Informations sur l’accessibilité du site

Laurent Duhamel

Chambre 15

Voyage autour de ma chambre

Ça m’est tombé dessus. Il y a une semaine et demi, je m’étais levé, tout guilleret même si Alex me manque de plus en plus. Le soleil me faisait de l’oeil, une balade me ferait du bien me suis-je dit… Le toubib me dit souvent que je suis en bonne santé, en bonne forme mais qu’un peu d’exercice ne me ferait pas de mal. Il faut toujours écouter les docteurs.

Donc j’étais descendu voir la réception et le leur avais demandé un beau chemin. Pas une randonné pour bobo, non une vraie, où on se vide bien la tête. Vous savez, quand on marche, au début, on a les pensées qui vont dans tous les sens, « comme des abeilles en colère » dit souvent Alex, à propos du travail, de la famille, des collègues, de la cuisine, du vacherin, tutti quanti. Et après quelques heures dans la forêt ou en montagne, on se met à penser au même rythme que le paysage. Ça décante… On peut avoir la même chose avec plusieurs heures de route avec une bonne voiture, j’ai eu ça en Islande, à travers Ódáðahraun, un paysage impressionnant. A force d’être dans ce paysage, notre tête devient aussi un désert intérieur.

Je parle, je parle…. Revenons à nos moutons. On m’indiqua un beau circuit de huit heures, où je pourrais voir des paysages caractériques du coin. et on me donna gentiment un panier pique-nique.

J’y allai aussitôt. J’étais pressé de m’oxygéner les neurones. Ce fut une bien belle balade où je photographiai des points de vue pour Alex. Je rentrai à la nuit tombante. Mais je n’avais pas faim, je montai dans ma chambre, je me couchai après un coup de fil à Alex. Et la fièvre me tomba dessus à bras raccourci.

Toute la nuit, je me débattis avec la température, la sueur, les délires… Au matin, je ne me sentais guère mieux donc on appela le docteur du coin qui accourrut, m’ausculta et me dit: grosse grippe, quelques jours de repos, ne pas quitter la chambre, ça fera trente-cinq euros. Vous avez la carte vitale ?

La fièvre partit quelques jours après, mais j’étais toujours crevé. Je restai donc dans ma chambre le temps de récupérer. Les premiers jours, j’étais incapable de me concentrer. Puis jeudi dernier, je pouvais lire. Alors, je lus, lus, lus. Une boulimie de lecture, tout passa entre mes mains, les journaux, les romans, les essais. J’écumais un certain site russe pour ma dope ePubienne.

Enfin, je me jugeai suffisamment en forme pour sortir de ma chambre. Il est temps, les jours ont filé et il ne me reste plus que deux semaines pour obtenir ce pour quoi j’étais venu. Je le cherchais depuis longtemps, et je n’allais pas laisser filer une occasion pareil ! Demain matin, je demanderai à la patronne à propos de cette ferme et j’irai y faire un tour. Je l’aurai d’une manière ou d’une autre.

Haut de page