Lenaig a appelé. Devrait me rejoindre le treize août. Bonne chose, ça. Nous fera du bien d’être loin de tout, juste nous deux. Mais le voyage, galère. Ai mis douze heures pour venir en voiture, elle en mettra dix-sept, attentes en gare comprises. Lui faudra une bonne journée pour s’en remettre. Suis pas inquiet, le rata et le calme vont y aider.
Sauf que pour le calme, ça se discute. Le coin est tranquille comme pas possible, les occupants de l’auberge… un peu moins. Pas tous, heureusement, mais quelques pélerins se distinguent.
Après la sieste, partais marcher autour du lac. Semble con dit comme ça, mais me fait du bien. Y’a la « grande boucle », par les routes et chemins, mais je préfère rester proche du rivage. Plus court, plus frais, et pour avoir vu la postière et le gars de l’hôtel conduire sur ces chemins, plus prudent. Déjà bien assez d’emmerdements comme ça, pas rajouter un accident merci. Y’a un petit sentier escarpé qui s’éloigne de la rive pour aller un peu plus haut, j’avais prévu de le prendre pour voir où il va.
Suis pas allé bien loin, même pas atteint la rive du lac. Sur le chemin, suis tombé sur un petit groupe jouant à la pétanque, avec quelques spectatrices. Commis l’erreur de m’arrêter pour regarder, me suis fait harponner par une petite dame, Antoinette. Gentille, heureusement, parce qu’elle fait des remarques piquantes. J’imagine pas ce que ça peut être si elle est pas d’humeur badine. Sur un point délicat, m’a balancé un « On dirait que vous tenez une pelle à tarte ! » juste quand j’allais lancer ma boule. Évidemment, me suis marré, ai lamentablement raté le lancer et ils ont gagné cette manche. Si j’avais réussi mon coup, pas sûr qu’on aurait gagné, parce qu’en face, en plus d’Antoinette, il y avait l’instit que j’ai vue dans la barque mardi, et un type que je connais pas, qui bosse dans le cinoche je crois. Eux deux, la pétanque, c’est pas un jeu. La petite est marseillaise, je sais pas si c’est par loyauté envers sa ville ou Pagnol, elle a fait quelques sketches, j’ai bien rigolé quand j’ai compris qu’elle était pas sérieuse. Le type du cinéma, je crois qu’il nous a rejoué quelques scènes de films, pas tout suivi, sauf la scène de Matrix avec la jeune fille en robe rouge, ce film-là je l’ai vu. Et aussi un « le monde se divise en deux, ceux qui jouent à la pétanque et ceux qui regardent, vous, vous regardez ». Sais plus de quel film ça sort.
Faisais équipe avec Joseph, un retraité, et Esteban, venu dans le Jura avec sa femme. Les conseils de Joseph m’ont permis de pas plomber l’équipe, mais je crois qu’on a perdu, même si personne tenait vraiment le score.
En rangeant les boules, ai trouvé le moyen de m’en foutre deux sur le pied, je boîte un peu, vais avoir un joli bleu tirant sur le pourpre. Faudra que j’aille à la pharmacie demain, on m’a dit qu’elle était discrète, dans une rue juste derrière le Café des Sapins à Pollox, je devrais trouver.
1 Commentaire de Esteban Biraben -
Mon pôvr’.
Je conseille les pieds dans le lac froid pour éviter que ça gonfle.
2 Commentaire de Avril -
Ça doit foutre les boules de s’en prendre une comme ça.
Ok. Je sors.
3 Commentaire de Émile Le Floch -
Esteban : me tremper dans de l’eau qui ne bouge pas ? Quelle idée.
Avril : Meuh non, reviens. Si ce n’est déjà fait.
4 Commentaire de Avril -
Hihihi !
5 Commentaire de Sacrip'Anne -
Aïeuh. Faudrait jamais s’éloigner de la mer…