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Akikazi Takenaka

Chambre 5

Balade en veille de fête

Petit détour par le village hier soir pour profiter de la descente aux flambeaux, et des feux d’artifice qui ont suivi. C’était fort agréable de voir ce défilé de lumières avancer tranquillement à travers les rues du village plongées dans le noir. Ces quelques points de lumières m’ont rappelé avec un certain plaisir la lumière de la lune se reflétant au fond des pupilles des renardeaux de l’autre soir… Petit voyage nostalgique, à seulement quelques jours de distance pourtant…

J’ai repéré dans la foule quelques autres pensionnaires de l’auberge. Il y avait cette jeune femme exubérante, à l’accent du Sud de la France qui s’émerveillait sur tout, avec à côté d’elle son père ou son compagnon, à l’air renfrogné et qui ne pipait mot. Ces deux forment une paire pour le moins surprenante et contrastée !

Il y avait aussi cette femme, qui doit avoir à peu près le même âge que moi, mais qui semble plus mature de par ses cheveux gris et courts. Par certains côtés physiques, elle me rappelle aussi bien mon ex, Charlotte (surtout la couleur des cheveux), que toutes les clientes fraîchement divorcées, pensionnaires de leurs ex-maris, et à qui je refourguais quantité d’assurances pour les rassurer encore plus…. à l’époque où j’avais moi-même encore assez d’assurance pour être crédible, évidemment ! Je me suis retrouvé à côté d’elle pour la marche et nous avons un peu échangé. Elle avait un nom double, mais ma mémoire faible des noms fait que je ne suis pas sûr de m’en souvenir exactement… Anne-Catherine peut-être ? Je lui ai parlé de ces réflexions qui m’occupent beaucoup ces temps-ci, l’ikigaï, mais je crois l’avoir plus ennuyée qu’autre chose.


Cela faisait fort longtemps que je n’avais plus vu de feux d’artifice… il est même probable que le dernier remonte à l’époque de ma rencontre avec Charlotte, c’est dire ! Mais là, par contre, pas vraiment de nostalgie, juste un sentiment de paix et finalement d’acceptation avec ce qui s’est passé. Ce n’est qu’une fois les réjouissances débutées que je me suis brusquement rappelé pourquoi cela faisait si longtemps que je ne fréquentais plus ce genre d’événement. La succession rapide des explosions m’a replongé dans de forts mauvais souvenirs : la période où, à l’armée, nous faisions des exercices de prise de bâtiments sous le feu nourri des camarades… mon souffle est devenu court… l’air commençait à me manquer… j’ai frisé l’attaque de panique… Et dire que j’avais choisi cette arme-là pour une bête histoire de succession familiale (mon grand-père maternel et mes oncles avaient tous gradé dans l’infanterie).

J’ai alors pris la poudre d’escampette et suis retourné en direction de l’auberge, sans toutefois prendre le chemin le plus direct… c’est ainsi que je suis passé à côté de l’aire d’accueil pour les gens du voyage, où une fête avait également lieu, avec plein de lampions allumés, une belle musique…. une certaine douceur se dégageait de cette ambiance, et je me suis arrêté quelques minutes pour en profiter.


De retour à l’auberge, afin de réussir à calmer encore quelque peu mes nerfs, j’en profitais pour aller faire un tour en lisière de forêt pour m’imprégner de son calme. Mal m’en a pris, car après quelque pas seulement, mon pied droit eut une rencontre brutale avec une racine affleurant en surface et je me retrouvais le nez dans la poussière ! Cheville tordue ! La montée et descente des escaliers pour me rendre à ma chambre ces prochains jours s’annoncent difficiles ; je vais probablement faire une exception à mes habitudes et prendre l’ascenseur au lieu des escaliers.

Finalement, cette soirée m’amène à penser que je commence peut-être à être sur la bonne voie pour le deuxième pilier de l’ikigaï : se libérer soi-même ! Du moins le processus pour me libérer de Charlotte et de mon travail semble avoir enfin débuté…

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