Quand je suis descendu dans le hall vendredi matin, le gendarme de mardi était déjà là, mais au téléphone. Il a interrompu son interlocuteur sans raccrocher, s’est approché de moi en souriant, puis a repris son appel.
“Oui, excuse moi, quelqu’un est arrivé. Je voulais savoir si vous avez prévu une sortie aujourd’hui.
- …
- Ok, merci. Nickel.
- …
- Le Mont Fier. En partant de Rosset.
- …
- C’est plus calme, il y aura moins de monde.
- …
- Peut-être.
- …
- Exactement.”
Il m’a regardé, a levé les yeux au ciel et a fait des mouvements avec sa bouche pour me faire comprendre le niveau de parole de son interlocuteur. Ça ne me dérangeait pas tant que ça. J’en ai profité pour l’admirer. Il avait abandonné son uniforme pour un t-shirt près du corps et un short tout autant. Je me savais musclé, mais là je me sentais un peu brindille. Et lui faisait plutôt tronc.
“Je vais te laisser, hein.
- …
- Encore merci de l’info et bonne journée. Ciao.”
Il raccrocha en soupirant exagérément. Puis il me tendit la main.
“Je m’appelle Mehdi.
- Ah oui ! Enchanté, moi c’est Matteo.
- Enchanté. On est partis ?
- Presque !”
Je suis passé au comptoir d’accueil chercher mon panier repas et nous sommes montés dans sa voiture. Après une demi-heure de très petites routes, il s’est garé devant un gîte. Avant de démarrer, j’ai mis de la crème solaire. Je lui ai tendu le flacon, mais il m’a regardé avec un sourire un peu moqueur. C’est là que j’ai tilté que sa peau était de toute évidence plus protégée que la mienne contre les rayons du soleil. J’avais bien vu la différence de couleur mais je n’avais pas fait le lien.
Nous avons commencé à marcher. Au début, il m’a un peu parlé, m’indiquant vaguement l’endroit où il souhaitait arriver et le trajet du sentier. Mais le sentier a commencé à être escarpé et nous avons économisé notre souffle. Il était toujours 2 ou 3 pas devant moi et souvent un peu plus haut, ce qui me laissait une vue imprenable sur son short. (Et ce qu’il tentait de contenir.)
Un peu avant midi, nous sommes sortis de la forêt et nous sommes arrivés au sommet d’une barre rocheuse. Une croix était plantée là, apparemment pour signaler le sommet. Et nous n’y étions pas seul, nous avions rejoint le sentier principal de cette randonnée. Nous sommes restés quelques minutes à observer le paysage. Les vallées du Jura, les forets de résineux, les hameaux et stations de ski. Temps magnifique pour un paysage magnifique. Une mémoire fugace s’est imposée à mon esprit, un moment un peu semblable : Hakim et moi, dos au Sacré-cœur, regardant le paysage offert par Paris. Mais Hakim n’était pas Mehdi et le Jura n’est pas Paris.
Après quelques minutes, Mehdi a posé une main sur mon épaule. Quand je me suis retourné, il m’a fait un signe de tête pour que je le suive. Nous avons quitté le sentier (et les autres randonneurs).
“Le véritable sommet n’est pas ici, il est un peu plus loin, mais il n’y a pas de sentier. On y va ?”
Je l’ai suivi, dans la foret. Le parcours était plus difficile à travers bois. De temps en temps, il se retournait pour m’aider à grimper un talus. Ce qui me donnait une vue imprenable sur son bras, son torse … et son entrejambe. Nous avons trouvé une clairière où manger au soleil. Nos paniers repas se complétaient bien et les deux parts de fondant au chocolat fournies par Mme Lalochère ont été très appréciées. Après avoir fini sa part, il m’a regardé et a éclaté de rire.
“Tu as plein de chocolat sur la bouche. Attends !”
Il s’est rapproché de moi, s’est appuyé sur une main et a commencé à nettoyer mes lèvres … avec les siennes ! Il a arrêté, a pris un peu de recul et a passé sa langue sur ses lèvres.
“Très bon goût. … Oh, il en reste !”
Et il m’a embrassé à nouveau. Cette fois, j’ai participé, attrapant sa tête entre mes mains et glissant ma langue à la recherche de la sienne. Je me suis couché, coincé entre son corps et les monts du Jura. À partir de ce moment là, nous avons rapidement abandonné nos t-shirts. Nos mains couraient sur nos corps, glissant à certains endroits. N’en pouvant plus, nous avons cherché un coin encore plus à l’abri des regards, au cas où. Nous nous sommes passés le bâton du relais, l’un surveillant les alentours, des yeux et des oreilles, pendant que l’autre s’occupait de lui.
Il y a eu beaucoup de montées cette après-midi là. Ne serait-ce qu’au septième ciel.
C’était un moment très agréable, quelle qu’ait été l’occupation. Je me suis senti seul au monde avec mon gendarme, sans plus aucune pression, sans plus de souci. Rien que du plaisir qui s’ajoutait au plaisir.
L’heure avançait et il a été temps de redescendre. Nous nous sommes rendus présentables, nous avons rangé nos affaires, nous assurant de laisser l’endroit dans l’état adorable où nous l’avions trouvé. La descente a été plus rapide et plus facile que la montée. Autant que possible, nous restions en contact physique.
De retour à l’auberge, nous avons fait quelques longueurs dans le lac. Il s’est débrouillé aussi bien que moi. Après la douche, je suis allé voir la patronne.
“Je suis désolé, mais je vais changer mes plans. Je devais rester jusqu’à dimanche matin, mais je vais vous libérer la chambre demain matin. Bien sûr, je vous paierai toutes les nuits réservées.
- Je comprends, monsieur Pict. Je comprends.
- Je vous assure que ça n’a rien à voir avec la qualité de l’auberge. J’ai passé un très agréable séjour et j’espère pouvoir revenir un jour.
- Je n’en doute pas une seconde.
- Pouvez vous me préparer deux paniers repas pour demain, s’il vous plaît ? Il me reste une randonnée à faire avant de prendre le train. Et encore merci pour le dessert d’aujourd’hui. Il était vraiment très bon !”
Mehdi et moi avons dîné dans un restaurant qu’il connaissait à proximité. Puis nous sommes revenus discrètement tous les deux à ma chambre pour y passer la nuit.
Je profite que Mehdi dorme encore pour raconter cette journée d’hier, entre deux admirations de son corps nu sur les draps de mon lit. Je vais aussi préparer mes valises. Comme ça, nous rentrerons directement à son appartement ce soir et à la gare de Bourg-en-Bresse demain matin. Ce qui nous laisse encore 24h à profiter l’un de l’autre. Quel meilleur moyen de finir mes vacances ?
1 Commentaire de Pep -
Ça, ce sont des vacances qui terminent en apothéose, Matteo ! \o/
2 Commentaire de Mel'O'Dye -
mrrrraaaaooouuuu <3
3 Commentaire de Sacrip'Anne -
Fadaises, même les peaux les plus pigmentées peuvent prendre des coups de soleil. Quoi, c’est pas l’essentiel ? 😂
4 Commentaire de Avril -
Joli récit d’une CHAUDE journée.<émoji pouce vers le haut>
Et manifestement, la patronne a très bien compris les raisons de ce départ précipité :D
5 Commentaire de Claire Obscurs -
Belle randonnée.
6 Commentaire de Lilou -
super final pour Matteo bravo
7 Commentaire de Samantdi -
Je me suis senti seul au monde avec mon gendarme : élue phrase préférée du texte. Ce couple improbable m’enchante ! Bonne reprise Matteo c’était bien chouette de suivre ton séjour à l’auberge !
8 Commentaire de Ginou -
Quelle belle fin de séjour !
9 Commentaire de TarValanion -
Y’en a qui se font bien plaisir. Et qui auraient tort de se priver.