faut juste que je sache quoi faire, quoi dire. Doivent commencer à avoir des soupçons, entre les paniers repas pour deux consommés dans la chambre et mon refus qu’ils y fassent le ménage.

Comment elle a fait, merde, comment ? Très bonnes conditions de voyage. Seule, conteneur climatisé, douche, DVDs, nourriture abondante, micro-ondes, étapes pas trop longues, débarquements le temps de refaire le conteneur. Rien à voir avec le trafic d’êtres humains, c’est du cinq étoiles réservé aux truands ou voyageurs très non-officiels. Qui a organisé ça, qui a payé ? Ça doit coûter bonbon ces opérations. Et comment elle a su que j’étais ici ?

Je dis quoi à Lalochère ? La vérité ? C’est ma fille, sa mère est morte, et voilà ? La patronne a l’air d’être plutôt sympa, genre humaniste et solidaire, mais si je me gourre et qu’elle appelle les pandores ? Elle me connaît pas plus que ça, est-ce qu’elle va croire que c’est ma fille ? Pourrait penser… bien pire.

Et dans 10 jours, avec Lenaig ? Avis de tempête, tous aux abris, barricadez-vous et priez pour votre salut.

Si Lenaig me tue pas, même si elle me tue d’ailleurs, c’est quoi la suite pour Ji Hyuk ? Heureusement que j’avais fait une reconnaissance de paternité au consulat, ça devrait simplifier les choses, mais ça va pas être de la tarte. Surtout à court terme, sans papiers, au moindre contrôle on est dedans. Des bretons qui reviennent de vacances avec une gamine asiatique… ça va se voir.

La petite se réveille. Y’en a marre de rester dans la chambre. Bouger. Petit déjeuner. Lalochère.

« Prends ta douche, habille-toi et attends-moi. Je reviens, et on ira déjeuner en bas.

- OK, je me prépare. »

Elle a vraiment progressé en français ces six derniers mois.

Je sors, direction la direction.