Informations sur l’accessibilité du site

Antoinette Lalande

Chambre 3

Lumière



Ma chère Pascale,

C’est vraiment un projet incroyable ! Je te souhaite de réussir à le mener à bien et de belles rencontres.

Ces jeunes ont vraiment beaucoup de chance de t’avoir, et j’en sais quelque chose ! Déjà à l’époque, il y avait toujours une place chez toi pour celles et ceux que tu prenais sous ton aile. Sans toi, beaucoup d’entre nous auraient sans doute sombré, moi la première. Tu avais le pouvoir unique de prendre nos peurs et nos douleurs, pour les transformer en force. Même la plus maussade des journées se terminait dans la joie et le rire lorsque nous étions à tes côtés dans ton petit appartement de la Rue Mouffetard. C’est en tout cas les souvenirs que j’en garde.

D’ailleurs, puisque tu cherches un nom pour ton asso, je me permets une suggestion : Lumière. Ca peut te paraitre bête, mais c’est le surnom que nous te donnions en secret. C’est ce que tu étais pour nous, et ce que tu as continué et continue d’être pour tant de personnes.

Je n’oublierai jamais ta porte ouverte ce soir-là, ces semaines-là. Ce que tu m’as permis de vivre et de comprendre sur moi-même m’a fait autant de bien que cela m’a effrayée. Finalement, c’est la peur qui l’a emportée… Tu sais où cela m’a menée. Mais je ne veux pas avoir l’air de trop ressasser mes choix… Je n’ai jamais été malheureuse, j’ai même eu une belle vie, un mari aimant et de magnifiques enfants. Je n’ai juste jamais pu être vraiment moi.

Ici, à l’Auberge, les jours passent finalement assez vite… Moi qui avait toujours été réticente à m’éloigner d’une grande ville, je prends presque goût à la quiétude de cet endroit.

Samedi matin, j’ai partagé le petit-déjeuner avec la petite en 4x4, tu sais, je t’en avais parlé. Elle est un peu spéciale mais très intéressante. Sous ses airs coquets, c’est une aventurière dans l’âme, elle s’est engagée dans l’armée pendant quelques années ! Mais elle aussi semble un peu perdue, en tout cas elle a l’air en proie à de nombreux questionnements intérieurs.

Elle s’appelle Hugo. Au début, je pensais avoir mal compris alors je lui ai fait répéter, mais non, c’est bien le prénom que ses parents lui ont donné ! J’ai un peu honte d’avoir eu l’air si surprise… J’ai du sembler plus vieux-jeu que ce que je veux bien admettre. Mais moi, je trouverais ça beau si tous les prénoms étaient épicènes !

Dimanche, je me suis forcée à marcher jusqu’au village, voir ce qu’il y avait d’intéressant. Je ne vais pas te surprendre : pas grand chose ! En revanche, je suis tombée sur une petite délégation de résidentes de l’auberge, dont ma voisine Diane. J’allais me diriger vers elles, pour profiter de cette occasion inattendue, quand elles se sont engouffrées dans l’Eglise à l’heure de la messe. Je me suis bien abstenue de les suivre et j’ai changé de direction l’air de rien.

Hier soir, j’ai croisé Diane qui revenait d’une balade à vélo, elle avait l’air profondément soulagée, voire heureuse. Je suis curieuse de savoir où elle en est !

Voilà pour les nouvelles, je trouve ça assez agréable d’écrire régulièrement, j’espère que je ne t’étouffe pas.

Antoinette

PS : j’ai aperçu des regards et des gestes si tendres et à la fois si passionnés entre deux pensionnaires qui se promenaient autour du lac. C’était beau.

Haut de page