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Lisa

serveuse

Mots dans la nuit

Vendredi soir, enfin un peu de repos ! Ça, c’est ce que je me suis dit tout à l’heure quand j’ai terminé mon service. Je suis remontée dans ma chambre, j’ai pris une douche et je me suis mise au lit directement. Je n’avais rien d’autre en tête qu’une bonne nuit de sommeil, mais mon cerveau en avait décidé autrement et s’est remis à tourner à mille à l’heure. La grande boucle autour du lac demain, le poids des assiettes toute la semaine, les visages croisés et recroisés qui deviennent peu à peu familiers, Florestine et Meya qui devraient se faire un peu plus confiance mais comment les aider ?, les bonnes odeurs de la cuisine qui me reviennent (le comté, la saucisse et les champignons ça reste bien dans le nez) et et et.
Heureusement, j’aime écrire la nuit, alors on va essayer de poser tout ça doucement.

Le boulot se passe bien, globalement. La carte a changé cette semaine, il a fallu apprendre les noms des nouveaux plats mais en gros c’est pas compliqué : s’il y a “comtois” dans le nom ça veut dire qu’il y a du comté et de la saucisse, s’il y a “bressan” c’est plutôt au poulet et/ou au bleu. Ça rappelle parfois la cuisine lyonnaise. Je dis ça comme si j’étais spécialiste, mais ça ne fait que deux ans que je vis à Lyon et je n’ai pas le budget pour aller dans les bouchons tous les midis. En fait, Janette a beau venir de l’autre bout du monde, elle connaît la gastronomie française bien mieux que moi. D’un autre côté, je me suis rendu compte que je connaissais mieux la littérature américaine qu’elle. On a pris l’habitude de discuter après les repas, parfois en anglais, elle me raconte ses petits secrets culinaires et moi je lui parle de ce qu’on apprend en fac d’anglais en France. Je suis contente de travailler avec elle. Finalement, ce n’était pas si difficile de trouver à qui parler.
Je commence à mieux connaître les clients, aussi, la conversation s’engage plus facilement. Mardi midi il restait du pain perdu à la fin du repas, j’en ai resservi à cette petite fille qui avait eu des étoiles dans les yeux quand j’avais apporté la première assiette. Du pain perdu, on n’allait pas le laisser se perdre. Les parents étaient un peu gênés mais je leur ai dit qu’il n’y avait pas de problème, que j’en avais parlé avec Jeanne. Ça les a rassuré et on a un peu discuté. Le papa est un artiste ! La maman je ne sais pas (pas sûre que ce soit la maman d’ailleurs, enfin je n’ai pas vraiment eu le temps d’enquêter sur l’arbre généalogique de la petite) mais elle semble respirer le bonheur et la sérénité. Je devrais lui demander son secret.

On croise toutes sortes de gens à l’auberge, presque des personnages de roman. Cette femme montée sur ressorts l’autre midi, qui voulait absolument manger à une table que je n’avais pas encore débarrassée, je ne sais pas ce qu’elle avait en tête mais j’imagine que Toé est à peu près dans le même état quand il invoque les énergies des roches. Et je crois bien avoir rencontré une incarnation de ce que je recherche pour la princesse Arabelle, la distinction, une pointe de mépris, tout ça.

Demain je vais marcher autour du lac, c’est vrai que ça ressemble aux monts Taëlys, ça devrait me donner des idées. Je pense souvent à Florestine et Meya, je cherche comment les faire tomber amoureuses mais on en est encore loin, pour le moment 1) Florestine n’a pas totalement compris que Meya était humaine et 2) Meya a encore trop peur des autres pour s’approcher vraiment d’une guerrière en armure comme Florestine. À force de marcher toute seule je devrais bien trouver quelque chose.

Voilà pour ce soir, cher carnet. Mes yeux commencent à se fermer, je vais te laisser je zzzzzzz
Bisous

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