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Diane

Chambre 2

Terre en vue

Nous nous sommes installés pour dîner tous les deux et je raconte à Xavier ma vie ici, les séances à la messe (il en profite pour se moquer allègrement), ma nouvelle vocation de coach de vélo électrique.

-Je te reconnais bien là, toujours là pour aider ton prochain !

-Ah ah ! Très drôle !

-Non, mais en dehors de la blague, c’est tout toi. C’est cette orientation que j’ai envisagée pour te trouver du boulot. Je te rassure, pas de service à la personne. Un truc dans le service, dans la culture. On va trouver, j’ai initié des trucs, on verra ce qui ressort à la rentrée.

Je reste muette.

-Oh pardon, j’ai pris trop d’initiative, je vais trop vite ?

-Oui, un peu. Et puis j’avoue que je n’avais pas trop réfléchi à ce que je pourrais faire. Enfin si un peu, et bêtement j’avais pensé à ce que j’avais étudié, le commerce international.

-… euh

-Mais, non, tu as entièrement raison, ce que tu évoques m’intéresse bien plus que le commerce international ! C’est juste que je n’ai pas de diplôme pour ce que tu proposes.

-On verra ça plus tard. Je t’embête avec mes plans de carrière. Pardonne-moi encore une fois. Non, ce qui te réussit, c’est de profiter de l’instant présent. Tu es transformée quand tu me parles de l’auberge, quand tu me parles des sensations que tu éprouves ici. Continue comme ça. Et pas plus tard que maintenant avec cette soupe de fraises que tu m’as tant vantée ! Même si je doute qu’elle soit meilleure que la tienne.

Après dîner, je ne pouvais me résoudre à le voir partir. Nous avons de nouveau flâné près du lac. Puis j’ai eu un sursaut: “Il faut que tu viennes voir la vue de mon balcon ! A cette heure-ci, c’est le meilleur spot.”

Nous voilà accoudés à la balustrade. La lumière a changé depuis le début de mon séjour. Je suis soudainement envahie de tristesse.

-Je ne veux pas quitter cet endroit lui dis-je les larmes aux yeux.

-C’est normal. Tu es protégée ici. Ce n’est pas tant que tu veuilles rester, c’est surtout que tu ne veux pas retrouver ton ancienne vie. Mais ça va aller. Tu n’es pas seule, tu vas avoir du soutien. Tu sais, ce n’est une surprise pour personne que tu quittes Pierre. Ou presque, c’est vrai que j’avais imaginé que ce serait lui qui te quitterait. Et tant mieux que tu aies pris les devants. Je suis tellement fier de toi !

-C’est vrai ?

Sans réfléchir, je me rapproche de lui et me blottis dans ses bras. Je sens qu’il hésite puis qu’il me rend mon étreinte, en plus fort, en m’enveloppant de ses bras protecteurs. Je pleure et me sens bien. On reste un moment comme ça, dans la fraîcheur du soir.

Je dégage ma tête de son torse, il dessert l’étreinte. On reste très proches, on garde les yeux baissés. Je finis par murmurer :

-Tu sais, j’ai bien pris en compte ta candidature spontanée.

Il sourit. Je continue, sur un ton amusé.

-Votre profil pourrait nous intéresser. Il faut bien sûr que je consulte ma Direction. Il n’y a pas de poste ouvert pour le moment, mais qui sait ?

-Je peux ajouter quelques éléments qui n’apparaissent pas sur le CV ?

-Oui, bien sûr, je les transmettrai également, cela sera ajouté à votre dossier.

Là il relève la tête, comme pour chercher l’inspiration.

-Et bien par exemple, Juliette et Manon m’adorent, je joue souvent avec elles, elles aiment s’endormir dans mes bras, pendant que leur père passe ses coups de fils à des clients à l’autre bout du monde, même le dimanche.

-Mmmh, c’est un procédé que nous n’aimons pas trop dans la maison, la comparaison avec la concurrence.

-Ok, ok, c’était pour mettre en avant la relation déjà établie entre les filles et moi. Sinon, je fais très bien la cuisine, la Direction me l’a souvent fait remarquer, et j’adorerais cuisiner à quatre mains.

-Oui, oui, la Direction est effectivement très sensible à ces arguments.

-Je suis encore pas trop mal conservé, je fais attention à ce que je mange, je fais du sport. J’ai cru comprendre que la Direction appréciait les cheveux blancs, les polos roses et les yeux pétillants.

-Mmmh, vous êtes bien renseigné.

-Et je peux me vanter d’être un bon coup au lit.

-Quoi ! Ah bah carrément ! Non, non la Direction va s’offusquer !

-Elle a tort, je vous assure que ça fait la différence entre deux candidats. Je pourrai vous communiquer des références si vous le souhaitez.

Je le regarde, amusée, épatée aussi de sa hardiesse.

Je réalisai à quel point j’étais bien avec lui, il me connaissait mieux que moi-même, on se comprenait. J’eus soudain envie qu’il m’embrasse. Il le perçut dans mon regard et s’approcha lentement comme pour me laisser le temps de me dérober si je considérais que les choses allaient trop vite. Je m’abandonnai à lui et lui offrit ma bouche. Je fus parcourue d’une décharge qui me traversa de la tête au pied et je faillis en perdre l’équilibre. Je me raccrochai à Xavier et intensifiai encore l’étreinte.

On a regagné la chambre. On ne s’est pas jetés l’un sur l’autre, on a plutôt joué au ralenti, pour reconnaître, laisser s’installer et faire monter le désir naissant. A chaque étape, on attendait qu’il monte à son paroxysme avant de céder à l’envie d’y succomber. Nous avons consacré beaucoup de temps à nous effleurer, du bout des doigts, du bout des lèvres, du bout de la langue. Xavier me parlait d’un ton doux et passionné. Il s’extasiait de la douceur de ma peau, de la beauté des parties de mon corps que je lui dévoilais ou qu’il découvrait, de l’effet que lui procuraient mes caresses, mes baisers. Devant son aisance, je me sentais un peu gauche, moi qui avais connu peu d’hommes, j’avais peur de ne plus savoir, de ne pas comprendre ses attentes, ou même d’être surprise ou bloquée par des demandes qui ne m’auraient pas convenu. Très vite nos corps se sont parfaitement entendus, trouvés, répondu de manière complètement évidente. Je ne me suis jamais autant sentie aimée, protégée, cajolée, admirée. Et grâce à tout ce que me transmettait Xavier dans son regard et dans ses gestes, je n’ai jamais ressenti un plaisir physique aussi bouleversant.

Je ne voulais plus le quitter et me nichai au creux de son cou où je pouvais me délecter de son odeur si réconfortante.

Dans la nuit, j’ai été prise de remords :

-Je ne devrais pas faire ça, tu as des sentiments que je ne suis pas sûre d’avoir. Je m’en veux de…

-Non, non, on s’en fout. Vis ce que tu veux vivre. Finis les plans sur la comète, les réservations des vacances deux ans à l’avance, les plannings, les prévisions. Laisse-toi aller, t’es tellement belle, c’est tellement bon quand tu te délectes de tout ce qui t’entoure. Je ne savais pas que tu étais si sensible aux odeurs, au toucher, aux bruissements. Tu es attentive à tout, je découvre ça avec toi et c’est délicieux. La suite, on verra. Tu vas aller chez tes parents, avec tes filles, tu vas refaire le plein d’amour avec elles. Et tes parents, je suis sûr qu’ils vont te soutenir.

-Rien n’est moins sûr.

-Si, ne t’en fais pas. Et après, je serai là. Si tu veux repartir plus tôt de chez tes parents, tu peux venir à la maison en attendant le départ de Pierre. Je te préparerai la chambre d’amis, pas de pression. Pense à toi. Fais le plein d’énergie pour la suite.

-Et justement si mon énergie je la puise en te caressant, en t’embrassant ?

-Alors là, surtout, ne te prive pas !

-Ça te va d’être mon sex-friend ? Ce n’est pas ce que tu attends de moi.

-Moi aussi je vais apprendre à profiter de l’instant. Ce que tu m’offres est magnifique. Ne retenons que ça.

Je me laissai aller une fois de plus dans ses bras.

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