Hoï mes folovers, je comprends pas les hommes !
J’avais décidé d’aller à la ferme dimanche matin. Je voulais aller voir la galine que j’ai gagné à la Kermesse et pi dire bonjour à Antoine et aux animaux, veaux, vaches, cochons, poulets etc. Mais Fatche ! Toni, lui, l’avait décidé, sans rien dire, tout seul dans son coin, qu’on allait passer tout le dimanche ensemble ! Et la ferme y voulait pas en entendre parler ! Alors j’y ai dit
- Bé ! On peut rester tout les deux demains. Non ?
- Bé tu peux aller à la ferme demain ? Non ?
- Alors d’abord ! J’ai croisé Antoine hier et j’y ai dit que je viendrai le voir AUJOURD’HUI ! Je suis engagée, moi mossieur, j’ai de la figure ! Quand j’ai dit, j’ai dit ! Et pi pourquoi que ce serait moi qui changerais mes plans ?
- Parce que moi demain je ne peux pas, je ne peux qu’aujourd’hui ! Et c’était pour te faire plaisir en plus !
- Bé quésaco ? Tu coures dans la montagne ! Tu peux faire ça quand tu veux ! Té ! Me prends pas pour une cougourde ! Et si c’est pour me faire plaisir, viens à la ferme avé moi, on y va en vélo ! Vaï ce serait gai !
- Basta ! La ferme ça embourraque ! Qu’est-ce que tu veux que j’aille y foutre !
- Bé va courir alors ! Mais moi, j’y ai dit aujourd’hui alors c’est aujourd’hui !
- Ce que t’es testarde !
- Té ! C’est moi la testarde ? Aquelo empègo !
- Allez vaïe Natou …
Y commence à m’attraper et des bécots par ci, par-là…
- Popopopo ! Je sé très bien ce que tu fais ! Et pour ça, c’est non, pas ce matin fan de chichourle ! Je suis déjà en retard !
- Il te plait cet Antoine ?
- Antoine ? Babàchou! Y pourrait être mon père !
- Moi aussi.
- Bé disons mon grand-père alors !
Y rigole, le coquin ! Y continu ses bisouilles et bé ! Il a gagné ! J’ai été très en retard ! Bon, je suis partie en fin de matinée, mais je suis partie quand même !
Testarde moi ? C’est l’hôpital qui se fout de la clinique ! Té ! « Je peux pas rester demain ! » Mé qué gounflaïré ! C’est les vacances ! Y fait bien ce qui veut ! Enfin Bref ! Je comprends pas les hommes !
Quand j’arrive à la ferme, j’avise Virginie, toujours fourrée là, elle, on voit bien que c’est son truc les animaux !
- Adieu, Virginie !
- Bonjour Natou.
- Tu pars déjà ? Juste quand j’arrive ? Viens, je vais te présenter ma galine ?
- Ta quoi ?
- Ma poule té ! Que j’ai gagné à la kermesse ! C’est Antoine qui me la garde. Hoï Antoine ! Coume sian ?
- Ça va Natou !
Qui me dit de loin en passant.
- Alors Virginie ? Tu viens ?
- Je t’accompagne. Tu sais ou es le poulailler ?
- He bé non ! J’ai pas pensé à demander !
- Suis-moi.
Nous voilà en route. On peu chère c’était cafi de poules, y en avait tout le pré, en liberté, ça en fait du boucan des poules hein, c’est plus bavardasse que moi fan ! Comment je peux reconnaitre ma gallinette moi là-dedans ! Heureusement qu’’Antoine nous a rejoint, y me l’a cherché. Elle est belle, té ! Toute noire ! Je savais même pas que ça existait, des poules noires ! Y me la colle dans les bras. T’as déjà caressé une poule ? Oh peuchère que c’est doux, les plumes là ! Je l’ai laissé échapper et elle s’en est allée avé ses copines picorer.
Avé Virginie, on reste là, on regarde. Antoine est déjà reparti, y bosse lui té ! Bé on dit rien pendant un petit moment, tu vois, deux secondes. Virginie, elle fait sa tête de lune !
- Vaï, Virginie ! Toi, t’es perdu ave Pierrot la lune !
- Ah oui, c’est vrai …
- Oh toi, tu couves des pensées qui sentent le bouc ! Vaï, on va s’assoir un peu sur le banc là, causer ça fait toujours du bien ! Moi tu sais, quand ça va pas, je raconte tout, comme ça après je suis nettoyée ! Hoï ce matin, le Toni, y m’a escagassé ! Mossieur faut toujours faire comme il a décidé !
- Ah, oui, j’ai connu ça aussi, un homme qui veut tout décider.
- Ah oui, Comment qui s’appelait le tien ?
- Matthieu.
- Et y faisait quoi Matthieu ? Dans la vie.
- Il gagnait de l’argent.
- Bé y a pas de mal à ça.
- Non, peut-être pas. Mais tu vois, Natou, il était motivé que par ça, l’argent. Y faisait ses choix comme ça, et il voulait que je fasse comme lui.
- Et toi non ?
- Moi, tu vois ce que j’aime, c’est cette vie-là, près des animaux et près des gens. Vivre en ville, ça me pèse.
- Aie, alors, vous êtes plus ensemble ?
- Non.
- C’est lui ou c’est toi ? Je veux dire, bonne ou mauvaise nouvelle ?
- Ah, ça. C’est lui et moi. Lui, il m’a trompé avec une fille plus jeune, et moi j’ai pas supporté !
- Bé ça ! Et alors, tu es partie ? Et ça te rend tristoune ?
- Je ne sais pas. Je me demande surtout ce que je vais faire maintenant. Quitter Cherbourg, changer de vie ? Pour aller où ? Pour faire quoi ? Comment ?
- Ho pov ! Trop de questions en même temps ! Moi je peux pas té ! c’est un truc à te rendre fadoli ça !
- C’est pas faux.
Elle dit ça en riant.
- Té, tu rigoles ! Tu vois, je t’avais dit que de causer ça nettoie.
- Et toi Natou, tu en es ou avec ton Toni ?
- Bé on s’aime tu sais ! Alors y m’escagasse, je l’escagasse, mé bonne mère, ça finit toujours bien.
- J’espère pour toi que se sera toujours comme ça.
- Bé, on verra bien. Tu sé, moi je pense pas à tout ça là. Ce qui est fait est fait ! Et pi l’avenir … Tu le connais, toi ? Y ‘avait le voyant, lui y savait des choses. Mais moi, nada ! Alors je prends ce que la bonne mère me donne ! Et vaï la vie est belle !
J’ai faim ! Pas toi ?
- Oui !
- On se rentre à l’auberge ?
On est parti chacune de son côté. Bé tu vois, j’ai bien fait de venir à la ferme, je savais pas que j’allais bavasser avé Virginie, mais c’était bien cette causerie entre filles !
1 Commentaire de julmud -
“on dit rien pendant un petit moment, tu vois, deux secondes.” J’adore ! :-D
2 Commentaire de Diane -
Ah les causeries entre filles, il n’y a rien de tel!
3 Commentaire de Avril -
Nouvelle expression ajoutée à mon lexique : « couver des pensées qui sentent le bouc ». <3
4 Commentaire de Sacrip'Anne -
“je comprends pas les hommes”, bah on en est tou.te.s là, non ? :D
5 Commentaire de Pep -
@Sacrip’Anne > Beg you pardon?! Oo
Natou, galinette, il va bien falloir que tu comprennes que ton Toni n’est certainement qu’un mauvais coq.
Après, j’dis ça, j’dis rien. Je suis qui, moi, au fond, pour juger ?