Me voilà de nouveau à écrire dans mon carnet. Cela veut dire que je suis de retour à l’auberge aussi.
J’ai reçu un message de Mme Lalochère m’informant qu’une chambre était libre si je la voulais. En arrivant, il y a deux semaines (déjà ?), j’avais indiqué que je prenais toute chambre libre entre mes deux séjours retenus sur le net. Ce fut un coup de chance, autant qu’une chambre se libère que d’aller relever mes mails dimanche, du fin fond de la forêt. Je lui ai répondu illico bien sûr. Non pas que j’étais mal installée dans la cabane de Gaston, enfin celle qu’il m’a indiquée. J’étais bien. Très bien même. J’avais prévu de prendre ce temps d’isolement pour me concentrer sur mes possibilités d’avenir. Et puis je devais voir Highway aussi.
La cabane de Gaston se situe dans une minuscule clairière. Je n’ai eu aucun mal à la trouver. Ces explications étaient très claires. Heureusement parce que je n’étais pas très concentrée.
J’installais mon okedo lorsqu’il s’est approché de moi et a engagé la conversation. Je l’avais vu à plusieurs reprises. Un grand, les cheveux souvent en bataille, d’ailleurs les remettre doit être devenu un tic, ou une contenance lorsqu’il se sent un peu désarçonné.
Il m’a déstabilisée d’entrée. Me dire que mon prénom me va comme un gant m’a décontenancée. Plus, il a rajouté “Lou vous irait à merveille, mais Hugo vous habille de mystère.” Depuis quand un homme me trouve un brin mystérieuse ? Et à merveille ça veut dire quoi pour lui ? J’ai dû rougir. Un regard d’homme sur moi et qu’il me dise des choses comme ça, c’est une première. Je ne savais pas comment réagir. Je ne savais pas combien c’était agréable. Le pauvre, s’il savait qu’il a dit des gentillesses à une novice en la matière.
Il m’a ensuite parlé de mon Highlander. Je sais qu’il a un Toyota, j’avais tourné autour à mon arrivée. Sauf que là, il est venu avec un corbillard, 4x4 certes, mais le genre tout confort. Une vraie caricature du quadra. Franchement qui d’autre choisirait un engin pareil ? Et noir en plus ! Il peut bien m’expliquer que c’est dédié au transport des personnes, n’empêche ! Je ne me suis pas privée de le lui dire d’ailleurs. Bien contente d’avoir fait la guêpe. Juste retour de boomerang.
Je ne sais pas pourquoi j’ai commencé à lui dire des trucs personnels, pour mieux couper court. Me voilà à faire la coquette ou quoi ? Il a parlé de mystère, je lui en sers ! Quand je le dis qu’il me déstabilise le Gaston !
Ce n’est même pas fini en plus. Non parce que j’ai bien senti son regard sur ma croupe alors que j’attrapais ma carte IGN dans la boîte à gants. Le pire c’est quand nous nous sommes penchés sur la carte afin qu’il me montre le chemin. Je ressentais tellement sa présence que j’ai dû me faire violence pour être suffisamment concentrée et retenir ses explications. Manifestement, je ne suis plus qu’une midinette dès qu’un homme me fait des compliments. Quand je le dis que je suis novice en la matière.
C’est drôle, je viens de relire et je m’aperçois que si j’avais raconté ça à Highway, il aurait pris ça comme de la drague. Alors que moi pas du tout. Me faire draguer, je ne peux pas dire que j’en ai l’habitude, néanmoins, cela m’est déjà arrivé. Là c’était autre chose. J’ai senti un vrai regard d’homme envers une femme. Cela n’avait rien de déplacé, de gênant ou de malsain. C’était beau ! Voilà ce qui m’a perturbée.
En tout cas, le coin où je me suis installée pour les quinze jours d’intermède (enfin ce que je croyais comme), était fort à mon goût. J’ai choisi d’investir la cabane parce que la météo prévoyait de la pluie.
Le dimanche matin, en émergeant, je me suis dite que je vivrais bien comme ça un bon moment. En sortant ma tasse à la main, j’ai eu une pensée pour Thoreau et Tesson. Après les avoir lus, qui n’aurait pas envie d’avoir une telle cabane ? Je me suis rafraîchie directement à la pompe à bras, avant d’aller chercher un gros ruisseau ou une petite rivière que je puisse m’y plonger. J’ai donc pris un bain en tenue d’Ève dans une eau dans les dix degrés. Vivifiant !
En rentrant j’ai cherché du réseau, appelé Highway pour qu’il me rejoigne ici, regardé mes mails et répondu à celui de l’auberge.
Je n’y ai passé que trois jours et trois nuits. Ce furent des moments intenses. Je me sentais tellement en accord avec la nature. Et sans jouer de l’okedo. Même avec Highway à mes cotés hier et jusqu’à cet après-midi. J’y reviendrais.
En arrivant, assez tard, le service du soir était déjà commencé (j’avais pris soin d’en avertir l’auberge dans mon mail). J’ai pris possession de ma nouvelle chambre, la 19. Elle est aussi agréable que la 13. Cependant elle est orientée plein sud et ne possède qu’un balcon. Il me faudra faire ma pratique quotidienne de Taikyokuken directement dans la nature, et donc chercher un endroit pas trop loin mais peu fréquenté. Quoiqu’aux heures où je le fais, il n’y a pas foule.
J’ai souri en comprenant que la chambre était auparavant occupée par “Vent d’automne”. Je sentais encore sa présence. Leur présence devrais-je plutôt dire. Je sentais les bonnes ondes qu’avait laissé leur amour naissant et sa sensibilité à lui.
Je suis descendue dîner. Que de changement ! Dans la carte pour commencer, dans l’équipe avec un dénommé Vernon Tardiff officiant en tant que gouvernante, dans les résidents encore plus. Mon Mister Gamblin et son Comte russe sont toujours là, ainsi que la joyeuse marseillaise, qui semble l’être bien moins d’ailleurs. L’ouvrier qui parlait rotative est parti, la Comtesse autrichienne et Akikazi ainsi que l’homme mystérieux toujours aux aguets. Virginie a été remplacée par une jeune femme qui semble être avec le réalisateur. Un couple parti, un autre arrive.
Maintenant, je sais que les deux filles venues dépanner pour le service sont la sœur de Gaston et sa compagne (enfin c’est ce que j’ai cru comprendre). Je ne m’étonne plus de leur regard sur moi maintenant. Faut croire que je dégage des ondes attirant les Gumowski et affiliées. Dois-je avoir honte parce que cela me plaît ?
Demain je vais reprendre mes petite habitudes…
1 Commentaire de Avril -
Ces petits frissons qui te déstabilisent sont très plaisants à lire. Ça fait un bel équilibre avec la personne en contrôle qu’on peut percevoir de toi. J’aime bien.
Certainement pas.
2 Commentaire de Pep -
Je note tout de même qu’il a été de très courte durée, ce séjour en camping sauvage. ;-)
3 Commentaire de Hugo Loup -
@Avril> Mais je ne le suis absolument pas. C’est trop bon !
<3
@Pep> J’y retournerais, de cela j’en suis certaine, juste après mon séjour. Que j’en profite cette fois ! ;-)
4 Commentaire de Sacrip'Anne -
Et bé, je ne sais pas ce qu’il se met, comme parfum, ce Gaston, mais ça attire la donzelle !
5 Commentaire de Philippe -
@Sacrip’Anne : il y a un proverbe jurassien :
6 Commentaire de Kozlika -
Anne et Philippe, je ne l’ai pas lu comme vous ! Elle est contente d’attirer un regard masculin sur elle en tant que femme, plus encore qu’il provienne d’un homme qui lui est sympathique, mais elle ne tombe pas à proprement parler sous son charme. Vous m’ouvrez de nouvelles perspectives, vivement la suite ;-)
Hugo : et Alexeï il te regarde comment ? :-P