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Claire Obscurs

Chambre 2

La vie de la forêt jurassienne

8h17, je pars. J’ai même pensé à prendre une batterie externe pour mon smartphone qui ne me quitte jamais. J’y prends des notes, je fais des photos. Bref plein de trucs sauf téléphoner, comme tout le monde. 9h11, j’arrive dans la forêt. J’entends plein de bruits inconnus. Je ne me laisse pas déconcentrer de mon but. Je me suis lancée un défi. Je ne peux pas me décevoir, quand même. Pour me redonner du courage, je m’assoie, sur un tronc d’arbre, pour boire. J’en profite pour regarder ce que contient le panier. Hier, pour le brunch, je n’ai pas su réfréner mes désirs culinaires. Comment y arriver face à un tel étalage de bonnes choses ? Moi aussi, j’ai mes faiblesses. Le panier est bien rempli, il a l’air délicieux. Il faudra que j’en garde pour ce soir. Le soir, souvent, je ne mange pas, je dors. Personne n’arrive à comprendre mon décalage horaire. N’empêche qu’il existe bel et bien. Je bois un coup, et je repars.

10h09, je marche en regardant devant moi, loin devant moi, de peur de croiser une bête. Il doit y en avoir plein tapis dans les fougères. J’espère juste qu’elles ne veulent pas me bouffer. Les moustiques le font assez bien. Hier soir, j’ai bien lu un truc sur la faune sauvage du Jura. Y a pas de loups, et pas d’ours, rien qui puisse me dévorer vivante. 11h36, pause pipi. Je repère un arbre derrière lequel je peux me cacher. Il ne faut pas que je sois vu de chemin. Mais comment je fais pour ne pas être vue des autres côtés ? Je n’y tiens plus, je baisse mon pantalon… 12h23, j’ai repéré un coin tranquille pour déjeuner. Il y a un tronc sur lequel je peux me poser et un où je peux étaler mon panier repas. Je fais l’impasse sur l’entrée, je mange la moitié du jambon et des crudités. Mais je n’arrive pas à résister à cette part de papet. Une sieste s’impose. Je règle une alarme sur 13h40. 13h41, un bruit sourd qui ressemble à la sirène des pompiers me réveille. Des arbres, partout, il me faut un certain temps pour émerger. Je repars. Je suis le chemin. Je ne veux pas m’égarer. Je vois une clairière. C’est sympa, je fais plusieurs photos. Les arbres sont de nouveau foisonnants. Le lacet de ma chaussure droite est défait. Je fais encore quelques pas. Et je m’arrête sur le côté pour le rattacher. Je me baisse, je regarde sur le côté gauche. Des yeux, des yeux me regardent. Ils sont au niveau des miens. C’est un animal que je n’ai jamais vu. Un guépard peut-être ?! Personne ne me croira si je raconte que j’ai vu ça dans ces bois. Je réfléchis vite, du moins je le pense. Il bouge, hier soir lors de mes recherches, j’ai vu une photo qui ressemblait à ça : un lynx. Je réalise qu’il a aussi peur que moi. Il détale, moi aussi.

17h16, je suis au fond de mon lit.

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