Calme, le coin, reposant. Genre mer étale et pétole. Personnel un peu bizarre, mélange d’amateurisme et de bonne volonté, mais résultat très correct, y’a que ça qui compte. Comme les équipiers qu’on recrute parfois à l’arrache pour remplacer quelqu’un.
Dû se passer quelque chose lundi, avant mon arrivée. Vaguement entendu des histoires d’opéra russe, de barque et de baignade forcée. Rien compris, mais ça fait rigoler les résidents. Bizarres, les résidents, certains en tout cas. ‘fin, pas vraiment bizarres, mais de petits groupes amicaux formés à partir d’inconnus. Rarement vu ça. Vrai qu’en général je reste pas très longtemps en escale, et là où je pose mon sac, c’est surtout des hôtels de passage, pas de séjour.
Hier, depuis la véranda, observé partie de pêche sur le lac. Une gamine, une jeunette et deux types, dans la barcasse. M’attendais à ce que les deux gars fassent le show, avec les filles qui regardent et applaudissent à chaque prise. Ben non. Un type ramait et regardait, l’autre semblait jamais content de ce qu’il sortait, et les deux filles, la grande apprenait à la petite. Doit être une instit ou un truc du genre, ça se voyait qu’elle sait comment transmettre des trucs évidents pour elle mais pas pour les autres.
Sais pas si la truite de ce midi venait du lac. Excellent rata. Justifie bien la sieste après. Mais la glande fait pas avancer mes affaires.
Premier point : comment m’occuper quand je serai mis au rebut ? Lenaig pense que je pourrais écrire mes mémoires. Sais pas si c’est une bonne idée. Vrai que j’ai vu des trucs, l’évolution des bateaux, de la logistique et des ports sur 30 ans, mais qui ça intéresserait ? Parler des autres trucs moins officiels autour du fret, ça me dit trop rien. Pas envie de me faire des ennemis. Ou alors inventer des histoires, mais faut de l’imagination pour ça. Risque vite d’être à court. Et faut savoir écrire. Refaire des phrases complètes, pas facile après des années de journaux de bord.
Deuxième point : comment gérer sa maladie ? Ai bien vu, y’a quatre mois, que ça n’allait pas. Rien compris aux comptes-rendus, mais les chiffres, ça, pas la peine de les traduire. C’est pas bien engagé. Si me suis pas trompé dans les sites médicaux, c’est sur le fil. Ça peut filer comme ça pendant 20 ans, ou basculer d’un coup et finir très vite. Avec sa famille qui a coupé les ponts à cause de moi, d’ici à ma retraite, faut absolument que je trouve une solution. Y’a une église au village, un cierge à sainte Rita ça pourrait aider. On sait jamais.
Troisième point : quoi faire en attendant Lenaig ? Bonne bibliothèque ici, vais me régaler, mais peux pas passer des heures le cul dans un fauteuil à lire. Un peu de marche m’aidera peut-être à clarifier mes idées. L’oxygène des forêts doit pas être plus mauvais que celui de la pleine mer.
1 Commentaire de Avril -
J’ai testé Sainte Rita. Désolé mais ça marche pas.
Je vais quand même croiser les doigts pour toi.
2 Commentaire de Esteban Biraben -
J’avais une copine qui mettait un cierge à Ste Rita pour mes concours. Je trouvais cela vexant (comment ça, elle est désespérée, ma cause ?), mais ça a marché.
Rita, c’est avant tout les enfants du bon dieu pour des canards sauvages (j’adore ce film).