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Natacha, dite Natou 13

Chambre 4

Natou à la ferme

Hoï mes folovers, je comprends pas les hommes !

J’avais décidé d’aller à la ferme dimanche matin. Je voulais aller voir la galine que j’ai gagné à la Kermesse et pi dire bonjour à Antoine et aux animaux, veaux, vaches, cochons, poulets etc. Mais Fatche ! Toni, lui, l’avait décidé, sans rien dire, tout seul dans son coin, qu’on allait passer tout le dimanche ensemble ! Et la ferme y voulait pas en entendre parler ! Alors j’y ai dit

- Bé ! On peut rester tout les deux demains. Non ?
- Bé tu peux aller à la ferme demain ? Non ?
- Alors d’abord ! J’ai croisé Antoine hier et j’y ai dit que je viendrai le voir AUJOURD’HUI ! Je suis engagée, moi mossieur, j’ai de la figure ! Quand j’ai dit, j’ai dit ! Et pi pourquoi que ce serait moi qui changerais mes plans ?
- Parce que moi demain je ne peux pas, je ne peux qu’aujourd’hui ! Et c’était pour te faire plaisir en plus !
- Bé quésaco ? Tu coures dans la montagne ! Tu peux faire ça quand tu veux ! Té ! Me prends pas pour une cougourde ! Et si c’est pour me faire plaisir, viens à la ferme avé moi, on y va en vélo ! Vaï ce serait gai !
- Basta ! La ferme ça embourraque ! Qu’est-ce que tu veux que j’aille y foutre !
- Bé va courir alors ! Mais moi, j’y ai dit aujourd’hui alors c’est aujourd’hui !
- Ce que t’es testarde !
- Té ! C’est moi la testarde ? Aquelo empègo !
- Allez vaïe Natou …

Y commence à m’attraper et des bécots par ci, par-là…

- Popopopo ! Je sé très bien ce que tu fais ! Et pour ça, c’est non, pas ce matin fan de chichourle ! Je suis déjà en retard !
- Il te plait cet Antoine ?
- Antoine ? Babàchou! Y pourrait être mon père !
- Moi aussi.
- Bé disons mon grand-père alors !

Y rigole, le coquin ! Y continu ses bisouilles et bé ! Il a gagné ! J’ai été très en retard ! Bon, je suis partie en fin de matinée, mais je suis partie quand même !
Testarde moi ? C’est l’hôpital qui se fout de la clinique ! Té ! « Je peux pas rester demain ! » Mé qué gounflaïré ! C’est les vacances ! Y fait bien ce qui veut ! Enfin Bref ! Je comprends pas les hommes !

Quand j’arrive à la ferme, j’avise Virginie, toujours fourrée là, elle, on voit bien que c’est son truc les animaux !

- Adieu, Virginie !
- Bonjour Natou.
- Tu pars déjà ? Juste quand j’arrive ? Viens, je vais te présenter ma galine ?
- Ta quoi ?
- Ma poule té ! Que j’ai gagné à la kermesse ! C’est Antoine qui me la garde. Hoï Antoine ! Coume sian ?
- Ça va Natou !

Qui me dit de loin en passant.

- Alors Virginie ? Tu viens ?
- Je t’accompagne. Tu sais ou es le poulailler ?
- He bé non ! J’ai pas pensé à demander !
- Suis-moi.

Nous voilà en route. On peu chère c’était cafi de poules, y en avait tout le pré, en liberté, ça en fait du boucan des poules hein, c’est plus bavardasse que moi fan ! Comment je peux reconnaitre ma gallinette moi là-dedans ! Heureusement qu’’Antoine nous a rejoint, y me l’a cherché. Elle est belle, té ! Toute noire ! Je savais même pas que ça existait, des poules noires ! Y me la colle dans les bras. T’as déjà caressé une poule ? Oh peuchère que c’est doux, les plumes là ! Je l’ai laissé échapper et elle s’en est allée avé ses copines picorer.

Avé Virginie, on reste là, on regarde. Antoine est déjà reparti, y bosse lui té ! Bé on dit rien pendant un petit moment, tu vois, deux secondes. Virginie, elle fait sa tête de lune !

- Vaï, Virginie ! Toi, t’es perdu ave Pierrot la lune !
- Ah oui, c’est vrai …
- Oh toi, tu couves des pensées qui sentent le bouc ! Vaï, on va s’assoir un peu sur le banc là, causer ça fait toujours du bien ! Moi tu sais, quand ça va pas, je raconte tout, comme ça après je suis nettoyée ! Hoï ce matin, le Toni, y m’a escagassé ! Mossieur faut toujours faire comme il a décidé !
- Ah, oui, j’ai connu ça aussi, un homme qui veut tout décider.
- Ah oui, Comment qui s’appelait le tien ?
- Matthieu.
- Et y faisait quoi Matthieu ? Dans la vie.
- Il gagnait de l’argent.
- Bé y a pas de mal à ça.
- Non, peut-être pas. Mais tu vois, Natou, il était motivé que par ça, l’argent. Y faisait ses choix comme ça, et il voulait que je fasse comme lui.
- Et toi non ?
- Moi, tu vois ce que j’aime, c’est cette vie-là, près des animaux et près des gens. Vivre en ville, ça me pèse.
- Aie, alors, vous êtes plus ensemble ?
- Non.
- C’est lui ou c’est toi ? Je veux dire, bonne ou mauvaise nouvelle ?
- Ah, ça. C’est lui et moi. Lui, il m’a trompé avec une fille plus jeune, et moi j’ai pas supporté !
- Bé ça ! Et alors, tu es partie ? Et ça te rend tristoune ?
- Je ne sais pas. Je me demande surtout ce que je vais faire maintenant. Quitter Cherbourg, changer de vie ? Pour aller où ? Pour faire quoi ? Comment ?
- Ho pov ! Trop de questions en même temps ! Moi je peux pas té ! c’est un truc à te rendre fadoli ça !
- C’est pas faux.

Elle dit ça en riant.

- Té, tu rigoles ! Tu vois, je t’avais dit que de causer ça nettoie.
- Et toi Natou, tu en es ou avec ton Toni ?
- Bé on s’aime tu sais ! Alors y m’escagasse, je l’escagasse, mé bonne mère, ça finit toujours bien.
- J’espère pour toi que se sera toujours comme ça.
- Bé, on verra bien. Tu sé, moi je pense pas à tout ça là. Ce qui est fait est fait ! Et pi l’avenir … Tu le connais, toi ? Y ‘avait le voyant, lui y savait des choses. Mais moi, nada ! Alors je prends ce que la bonne mère me donne ! Et vaï la vie est belle ! J’ai faim ! Pas toi ?
- Oui !
- On se rentre à l’auberge ?

On est parti chacune de son côté. Bé tu vois, j’ai bien fait de venir à la ferme, je savais pas que j’allais bavasser avé Virginie, mais c’était bien cette causerie entre filles !

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