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Livia Agostini

Chambre 2

La Mafia Russe

Oh Gianni, u mo figliolu, chì infelice di esse lasciatu a Corsica ! Aghju capitu chì sta piuma sanguinosa di corvo neru chjinatu à a mio porta ti spaventò, ma mi furzà di piglià i machja in questu hotel in u Jura hè un esiliu assai crudele per a to pobre mamma.

(…)

Note de La Direction : Dans un souci de compréhension générale, les courriels que Livia Agostini envoie à son fils, Gianni, seront désormais traduits ici comme par magie. La Direction remercie les Frères Molette pour l’implémentation du plugin de traduction automatique Corse > Français.

Oh Gianni, mon fils, comme je suis malheureuse d’être partie de Corse ! Je comprends que tu aies été effrayé par cette plume ensanglantée de corbeau noir clouée à ma porte, mais m’obliger à prendre le maquis dans cette auberge du Jura est un exil vraiment très cruel pour ta pauvre mère. Voilà des générations que notre famille est brouillée avec les Fortini, il n’y avait pas de raison de paniquer à ce point.

Je suis bien arrivée à destination. La patronne a eu l’air surpris quand je suis entrée dans le hall. À croire qu’une robe noire et des bas noirs ne sont pas une tenue respectable dans cette région. Ou alors ils n’ont pas l’habitude de l’étole de dentelle noire sur les cheveux. De toute façon, je n’ai que ça dans ma valise. On m’a attribué une chambre à l’étage avec un balcon qui donne sur un lac. Oh Signore, quelle pitié en comparaison de la vue que j’ai sur la mer de ma fenêtre à Cargèse ! Ma maison sur la falaise me manque déjà. Pauvre de moi !

Je préfère ne pas évoquer les clients que j’ai croisés au restaurant ce soir. Ils ont tous des têtes à manger des blettes. Et le plateau de fromages, même pas un fromage Corse ! Chì miseria ! Tu me connais, je n’ai fait aucune réflexion. L’impassibilité incarnée : Ni une critique ni un sourire. J’ai obéi à tes recommandations : Aussi discrète que les ninjas de tes bandes dessinées. Mais, je t’en conjure, u mo figliolu, expédie-moi vite un brocciu, un venachese ou peut-être un casgiu merzu, je ne tiendrai jamais sinon.

De retour dans ma chambre, j’ai cloué un grand drapeau corse au mur au-dessus de ma tête de lit. Mes souliers vernis noirs font un excellent marteau. Je me sens un peu mieux maintenant.

Oh Signore ! Je viens de repenser à quelque chose. Tu avais organisé le voyage pour que le chauffeur de l’auberge me récupère à la gare. Un brave homme qui a respecté mon silence, là n’est pas le problème. Mais il m’a dit se nommer Gaston Gumowski. Et Gumowski, c’est russe ça, non ?

Ghjesù Ghjesù ! Les Fortini m’ont retrouvée et ils ont contacté la Mafia Russe !

Gianni, u mo figliolu, veni quì ! Et apporte la carabine !

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