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Virginie Le Gléau

Chambre 17

Angoisse de départ

Moi qui planais sur mon petit nuage, je me sens à nouveau angoissée depuis deux jours. Je sais qu’il faut que je profite d’être au calme pour enfin y réfléchir. Comme toujours, écrire m’aide à mettre mes idées au clair, alors écrivons.

Cela a commencé à la traite, lundi matin. En marchant vers les Adrets sous le ciel pâle de l’aube, je me sentais pleine d’entrain pour attaquer cette nouvelle journée. Au retour, j’avais à nouveau ce pincement à l’estomac qui s’était estompé depuis mon arrivée à l’auberge. C’est quelque chose qu’Antoine a dit, alors qu’on branchait la dernière série de vaches.
- Ici, c’est tous les jours la routine, a-t-il fait remarquer. A l’auberge, ça va et vient en permanence. Là, on arrive à la fin du mois, il va y avoir beaucoup d’arrivées et de départs.
Des départs. Mon départ.
Je n’ai pas envie de rentrer à Cherbourg.
Rien qu’à l’idée de rentrer, j’étouffe.
Cherbourg - la ville en général - manque d’air, d’espace, de vaches, de paille, d’arbres. Ma vie là-bas est à la fois morne et angoissante. Je ne veux pas continuer comme ça.
Matthieu… Oublions Matthieu. Même ici, au calme et loin de tout, ne l’invoquons pas.

Depuis que je suis arrivée à l’auberge, j’ai vu arriver quelques personnes, partir quelques autres. Les arrivants sont tristes, inquiets, en burn-out, en colère. Ceux qui sont là depuis longtemps ont l’air plus apaisé, l’air du Jura doit leur faire le même bien qu’à moi. Ils ont trouvé ici quelque chose qui est peut-être aussi à ma portée?

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