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Artus Constant

Chambre 9

Remballer les châssis

Trois étranges semaines, vraiment. Je suis parti pour chercher de la « nouveauté[1] » et, bien sûr, c’est le « vieux » moi que j’ai retrouvé.

Sous le vernis des déceptions, des trahisons, des érosions, je suis toujours là. Prêt à laisser éclater mes couleurs, mes rouscaillages et ma passion du beau, de la vie, de l’amour. Tout terni, usé, dépassé, que je me voyais, j’avais juste besoin d’un coup de frais.

Le Jura, je n’y croyais pas. La vraie montagne, je la connais. Je l’ai à ma fenêtre depuis que je suis né. Mais il me fallait du nouveau. J’allais étouffer, sinon. Trois semaines seul avec mon sujet, sans croiser la Sylvie, sans la petite dans les pinceaux. T’as qu’à croire ! Je me console en me disant que je n’aurai pas été le premier qui Jura, mais un peu tard[2]

Par quel improbable clin d’œil des dieux un abruti de psy a envoyé pile au même endroit une amazone un peu perdue ? Quelle cupidonnerie nous a saisi à l’improviste ?

Dame Jeanne, merci. Vous avez sacrément bien fait de l’ouvrir, cette auberge. Même si ma buse de GPS ne sait pas la trouver.

J’ai pas envie d’être demain. Pas envie de voir la Calliste descendre de la Kangoo et monter dans son train. Même pas envie de rentrer à Forcalquier. Putain, ça doit être une première, ça ! Je dois bien bosser, mais on se retrouvera vite. Le temps est clair et tous nos cols sont ouverts. À bientôt, l’amoureuse.

Notes

[1] vieille comme le monde, comme chacun sait

[2] hé oui, on a des lettres aussi, sur les crêtes

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