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June East

Chambre 17

Trois jours et un mot

Trois jours enfermée dans la chambre. Carton « Ne pas déranger » sur la porte. Trois coups dans la matinée : Toc-toc-toc. L’homme de chambre. Pas de réponse. « Tout va bien, mademoiselle East ? ». Silence. Rayons d’un soleil timide qui filtrent entre les deux rideaux mal tirés. Tète sous l’oreiller.

Sonnerie de l’iPhone. « Isaac » sur l’écran. Messagerie. Message effacé. Cernes et cheveux en bataille. Photos de merde. Scandale. Entre mes dunes, mes infortunes. Conséquences professionnelles. Adieu mes rêves. Adieu veau, vache, cochon. Penser à prévenir les parents.

Dormir. Essayer de.


23 h 45. J’ai faim. Pas de Room Service et cuisines fermées. Besoin d’air. Enfiler un jean et un caraco. Un homme, déjà dans l’ascenseur, dans le genre collet monté, respectable. Il me bredouille des excuses à propos de bruits dans sa chambre. Je ne comprends pas. Des larmes. Quelques mots réconfortants et son mouchoir blanc. Impossible de parler. Je l’ai embrassé. Ouverture des portes de l’ascenseur. Je suis sortie. Pas lui. Fermeture des portes.

Hall d’entrée désert. Personne à la réception. Veilleur sur le perron. Dos à l’auberge à contempler le ciel. Me suis plantée à coté. Elle est où ma p*tain de bonne étoile ? On s’est regardé. Il a froncé les sourcils. Quand tu sais qu’il n’y a rien à dire. Juste un témoignage d’empathie. Il m’a tendu son joint. J’ai tiré dessus. Deux ou trois fois. Douce brûlure à la gorge. Côte à côte à observer la nuit. Joint rendu. J’ai posé ma tète sur son épaule. « Courage, ça ira, petite ». Aucun nuage là-haut. Normal, ils squattent tous ma vie. Carrelage glacé sous mes pieds. J’ai froid.

Avant de remonter dans ma chambre, j’ai dit « Merci ».

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