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Calliste Saunier

Chambre 13

Le goût de pêche des vacances en été

C’est incroyable ce sentiment d’être reposée, enfin. Après toutes ces années.

Vivre à son rythme c’est quand même LE secret pour ne pas être fatigué(e), hein. Sauf réveils inopinés par une choupinette lève-tôt, suivez mon regard.

La choupinette sait y faire, pas qu’avec moi.

L’autre jour on déjeunait, et elle a réussi à entortiller suffisamment Lisa, la nouvelle serveuse, pour avoir du rab de dessert.

Du coup Artus et moi l’avons largement remerciée, en espérant que ça ne lui pose pas de problème avec Madame Lalochère (qui m’a l’air d’être assez indulgente sur les numéros de charme des petites filles espiègles, au demeurant).

Lisa a l’air d’être assez liante aussi, elle a commencé à nous expliquer un peu d’où elle venait mais avec tous les clients à table, ça n’était pas le bon moment pour bavarder. Elle est tout à fait gentille et pétillante. Quelle équipe !


Les journées passent, douces et tendres. Parfois je vais regarder Artus peindre. Je m’assieds pas trop loin de lui, je mange des fruits pour le goûter en lisant pendant qu’il chercher à décrypter les mystères des montagnes Jurassiennes.

Il grommelle, fronce les yeux, et j’ai l’impression que ça n’est pas à la montagne qu’il en veut. Puis son regard tombe sur moi, ses yeux se plissent dans un sourire éblouissant et la vie est à sa place.

Je passe du temps avec Mathilde, aussi, quand elle n’est pas partie pour une de ses grandes aventures avec Adèle. Le personnel de l’auberge et les clients les couvent de l’oeil, couvrent leurs bêtises et cautionnent leur gourmandise. Mathilde a loupé une “profiterolles party” clandestine dans la cuisine l’autre jour et n’a de cesse que de prendre sa revanche.

Cette môme est une merveille, malgré son goût pour la vie matinale. J’aime bien regarder le monde par ses yeux de petite personne perspicace.


Tout à mon calme qui se reconstitue et mon cœur redevenu adolescent, je regarde de loin les autres clients de l’auberge. Il s’y noue des choses, petits et grands drames, petits et grands bonheurs. Comme June qui avait disparu et semble maintenant émerger d’un grand chagrin.

Je n’ai pas croisé Gaston depuis quelques jours et je m’en inquiète un peu.

Il y a des départs, déjà et des arrivées pétaradantes.

Bref. La vie semble bien concentrée dans ce petit coin loin de tout. Il restera associé pour moi au moment où j’ai décidé de ne plus souffrir en vain. Merci Madame Lalochère et ses comparses pour ce petit endroit si puissant.

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