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Malia Walander

Chambre 14

Mais est-ce là résumer la vie d’un seul homme ?

Jeanne et Malia, sous un parasol, fin de journée.

- Hélas, Jeanne, je pars bientôt. Je tenais à te remercier pour la qualité de ton accueil. Ce mois passé à l’auberge m’a ressourcée et m’a permis d’y voir plus clair.

Elles se sourient.

- Je t’en prie, c’était bien que l’on se rencontre. Adèle a appris plein de choses à ton contact.

- C’est une enfant adorable… et elle ressemble fort à ton aïeule. Même regard, hein ? C’est troublant, non ?

- C’est vrai… A ce propos, je voulais te demander… Tu es vraiment sûre que papi était à Stains en 65 ? On a mené une rapide enquête entre nous et je suis bien embêtée de te dire ça, mais… ça colle pas.

Surprise, regard agrandi, Malia.

- Comment ça, ça colle pas ?

- Ben oui. A cette époque, il était dans le Gers et papa en plus d’une enfant de trois ans. Ça colle pas… Vraiment pas.

Jeanne, et Malia, chacune dans leurs pensées. Soupir de l’aînée.

- Ah, je vois… Il aurait gardé son secret… Je peux te poser une question ?

Cœur trépidant pour Jeanne

- Oui, bien sûr, et quel secret ?

- Penses-tu tout connaître de la vie de tes aînés, Jeanne ?

- … ?

Recul de Malia, balancement de sa chaise, crissement du sable

- Tu devrais réfléchir autrement. Certes, ton grand-père a vécu à Auch. Certes, il a été père d’une fillette en 1962. Mais est-ce là résumer la vie d’un seul homme ? Comment te dire ? Ses fonctions syndicales étaient importantes pour la zone Paris nord et à cette époque, les ouvriers du livre ont dû ferrailler sec pour gagner quelques avantages qu’ils sont en train d’ailleurs de perdre…. C’est bien pour ça qu’en 68, d’ailleurs, il n’était plus du combat. Les idéaux des p’tits bourgeois, ça le mettait en pétard, si tu vois ce que je veux dire.

- D’accord, d’accord. Mais je ne vois pas ce qu’il y a de secret là-dedans ! C’est quoi le secret, Malia ? Tu en as dit trop ou trop peu…

Malia, ennuyée, mais directement

- Eh ben… Si tu cherches bien, tu verras que ton papi avait des raisons objectives à passer du temps à Stains à cette époque.

- Sois plus précise !

- Ton papi en aimait une autre : Aïcha… Aïcha Kharbouche, elle s’appelait.

- Ça c’est la meilleure ! Tu mens !… pfff ! N’importe quoi !

Recul de Malia, blessée

- Si ça t’arrange, je mens en effet. Ce que je puis te dire, c’est que ton papi était un type bien. Là-dessus, y’a pas à tortiller.

Jeanne est sonnée. Malia lui prend la main. Une grosse pogne sur une petite. Caresse de mère.

- Jeanne, c’est à toi maintenant de voir si tu veux vraiment connaître ton papi. Du côté de Stains, on trouve encore des Kharbouche, si tu grattes un peu.

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