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Brigitte Audiber

Chambre 10

Le voyage

Ce matin, nous sommes partis très tôt pour Lyon parce que j’avais un rendez-vous avec le docteur Sasson avant qu’elle parte en vacances. Ca fait presque un mois que nous sommes à l’Auberge ! Je n’en reviens pas moi-même comme le temps a coulé.

Je n’en reviens pas de combien les choses ont accéléré depuis que nous avons décidé de ce séjour.

Tous ces changements dont j’avais une peur bleue.

Toutes les personnes qui ont aidé à me convaincre d’accepter le plan que Gérard avait dessiné avec la ferme intention de ne pas me laisser tomber au moment où moi, j’avais laissé tomber.

Tous les sacrifices que Gérard a accepté de faire pour me donner ma chance, j’ai toujours un peu de mal à accepter de mon côté, et j’ai toujours un peu peur de ce que ça m’obligerait en échange. 

Je m’accroche, je m’accroche, et j’ai tellement peur au fond de moi que ce soit un château de cartes, et j’ai peur de le perdre, comme j’ai perdu mon père, comme j’ai perdu mes enfants, comme j’ai perdu tous les rêves que j’ai jamais faits. 

Hier, pour la première fois nous avons fait une promenade enchantée avec une autre résidente de l’auberge, une jeunette adorable et qui a dansé tout du long de la randonnée, qu’on avait choisie facile pour elle, même si c’est pas évident quand on est en montagne, mais sa bonne humeur était magnifique à voir, elle s’émerveillait de tout, beuillait même avec les jumelles que lui a passées Gérard pour lui montrer la vue de l’autre côté du vallon. 

Il faut bien dire que c’est assez magique comme vues, avec toutes les teintes possibles de vert, bleu et turquoise qui se reflètent depuis les hauteurs, moi, je ne m’en lasse pas, et elle, c’était sa grande première, j’espère que nous ne l’aurons pas épuisée, on avait beau ralentir, quand on n’a pas l’habitude, ça grimpe et ça tire dans les gambettes ! 

On s’est voussoyées tout le temps si gentiment, et Gérard l’encourageait très paternellement, je voyais bien qu’il avait l’habitude de parler comme si c’était sa fille, ça m’a tellement frappée que je viens de le lui faire remarquer et voilà-t-y pas qu’y m’dit tout à trac qu’elle a exactement le même âge que sa fille, est-ce que j’ai rêvé ? Sa fille ? Est-ce qu’il va finir par m’en parler ouvertement grâce à la p’tite Natou ? Je retiens mon souffle, et j’attends avec impatience la suite de notre petit voyage maintenant.  

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