Je suis arrivée.
Je suis enfin arrivée! 700 km, ou presque, c’est long.
Mais j’ai apprécié. J’ai pris mon temps, je n’étais pas pressée.
Depuis la période, pas si lointaine, où j’étais étudiante, j’ai appris à apprécier les voyages. A les savourer.
Découvrir de nouveaux lieux, passer, en les faisant défiler. En imaginant qui les habite, qui les fait vivre, qui les aime ou les hait.
Avant, quand j’étais enfant, les voyages n’étaient, en tout cas c’est ce que j’en ai retenu, que les disputes de mes grands parents à l’avant de la voiture, sur le trajet à emprunter, sur le lieu où il fallait s’arrêter, pour faire pipi, pour pique niquer. Ma mère, à mes cotés qui levait les yeux au ciel. Reléguée à son statut d’enfant tout autant que moi. Seul l’arrivée apportait un soulagement.
Donc presque 700 km, plein est. J’ai traversé ce que les géographes appellent le diagonale du vide. J’ai pensé à cette dénomination sur cette autoroute A19 déserte. Certes le grand week-end de chassé croisé des vacanciers, rouge ou noir sur les routes, est passé mais quand même…
Je me suis arrêtée sur une aire desserte. Là au milieu des champs, déprimants, de betteraves sucrières, des parkings, quelques arbres chétifs, un bloc de toilettes, avec 107.7 qui diffusait de la musique et des blablas pour mon unique personne, je me suis, un instant demandée si le monde n’avait pas disparu, me laissant définitivement seule.
Je suis allée faire pipi et je m’apprêtais à repartir fissa, un poil impressionnée, quand une golf est arrivée. Une golf avec tout options, le rêve de tout passionné de voiture de frime (je t’ai déjà parlé de mon petit ami du lycée qui passait son temps à rêver de ce genre de voiture?), noire et étincelante, briquée à mort.
Mon esprit, tout à l’impression de fin du monde que je ressentais, m’a immédiatement envoyé des signaux de danger (je lis sans doute trop de thrillers): seule je ne pourrais rien faire face à ce possible agresseur.
Figée j’ai regardé la portière s’ouvrir sur… un prêtre en soutane.
Un prêtre en soutane! Totalement indifférent à me présence il est passé, athlétique et altier, Ray Ban miroir sur le nez, devant moi sans me voir. Il avait le nez dans son portable clinquant.
Décidément j’étais tombée dans une faille spacio temporelle. Non?
Bref, je suis arrivée, le temps est magnifique. Tout comme l’endroit, tu avais raison.
Je ne connaissais pas cette région, il semble que j’ai beaucoup à découvrir ici.
Et, c’est un avantage non négligeable, je suis loin de grand père, loin de mes morts. Je vais pouvoir prendre du recul. Laisser murir, maturer, les décisions que je dois prendre avant de me trouver, comme maman, totalement ligotée à l’entreprise familiale.
Je viens de prendre possession de ma chambre, fort agréable, je vais m’y plaire.
J’ai été bien accueillie, j’ai croisé quelques visages inconnus.
C’est comme une aventure, une page blanche à écrire.
Merci Josie.
1 Commentaire de GG -
Une gentille cheffe de gare belge m’avait dit un jour avec un grand sourire et un accent à tailler des frites “Prendre le train, C’est toujours une aventure”.
Séjourner dans cette auberge l’est tout autant!
Le coup du curé ! C’est aussi un futur hôte ?
2 Commentaire de Esteban Biraben -
Bienvenue Rose !
3 Commentaire de Sacrip'Anne -
Bonjour Rose et bienvenue !
4 Commentaire de Rose -
Merci pour votre accueil.