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Éric Javot

Chambre 16

Le jour d'après

Elle s’est levée doucement pour ne pas me réveiller. J’aurais voulu lui sauter dessus, lui faire l’amour longuement, le temps qu’elle rate son train. J’aurais voulu que jamais elle ne quitte ce lit, cette chambre. Que jamais elle ne retourne à Paris ; pas sans moi.

Quand elle a délicatement posé ses lèvres sur ma tempe, j’ai frémi, mais je n’ai rien montré. Faire semblant de dormir plutôt qu’affronter la réalité ;  je ne supporte pas les séparations…

 

Si elle revient dans cette chambre, ne pas la laisser repartir !

 

 

Je l’observe par la fenêtre, ma belle s’en va en Skoda dans un grand nuage de poussière…

 

Rideau

Fin du premier acte !

 

 

 

XX.Ext.Jour/ Parking de l’auberge :

 

Richard, habillé d’un simple peignoir, surgit sur le parking, saute sur sa moto sans mettre de casque. Il démarre, accélère violemment dans un vrombissement assourdissant, dérape en zigzag  et dans un grand nuage de poussière, se lance en direction de la sortie.

 

XX.Int.Jour/Wagon de TGV près de la fenêtre :

 

Lauren Bacall, l’air triste, un livre ouvert sur ses genoux, perdue dans ses pensées, regarde par la fenêtre. Le train quitte la gare.

 

 

XX.Ext.Jour/ route de montagne :

 

Divers plans de Richard négociant rapidement les virages, prenant des risques. Le peignoir vole au vent. Gros plan sur son visage crispé.

 

Alternance entre les séquences TGV et les séquences Route.

 

XX.Int.Jour/Wagon de TGV près de la fenêtre :

 

Lauren Bacall, toujours rêveuse regarde le paysage qui défile ; on voit que le train longe une autoroute.

 

XX.Ext.Jour/ route :

 

Richard arrive à l’autoroute, on voit le TGV au loin. Il accélère et fait une roue arrière pour défoncer la barrière du péage. Deux motards et des voitures de la gendarmerie le prennent en chasse. Scènes de slalom entre les voitures et les camions. Richard n’obtempère pas malgré les sirènes et les gyrophares. On voit qu’il rattrape rapidement le TGV.

 

XX.Int.Jour/Wagon de TGV près de la fenêtre :

 

Alors qu’elle continue à rêver en regardant le paysage, Lauren Bacall s’aperçoit qu’il se passe quelque chose sur l’autoroute. Il y a une course-poursuite entre une moto pilotée par un gars en peignoir et la gendarmerie. Le motard en peignoir debout sur les cale-pieds scrute le TGV.

Soudain elle comprend que c’est Richard. Elle éclate de rire en lui faisant de grands signes des bras. Richard stabilise la moto à auteur du TGV et crie quelque chose. En lisant sur les lèvres, Lauren Bacall comprend qu’il crie « Je t’aime »

Elle se lève, se colle à la fenêtre et crie à son tour

Lauren Bacall

Moi aussi je t’aime

 

Le TGV s’engouffre dans un tunnel, Richard ralentit et est vite entouré par les gendarmes…

—————

Coupez !
C’est digne de Bollywood ! On la garde !

 

 

Par terre une petite culotte oubliée, sur la chaise son soutien-gorge ; réminiscence…

 

Que va-t-elle penser de mon synopsis ? J’espère qu’ils n’ont pas oublié de lui donner !

 

Me rendormir ? Même pas en rêve !

 

Juste lui envoyer un SMS ; non c’est trop tôt, après manger. Oh si quand même. Non pas maintenant, bon OK :

 

 Mon amour… Non trop direct… Élisa… Trop conventionnel

De Gabin à Morgan de toi… Trop Cliché

De Gabin :

Humphrey bien sucé (Pff connard !) un petitUn film… Un remake de ma dernière journée avec toi… Lauren.

Tu vois… Imagine que je siffle là

Appelle-moi… Tu m’appelles quand tu arrives à Paris, s’il te plaît ?

Bises… Kiss.

 

Je vais aller prendre un petit-déjeuner, me mélanger aux vivants, ne pas me laisser engourdir par le lancinant sentiment de manque !

 

Je prends un café et engloutis quelques croissants, les nuits d’amour ça creuse.

 

La vie continue, tout va bien ! Je viens de croiser une licorne !

 

 

 

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