Informations sur l’accessibilité du site

Margaux Hoareau

Chambre 8

Les vacances commencent bien, dites.

Il paraît que je saoule tout le monde à vous spammer de SMS et MP pour vous raconter mes misères, que soi-disant c’est pas facile à suivre et pi les notifications sont casse-pieds et tout et tout.

Vous avez gagné les filles, je vous fais un blog. Comme ça je serais la seule à râler dans le groupe.

Résumé des épisodes précédents pour celles qui ne suivent pas: mon géniteur a découvert mon existence après trois décennies d’ignorance, décidé qu’il devait rattraper le temps perdu et m’a invitée à passer un mois dans les montagnes pour apprendre à se connaître. Jérôme a l’air sympa, mes parents sont pour, j’ai plus de mec pour râler qu’il préfère la mer et je ne suis pas assez riche pour refuser un mois de vacances gratuites sans raison valable, donc j’ai dis oui. Jérôme a proposé de me servir de chauffeur, j’ai dit oui aussi. Je regrette déjà.

Ça commençait bien pourtant. Le soleil était de sortie, la route tranquille et les paysages… Je croyais avoir tout vu mais le Jura c’est un autre monde. C’est beau. Étrange, mais beau.

Et puis on est arrivés. Jérôme avait parlé d’un hôtel tout du long et il m’amène dans une auberge paumée au milieu des champs. Plutôt chouette hein, mais je m’attendais à autre chose du coup ça fait un choc. Y’a pas de piscine, par exemple. J’ai vu un lac donc avec un peu de chance on peut quand même se baigner, mais c’est pas pareil. A l’intérieur je l’ai laissé se charger de l’enregistrement pendant que j’explorais le rez-de-chaussée et j’ai eu mon deuxième choc. Y’a pas de bar. Ma vision de ces vacances c’était des discussions à cœur ouvert en sirotant des mojitos au bord de la piscine, c’est mort de chez mort.

Jérôme m’a dit que la chambre était prête, je l’ai suivi à l’étage et là, le drame. Il m’a fait entrer dans une chambre… Bon encore une fois propre et mignonne, mais petite. Avec deux lits, un bureau, une porte vers une petite salle de bain, tout ça. Du coup moi je lui demande où est sa chambre.

Les filles, vous n’allez pas me croire. Y’a pas d’autre chambre. On va dormir dans la même. Jérome Ziegler, 52 ans, valide et ayant un poste à responsabilités a cru que ce serait normal et sain de partager une chambre avec sa fille adulte qu’il connait depuis deux mois. Si vous trouvez encore des raisons d’avoir foi en les hommes n’hésitez pas à me les envoyer parce qu’entre lui et mon ex je commence à penser que papa est l’exception qui confirme la règle.

Vous me connaissez, vous connaissez la suite. J’ai fait la gueule. Jérôme a essayé de me convaincre de partir en rando avec lui toute la journée d’hier mais comme le temps était aussi agréable que mon humeur j’ai refusé de sortir de ma chambre avant le soir. Ou presque, à un moment j’ai entendu une femme hurler à l’autre bout du couloir et je suis allée voir ce qui se passait. Y’avait déjà pas mal de monde pour venir à son secours alors je ne me suis pas trop approchée, mais j’ai pu saisir des bouts de discussions. La femme qui hurlait parle avec un accent marseillais à couper à la tronçonneuse et le vocabulaire qui va avec, donc je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. Une histoire de rupture, je crois.

Moins de 24h dans l’auberge et y’a déjà du drama, on se croirait dans une sitcom.

J’ai fini par descendre le soir, histoire d’avaler quelque chose. J’avais pris que le petit dej depuis notre arrivée alors j’avais méchamment la dalle. Et là les filles, j’ai vu la lumière. Le resto de l’auberge est une merveille. Toute la carte me faisait envie et tout ce que j’ai commandé était délicieux. Ça m’a remonté le moral, quelque chose de bien. Je suis remontée à la chambre et j’ai promis à Jérôme de le suivre en balade où il voudrait. Même s’il pleut, même s’il fait 15 degrés.

C’est mal parti mais c’est pas forcé de mal finir. J’ai dis que ce serait à moi de décider de ma vie maintenant, je vais le faire.

Faites-en autant, les filles.

Haut de page