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Éric Javot

Chambre 16

People Stars Magazine

Longtemps je me suis levé de bonne humeur…

Mais pas aujourd’hui !

Il y a des nuits où l’on aurait mieux fait de ne pas se coucher, histoire d’éviter des réveils pénibles !

 

Alors déjà, Rachmaninoff !

Note que j’aime bien en général, mais là…

Trois heures du mat !

Éveil en fanfare, pas vraiment piano piano !

Rachmaninoff donc, ampli à fond accompagné d’une espèce de cri rauque et sauvage, le truc qui te déchire l’air aussi sûrement qu’une lame de rasoir ;  en fait je crois que c’est ça qui m’a vraiment réveillé ! Un grand fracas puis un petit suspense suivis d’un fou rire bien sonore histoire d’achever tes derniers relents de sommeil !

Le temps de comprendre, le silence de la nuit était revenu au point que tu te demandes si tout ça était bien réel.

Il m’a fallu un bon moment avant de retrouver le chemin du pays des rêves.

 

Très provisoirement !

Maintenant c’est le téléphone qui s’y met, la trompette pour les SMS s’est très surfait ! Moi je vous le dis !

C’était Bernard :

 

« Tu sais qu’à Ibiza tu aurais eu le droit à deux blondasses Russes, la vingtaine à peine entamée, pour le prix de ta quarantenaire ? Joli coup de pub en tout cas !

Bizz de ton producteur adoré, n’oublie pas de bosser quand même un peu !

Bernard »

 

Décidément, je crois que la seule qualité que je reconnais à Bernard, c’est son pognon !

 

Pas le temps de réfléchir, re-trompette et c’est au tour de Totoche :

« Paris Match propose de t’envoyer un photographe et t’offre 2 pages interview + illustration dans le prochain numéro, il me demande des renseignements sur « Madame » ? Je réponds quoi ? »

 

Pourquoi tant de haine dès 7 heures le matin ?

J’entrave rien, c’est quoi cette connerie ?

 

À peine retrouvés les bras de Morphée que voilà le téléphone qui remet ça !

 

C’est Élisa…

 

Élisa

Wie geht es Ihnen, Monsieur Javot? Das Leben ist wunderschoen ?

(Comment allez-vous, Monsieur Javot ? La vie est belle ?)

 

Moi

Gné…

 

Élisa

Je te réveille au moins ? Excuse-moi, tu n’es peut-être pas seul ?

 

Moi

Vous vous êtes donné le mot ou quoi ?

C’est pour une caméra invisible, un truc genre « Surprise sur prise » ?

C’est quoi le problème en vrai ?

 

Élisa (qui éclate de rire)

Ben je crois que c’est ton tour, tu me disais quoi déjà l’autre jour ?

Ah oui qu’il fallait que je me blinde contre les malfaisants de tout genre…

Eh bien on va voir ce que vaut ton blindage ! Si ton flegme naturel résiste !

 

Moi

What the fuck Élisa ? Je ne pige que dalle, vous me faites quoi ?

 

Élisa

Nous rien, mais toi tu fais la une de People Stars en charmante compagnie !

Bon ben je te laisse découvrir et on se rappelle, moi j’ai casting là !

Bisous bisous

 

Donc, maintenant, je crois que je me suis complètement réveillé !

Pas tout compris, mais bien réveillé !

J’ai sauté dans mes fringues, sur la Harley direction Pollox et son Tabac Journaux.

 

Je suis sur le troisième rayon, assis en compagnie de Ann-Kathrin en train de déguster un fondant au chocolat, photo un peu floue à gros-grain et titre alléchant :

« Javot, grand amour ou flirt d’été ? Voir p15 »

 

Et à l’intérieur encore des clichés, nous en Harley, nous en ville devant une vitrine…

 

Putain ! Si je chope ce connard de photographe !!!

 

XX. Ext.Jour/ forêt Jurassienne :

Lauren Bacall et Richard sont en train de se promener, soudain Lauren voit un photographe

 

Lauren Baccal

Oh attention, un paparazzi

 

Richard (crispant les poings)

Celui-là, il aurait mieux fait de rester couché ! Moi les paparazzis, j’les soigne, j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Richard. Aux quatre coins du Jura qu’on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts façon puzzle… Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, et j’ventile.

 

Lauren Baccal

Oh, Richard Attention, il y a peut-être du danger

 

Richard

Laisse Adrienne Lauren, c’est pas ta guerre, c’est la mienne.

C’est mon devoir, je n’ai pas le choix. Si je ne reviens pas, n’oublie pas que je t’aimais !

 

Lauren et Richard s’embrassent longuement.

 

Richard

Au revoir, Lauren… 

Ou adieu, va savoir…

 

Lauren Bacall (éclatant en sanglots)

Oh Richard…

Non…

Je t’aime…

Richarrrrrrrrrrrrrd

 

Richard s’en va d’un pas martial et assuré dans la forêt en direction de là où se trouvait le paparazzi…

 

——————

« M. Javot, je peux avoir un autographe s’il vous plaît ? Vous savez, moi je n’y crois pas à toutes les bêtises qu’ils écrivent dans ces journaux, mais bon comme je dois les vendre, je les lis hein ? Faut bien connaître sa marchandise ! Et puis ici, à Pollox, ce n’est pas tous les jours qu’on a une vedette ! Vous marquez « Pour Michel », s’il vous plaît. Merci 2 exemplaires ? Ça nous fera 10 euros tout rond ! Ha ben oui, ce n’est pas donné pour ce que c’est ! Moi je n’achète pas parce que… Au revoir merci. »

 

Je crois que cette journée va être gavante, une intuition, comme ça…

 

Ann-Kathrin était en train de prendre son petit-déjeuner quand je me suis planté en face d’elle :

 

Moi

Allô, Houston, je crois que nous avons un problème !

 

Et je lui ai donné People Star.

 

Moi

Je suis vraiment embêté de vous avoir mise dans cette galère, moi je suis habitué, mais j’espère que cela ne vous place pas trop en mauvaise situation…

 

 

Pour le coup, sa réaction m’a scotché. Elle a regardé attentivement le magazine en souriant, puis d’une voix au calme Olympien :

Ann-Kathrin

Oh vous savez, je suis plutôt familiarisée de la chose, le cocasse de l’histoire c’est qu’en général, c’est mon mari qui est en photo, pas moi. Ne vous inquiétez pas, juste une péripétie de plus qui pourrait même devenir amusante !

 

Il était à peine 10h, la journée ne faisait que commencer !

Je sentais qu’elle allait être longue !

Mais longue…

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