Suis maudit, ou c’est l’auberge qui l’est. Sais pas.
Hier matin, en train de me raser, passage délicat de la gorge. Hurlements dans la chambre d’à côté, comme quelqu’un qui prend une belle rouste. M’a fait sacrément sursauter, et le rasoir… pas de veine entaillée, heureusement, mais une vache d’estafilade qui va mettre quelque temps à cicatriser pleinement. Pissait le sang pendant quelques bonnes minutes. Suis pas allé voir ce qui se passait pour pas en mettre partout dans le couloir. Barouf dehors, les cris se sont calmés assez vite, mais en tendant l’oreille ça causait ferme chez les voisins. Beau pansement, foulard pour le cacher.
Aujourd’hui, finissais de bouquiner dans la véranda, ding-ding-ding, regarde dehors, une vieille dame à vélo. Une résidente, m’a pas eu l’air si à l’aise que ça, beaucoup de roulis, un truc à se casser la gueule, à son âge ça peut mal finir. Suis sorti pour voir et aider s’il le fallait. Une autre résidente, Diane, encourageait la cycliste. Commencé à discuter avec elle et ai eu le fin mot de l’histoire. Jeanne, la vieille dame, voulait refaire du vélo. Diane l’a encouragée, aidée, et maintenant la surveillait. Sympa, j’ai trouvé, pas toujours que les vacanciers s’entraident comme ça. C’est à ce moment que la pétroleuse est arrivée vers nous, avait l’air de pas trop mal maîtriser son engin. Au dernier moment, elle a dû rater un truc et le vélo a accéléré. Droit sur ma pomme. Juste le temps de me pousser, mais pas de mettre mon pied à l’abri. Après les boules de pétanques samedi, le vélo aujourd’hui. Pile au même endroit. Et ça pèse, un vélo électrique avec une mémé dessus !
Pas pu m’empêcher de lâcher quelques jurons, pas envers Jeanne, surtout de douleur et de surprise. Comme on n’engueule pas une vieille dame qui est pas passée loin de se prendre un arbre manière de s’arrêter, a redoublé d’excuses et avait malgré tout l’air de s’être bien amusée, ai sorti quelques compliments sur le spectacle qu’elle venait de donner. Suis retourné à ma chambre, serrant les dents pour pas trop boîter. Rare que je prenne l’ascenseur pour un étage, mais celui-ci je l’ai béni.
Le diradjoint qui se fout au tas, moi qui manque de m’égorger et de me faire écraser, elle fait des messes noires la patronne, il lui faut des sacrifices ?
1 Commentaire de Come-de-la-caterie -
L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Ici, le pavage, ce sont des petits cailloux.
Faut faire avec !
2 Commentaire de julmud -
Les sacrifices, c’est pour s’assurer que les histoires d’amour des autres se passent bien…
3 Commentaire de Avril -
Savoureuse conclusion. J’ai ri. Beaucoup.
4 Commentaire de Émile Le Floch -
Côme : je veux bien, mais pas sur ma pomme.
julmud : sacrifié à Vénus, on peut imagine pire fin.
Avril : les malheurs des uns…
5 Commentaire de Sacrip'Anne -
Ah ça je dois dire qu’il y aurait matière à écrire la saga de l’été, dans cette auberge !
6 Commentaire de Tomek -
Ah, on avait loupé le côté messes noires, pas idiot à la réflexion…
7 Commentaire de Émile Le Floch -
Sacrip’Anne : sans aucun doute.
Tomek : reste plus qu’à attendre qu’un exorciste se pointe.