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Natacha, dite Natou 13

Chambre 4

Quand on arrive en ville

Ce matin devant l’auberge, j’arrive toute pimpante, j’avise Henri appuyé contre la voiture et Adèle qui cause en sautant à cloche pieds ! Quelle énergie elle a, la nine !

J’ai mis ma mini-jupe panthère avé le petit caraco assorti, le seul gilet que j’ai emmené, et je grelotte déjà ! L’est temps qu’on achète des pulls ! J’aurai fini aussi congelée que la reine des glaces !

Adèle et Henri me regarde, je sens bien qu’encore une fois, je dois pas être comme il faut ! Mé bon, c’est pour ça qu’on va en ville ! Alors je fais mon plus beau sourire et je dis :

- Bé, vaï, restez pas comme ça à me zieuter ! On y va faire cette virée en ville ?!

Henri me sourit, je crois bien que c’est la première fois qu’y me sourit si franchement. Ça me fond le cœur direct ! Ça me rappelle mon père, il avait tout à fait cette façon-là de me sourire. Bé, je vois mon père un peu partout, c’est pour ça qu’il me manque pas, je sé bien, vé, qu’il est toujours avé moi.

Enfin bref ! Nous voilà parti. Dans la voiture, té ! On cause bien-sûr, enfin surtout Adèle et moi. Elle me bombarde de questions sur ma vie, sur Toni, une vraie mitraillette à paroles ! Et puis Henri, tout soudain, demande :

- Henri - Il fait quoi ton Toni ?
- Natou - Il court dans la montagne.
- Adèle - C’est un métier ça ?
- Natou - Ah comme travail tu veux dire ? Bé, je sais pas trop, de l’un porc exe porc, je crois.
- Henri - Il importe quoi ?
- Natou - Comment ça n’importe quoi ?
- Henri - Non, Il IM-porte quoi ?
- Adèle - Importer, ça veut dire acheter à l’étranger et ramener en France.
- Natou - Ah bon ? C’est pour ça que je pigeais que dalle, bé ! Je croyais qu’il était dans la cochonnaille ! Ah c’te rire ! En vré, je m’en moque de ce qu’il fait, je lui ai jamais vraiment demandé !
- Adèle – ça t’intéresse pas ce qu’il fait ?
- Natou – Ben de toute façon j’y comprendrais rien ! Alors je sais comment je suis. Y va commencer par m’espliquer et au bout de 3 minutes je vais bailler dans la corbeille et je vais avoir envie de dormir. C’était comme ça à l’école, j’arrivais pas à écouter, Les profs y me donnaient le sommeil.
- Henri – Ah je comprends ça, moi.
- Adèle – Moi je rentre au collège l’année prochaine !
- Natou – Au collège ! Mais t’es pas un peu nine pour le collège ?
- Adèle – J’ai un an d’avance c’est pour ça.
- Natou - Peu cher, moi j’avais plutôt du retard ! Et toi t’avais plutard du retôt ! Ah cte rire ! Moi je me suis arrêtée en 3ème, mais j’avais lâché bien avant.
- Adèle – Et tu as fait quoi après l’école ?
- Natou – Bé l’école de la vie !
- Henri – Elle est bien celle-là aussi.
- Natou - J’ai servi au bar de l’oncle à Marseille. Après, j’ai rencontré Toni et mon oncle y s’est fâché, il a plus voulu, alors j’ai fait instagrammeuse, et maintenant je suis bloggeuse. Bon, pour tout vous dire, je gagne pas le sou mais Toni, il gagne pour 10 alors !
- Adèle – Moi je voudrais jamais dépendre d’un homme pour vivre !
- Henri – Sage décision.
- Natou – Tsé ! T’es une féministe, déjà à ton âge ?
- Adèle – Oui ! Je suis pour que les hommes et femmes gagnent la même chose, je suis pour qu’il n’y ait pas de différence, pour qu’on arrête de croire que parce qu’on est une fille on peut pas dire ça, on peut pas faire ça ! Moi je fais ce que je veux !
- Henri – On avait remarqué !
- Natou – Et ta mère, elle te laisse faire ce que tu veux ?
- Adèle – Presque tout ! En tout cas on en parle et si j’ai de bons arguments, elle m’écoute.
- Henri – Oui enfin des fois tu oublies un peu de lui parler.
- Adèle – Nan, mais là ça compte pas, j’étais sure qu’elle serait d’accord !
- Natou – Bé, t’as de la chance ! Moi, ma mère, elle est toujours sur mon dos ! « Natou, on ne parle pas comme ça ! on ne fait pas ça ! Une jeune fille doit ! » Té quelle histoire ça a fait quand je me suis mis avé Toni ! J’ai tout entendu !
- Henri – Le problème avec les mamans, c’est quand elles disent trop de bêtises, on n’entend plus quand elles ont raison…
- Natou- Ah Monsieur Henri ! Je peux vous dire que concernant Toni, elle se trompe du tout au tout !
- Henri- Peut être bien Natou, je le connais pas ton Toni, je peux pas dire de mal de quelqu’un que je connais pas.
- Natou - L’est pas parfait, mais il est gentil avé moi. Il me traite comme une princesse !
- Adèle – Oh moi j’aimerai pas être traitée comme une princesse ! C’est chiant !
- Natou – Eh bé, comment tu parles ? Et pourquoi que tu voudrais pas être traitée comme une princesse ?
- Adèle - D’abord Natou, je tiens à te dire qu’une fille a le droit de dire « Chiant » ensuite, justement parce qu’une princesse, elle, ne pourrait pas le dire ! Ensuite, parce qu’une princesse, c’est juste la bonniche riche de son mari riche ! ça sait rien faire ! c’est mortel !
- Natou – C’est sûr que vu comme ça…

Henri se marre, et moi aussi té, qu’elle est vive cette petiote ! Elle me tourneboule le ciboulot !

- Adèle – En vrai, tu rêves de quoi, toi, Natou, si tu mets pas Toni dedans, tu ferais quoi dans la vie ?
- Natou- Oh peu cher ! En voilà une question !
- Adèle - Je suis sure que tu y a pensé !
- Natou - Bé, en vré ! Depuis que je suis ici, ça me remonte le rêve. J’aimerai bien faire comme ta maman. Avoir mon auberge à moi et puis accueillir les gens. J’aime ça être avé les gens.
- Henri - Natou, tu serais une super aubergiste ! c’est certain, t’as du talent pour ça !
- Natou - Bé c’est gentil de dire ça ! Mais j’aurai un problème avé les chiffres je crois. Toni y dit que j’ai pas assez de cervelle pour tant de responsabilités.
- Henri - Ben ça tu vois, c’est pas très gentil de le dire.
- Natou – Nan, c’est pas méchant, c’est pour pas que je me fasse des châteaux en Espagne comme y dit.
- Adèle – Faut juste que tu trouves un bras droit !
- Natou – Oui, c’est ça, surtout que j’ai deux mains gauches !

On est parti d’un fou rire tous les trois … N’empêche, c’est vré, j’admire beaucoup DameJeanne. Elle est chic et tout et tout. Adèle m’a dit qu’elle demanderai à sa mère si elle veut bien me raconter comment elle est devenue aubergiste et me parler du métier. Pas sure que ce soit bien utile, mé bon, elle était tellement enthousiaste à cette idée, qu’elle m’a contaminée !

Oh et dans les magasins, qué rigolade ! On a pas arrêté de faire les fifolles, pendant que Henri cherchait son matériel de pêche ! On a mis des bottes de pêcheur qui montent jusqu’au cuisse ! Qué rire ! Avé ma jupe panthère, cté dégaine ! Et Adèle ! Si petiote qu’elle pouvait quasi y mettre les deux jambes dans une botte !

Après on a été dans le magasin de sport ! Adèle a été sans pitié ! Pas de rose, pas de paillettes ! Elle m’a dit :

- Tu es tellement belle ! Tu n’as pas besoin de tout ça ! je te jure ! ça gâche même ta beauté naturelle !

Et Henri qui hochait la tête. C’est une petite qui a la sagesse d’une vieille ! Elle est pas croyable !

Henri s’était assis sur un banc en attendant. Je faisais mon défilé de mode, Adèle disait « Oui, non, non » Plus souvent non que oui ! Quand c’était ok, elle déposait les vêtements sur Henri,si bien qu’à la fin, il en était cafi de mes fringues, il ressemblait à un épouvantail ! Qu’est-ce qu’on a rigolé ! Du coup je lui ai posé un capéou sur la tête, un qui fait aventurier ! Il lui allait tellement bien que je lui aie offert ! Y voulait pas, il faisait son testard !

- Je porte que de la casquette !

Mais je suis plus testarde que lui et puis Adèle m’a aidé, y peut pas lui dire non !

Et puis après, vu l’heure ! Je les ai invité à déjeuné dans un restaurant ! Henri a vaguement tenté de résister. Mais adèle lui a fait ses yeux de chiots et naturellement il a craqué. M’est avis qu’il aime les enfants plus qu’il ne le montre ! Et pi, contre nous deux, aucune chance qu’y l’emporte !

On a bien mangé, on a bien rigolé ! Oh peu cher ! Qué bonheur ! C’est comme si j’avais trouvé une nouvelle famille.

Dans la voiture, sur le chemin du retour, on s’est endormie toutes les deux, rincées qu’on était par tout ce bonheur !

En arrivant à l’auberge, j’ai un message de Toni qui me dit qu’il a dû repartir à Marseille, une urgence pro, que je m’inquiète pas, tout est payé d’avance, je n’ai qu’à l’attendre. Il reviendra dans quelque jours… Vé, ça m’a fait un petit pincement dans le cœur ! Mais la journée était si belle ! Et maintenant que j’ai les bons pulls pole air, je vais plus avoir froid. Je suis prête, parée pour les aventures suivantes ! Alors, je souri ! Vaille, la vie est belle ! Et puis, Toni va revenir alors ! Pas la peine d’en faire un pataquès !

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