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Natacha, dite Natou 13

Chambre 4

Nature, nature...

Oh peuchère les vaches ! Que c’est gros !

On est parti aux horreurs, comme dit ma mère, à la ferme, avé Virginie, c’est comme ça qu’elle s’appelle. C’est une belle jeune femme, toute simple. En la voyant, je me suis dit :

- C’est ça qu’Adèle doit appeler beauté naturelle.

Tendance Fifi, pas de maquillage, une simple queue de cheval, jean, pole air, chaussure de marche. Vé, qu’elle est belle ! Mais elle est grande aussi, au moins deux têtes de plus que moi, sans mes pilotis. Hoï ! je suis pas allée à la ferme avec, je suis cougourde mais quand même ! J’ai demandé à Adèle ou je pouvais trouver des bottes, elle m’a dégotté ça, je sais pas où, mais ça m’allait ben.

J’ai mis le jean acheté à bourg, la pole air, et les bottes, on aurait dit une mini Virginie ! Enfin bref, la ferme, faut que je vous raconte !

On arrive, Virginie, on voit tout de suite qu’elle est à l’aise, elle tape à la porte d’une des batisses, on entendait les vaches qui beuglaient au travers ! C’est de là que ça doit venir « arrête de beugler ! » Parce que ça fait un de ces boucans !

- C’est la laiterie, c’est là qu’on fait la traite.
- L’allaiterie, ah d’accord. C’est quoi la traite ?
- C’est là que l’on tire le lait des vaches
- Chez moi, quand on traite, c’est qu’on insulte !

On ouvre la porte, et là, je sais pus ce qui s’est passé. J’ai bugué ! Té ! Y’avait, je sais pas combien de vaches, c’est énorme les vaches en fait ! Et ça en fait du barouf ! Plus celui de la machine ! Et ça pisse ! Oh pov ! Des litres ! j’ai ben cru que j’allais être arrosée ! Alors, je veux ben faire l’aventurière, mais me faire pisser dessus par des vaches ! Ça non !

Antoine, c’est le nom du fermier, y m’a dit d’approcher ! Oh peuchère ! j’’avais les chocottes quand même ! je me suis vue toute espoutie par ces grosses bestiasses !

Mais, tsé ! J’ai fait la traite quand même !!!!! Mamamia, personne va vouloir me croire à Marseille, « Natou qui traite les vaches ! C’est ça, quand les mouches péteront ! » Pourtant c’est la vérité vraie de vraie ! C’est Virginie et Antoine qui m’ont montré ! Bé, c’est pas facile ! Faut le coup de main !

En plus, J’ai appris plein de nouveau mots, comment on appelle les tétons de la vache ? Ah merdouille, ça va me revenir… c’est comme crayons … Les Trayons, c’est ça ! Bon j’ai pas tout retenus non plus, ça faisait beaucoup quand même, mais je crois que j’étais meilleure élève là, en faisant, qu’à l’école, le cul vissé sur une chaise, c’est sûr ! Et pi les vaches en fait, elles étaient bien gentilles, elles bougeaient pas. Pourtant, ça doit pas être rigolo qu’on te colle des trucs sur les tétons pour prendre ton lait, tous les jours de ta vie, té ! Ça m’a rappelée, la cousine Jessica, elle tirait son lait quand elle a eu son minot, avec une machine aussi.

Mais le top du top ! C’est quand on a été donner le biberon aux petits veaux ! Malheur, comme c’est mignon ! c’est gros petiots là ! J’ai pu les caresser !!!!! Je serais bien restée là, avec eux… C’est pitié quand même ! Antoine y m’a dit que les petits mâles pour la plupart, ils allaient dans notre assiette.

- Vé, Antoine, je crois pas que je pourrai manger du veau après les avoir nourris !
- Bah, Natou, c’est la nature, c’est comme ça.
- Peut-être bien, mais quand même, ça me fend le cœur, à moi, d’imaginer ces petiots-là, en steak.
- Et d’où tu croyais qui venait tes steaks ?
- Je sé pas, j’y avais jamais pensé !
- Tu vas pas devenir végétarienne quand même ?
- Bé peut être, comme Kim
- C’est qui ça, Kim
- C’est une vedette
- Ah, connait pas.

Et après, on a retrouvé Virginie, on a été nourrir les génisses ! Tu sé ce que c’est une génisse ? Moi je savais pas ! C’est une vache qu’a pas encore eu de petit ! C’est physique comme travail ! Faut que tu mettes la paille dans les râteliers. Les râteliers c’est les assiettes des bêtes si tu veux. Virginie, je sé pas d’où elle vient, mais ça se voyait qu’elle avait l’habitude. Fan ! Moi, j’avais plus de bras ! C’était pas des bougnettes de faire tout ça !

Après, on a dû repartir, mais Antoine, il a dit qu’on pourrait revenir quand on veut ! Oh j’espère que je pourrai revenir parce que ça m’a trop plut en fait ! On est rentrée à l’auberge, Virginie avait un beau sourire, les joues rougies, elle était encore plus belle. Té, Elle aime ça, la ferme ! Moi j’aime bien ! Mais ça emboucane grave quand même !

J’ai croisée Adèle, dans l’après-midi qui avait une jolie couronne de fleurs dans les cheveux

- Eh ! Adèle ! C’est jolie ta couronne !
- Tu aimes ? C’est Malia qui les fait
- Qui c’est ça Malia ?
- Oh elle va te plaire ! vient, je te présente, elle doit être dans les jardins

Et voilà que comme à son habitude, elle me tire par la main.

Malia, c’est une dame, quand tu la vois, tu te dis qu’elle vient d’ailleurs, mais d’un ailleurs je veux dire, d’un autre monde. Un monde qui serait joli tu vois, avé que de la nature ! Je sé pas bien comment espliqué ! Moi, quand je l’ai vu, j’ai pensé à « dame Nature », voilà, c’est ça !

- Adèle – Malia, je te présente Natou, elle aime bien la couronne que tu m’as faite.
- Malia – Bonjour Natou.
- Bonjour Madame.

Elle a rigolé quand je l’ai appelé madame, comme si j’avais dit une cagade. En même temps c’est vré que c’est drôle d’appeler dame nature « madame » Mé bon.

- Malia – Surtout pas de madame !! J’ai l’impression d’être une vieille rombière ! Appelle moi Malia, sinon je ne te parle plus.
- Natou - Pardon, je recommencerai plus ! Dîtes Malia, comment vous faites vos belles couronnes ?
- Malia – Ah non, il faut me tutoyer !
- Natou – ça je sé pas si je vais y arriver mais je vais essayer.
- Malia – Si tu y arrives, je te montre comment je fais mes couronnes

Té, je crois bien qu’elle me taquinait. Mais j’ai quand même fait attention à la tutoyer. Faut pas fâcher dame Nature.

Alors elle m’a montré. Je saurais pas le refaire. C’est pas que c’est compliqué, c’est que c’est magique. Elle a des doigts de fée té ! D’ailleurs, quand elle parle c’est pareil, on dirait une fée.

On a passé un petit moment ensemble toutes les deux. Adèle a disparu, je veux dire, je ne l’ai pas vu partir. J’étais en fascination ave Malia. Elle m’a hynoptisée !

Elle m’a dit :

- Je t’aime bien. Je vais te faire une belle couronne de fleurs pour le bal du 14 juillet si tu veux.
- C’est vré ? Oh, ce serait super !
- Oui, je vais t’en faire une, sur mesure, qui s’accordera bien avec tes yeux noirs, les reflets bruns de ta belle chevelure et ta peau d’italienne. Tu porteras une robe rouge ?
- Oui, comment vous savez ça ?
- Je ne le sais pas. Une idée comme ça… Le rouge te va bien.

On a quitté le jardin, on a marché jusque dans le hall et elle est partie. Je me suis retrouvée toute seule. C’est comme si je sortais d’un rêve. Quand j’ai raconté tout ça à Toni le soir, il s’est moqué !

- Té, Natou, quel film tu te fais ! s’pas croyable ce que tu es naïve ! Tu croises une vieille folle et tu t’imagines que c’est une fée !

N’empêche, il ne l’a pas vu, lui, Malia. Et si c’est pas une fée, ça m’est égal ! Moi j’aime la voir comme ça !

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