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Erwan Robergeot

Chambre 16

Jamais deux sans trois

Ces deux semaines à l’auberge ont passé comme un éclair, à peine le temps de me retourner et c’est déjà fini. Je me suis ressourcé pleinement en me baladant en vélo, en goûtant les bons petits plats de l’auberge et quelques encas trouvés dans les fermes voisines, histoire de profiter des saveurs locales. Je ne me suis pas privé et j’ai fait quelques stocks de charcuteries, fromages jurassiens, du miel de forêt et quelques bouteilles de vins tirés de derrière les fagots. J’ai encore craqué dimanche matin pendant le brunch jurassien proposé à l’auberge et après avoir savouré un délicieux vacherin rôti de la ferme des Adrets je n’ai pu qu’en acheter deux à emporter ! La remorque va être plus que pleine à mon départ demain et je sens que je vais suer sang et eau pour la suite de mon périple. De quoi faire quelques cadeaux aux amis et famille sur mon parcours à venir, je ne pouvais tout de même pas décemment arriver les mains vides.

Les moments passés en compagnie de Janette, la chef cuisto, m’ont rapproché d’elle. Cela va être un vrai brise cœur de ne plus la voir tous les jours. On s’est promis de rester en contact et je garde précieusement son mail et son téléphone, histoire de prendre des nouvelles et j’espère de se revoir. Je lui avais promis, ainsi qu’à Adèle, de leur faire goûter mes fameuses « profiteroles à la Robergeot » et j’ai tenu parole dimanche après midi. Nous nous sommes retrouvés en catimini des autres clients dans la cuisine de l’auberge et je suis passé derrière les fourneaux. Tout d’abord j’ai commencé par la base de la recette : la pâte à choux ! Eau, beurre, sel dans une casserole à bouillir et on verse d’un coup la farine. On travaille la pâte, c’est là que le coup de main est important, on la sèche, on ajoute les œufs un à un en continuant à la travailler, on forme les choux et hop au four. C’est ma mère qui m’a appris cette recette et ses déclinaisons en gougères (délicieuses en apéritif avec une petite coupe de crémant de Bourgogne), carolines, religieuses, éclairs, j’en passe et des meilleurs. Mais revenons à nos moutons. Certains hérétiques les fourrent de chantilly, ou même les remplacent par des meringues, j’en ai des sueurs froides rien que d’y penser. Alors qu’il n’y a rien de meilleur qu’une bonne glace à la vanille de Madagascar et surtout on est généreux sur la dose hein ! Pas de demies mesures, il faut sentir le goût des bons produits. Adèle m’a aidé à garnir les choux bien comme il faut en prélevant sa quotepart de glace dans l’action et en me glissant dans un sourire qu’il faut bien goûter quand on cuisine, la friponne ! Je ne pouvais pas la contredire ! Je termine par le coulis de chocolat chaud et j’en prépare toujours de belles quantités parce que des bonnes profiteroles ça se partage ! Et j’ai eu du flair d’en faire plus que prévu parce que l’odeur de chocolat se propageant dans le couloir a chatouillé le nez de quelques aficionados du sucré. Ça a commencé avec la nouvelle serveuse Lisa qui est passée en coup de vent, mais suffisamment longtemps pour faire honneur au dessert. Nous avons eu ensuite la (bonne) surprise de voir l’homme à tout faire Henri venir tout souriant avec sa caisse à outils pour réparer une soi-disant fuite du robinet. Janette l’a laissé changer le joint qui n’en avait pas vraiment besoin en me faisant des clins d’œil de connivences et lui a demandé si il voulait partager notre quatre-heures pour sa peine. Il ne se l’est pas laissé dire, il a dévoré son 1er chou, s’est laissé tenter par un second puis un troisième pour nous faire plaisir. Adèle qui n’a pas sa langue dans sa poche lui a demandé si le hamac ne craquerait pas à sa prochaine sieste. Il lui a rétorqué « Casse pas la tête, coquine ! » Elle a alors éclaté de rire, la bouche recouverte de chocolat. En repartant à ses menus travaux, il a laissé la porte de la cuisine ouverte et nous avons vu une dame nous regarder depuis le patio. Janette lui a proposé de venir déguster une profiterole et on la sentait toute confuse à ne pas vouloir nous déranger mais elle est venue sur notre insistance. Pâquerette, c’est son nom nous a-t-elle confiée, s’est pâmée de plaisir à la 1ère bouchée, ça faisait plaisir à voir. Du coup, on en a tous repris pour l’accompagner, faut pas gâcher surtout. Elle s’est détendue en notre compagnie, a ri avec nous de la blague sur le hamac de Henri que s’est empressé de lui raconter Adèle. Pâquerette est volubile une fois qu’elle commence et elle nous a raconté qu’elle avait une partie de pêche de prévue le lendemain matin, organisée par Henri (le cachotier !) et qu’elle le taquinerait sur sa (notre !) gloutonnerie. On a vraiment passé un bon moment tous ensemble dans cette cuisine.

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