Je ne sais plus trop depuis combien de temps j’occupe cette chambre.
Je ne sais plus qui est encore là, qui est parti.
Je ne sais plus trop qui je suis moi-même depuis tant de temps.
(lui vient cet air)
”Algues brunes ou rouges
Dessous la vague bougent
Les goémons
Mes amours leur ressemblent,
Il n’en reste il me semble
Que goémons
Que des fleurs arrachées
Se mourant comme les
Noirs goémons
Que l’on prend, que l’on jette
Comme la mer rejette
Les goémons”
Paris est si loin d’ici.
A cette heure, normalement,
préparer, servir, desservir, balayer, laver, décaper, rincer, s’user les cartilages en tâches répétitives.
Sortir de là en sentant le détergent.
A cette heure, maintenant, un vide que je n’attendais pas.
Le Jura vous met les yeux en face des trous.
Monique : c’est elle qui m’a donné les coordonnées de Jeanne.
”Va voir par chez la fille Lalochère, sa mère et les nôtres étaient de la même cellule.
Elle se débrouille très bien. Et pis, avec c’qui t’arrive, c’est bon de garder la tête froide.
Des vacances au vert, c’est le meilleur que tu puisses faire.”
Les yeux en face des trous.
Des yeux verts ou marron
Des cheveux châtain
Expression douce, sourire désolé
Des rides au coin des commissures
Pas de port de tête
Des épaules rondes
Des bras de travailleuse
Des seins lourds
La taille marquée encore un peu
Les reins cambrés par l’effet de trop lourdes charges
Les jambes, musclées,
le travail encore
Les genoux épais
Les chevilles solides
Un Maillol
Pour ce qui est de la citrouille, mes souvenirs se décomposent. Je ne suis plus sûre de rien. Je préfère le présent au passé, et l’avenir, c’est une savonnette.
Sans intérêt.
1 Commentaire de Sacrip'Anne -
Elles sont solides, les femmes de Maillol. Belles, loin de la fragilité gracile.
2 Commentaire de Malia -
Pas très à la mode, mais proches du réel du commun des mortelles ;-). Merci Sacrip’Anne.
Et puis Malia, Maillol, c’était tentant.