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Matteo Pict

Chambre 7

Le jours se suivent et ne se ressemblent pas

Le temps file quand on est en vacances et qu’on a des occupations.

J’ai un peu réduit le rythme de mes randonnées. J’ai presque épuisé toutes celles que je pouvais faire en partant à pied de l’auberge et je voudrais me garder les dernières pour les derniers jours. Alors je passe une bonne partie de mon temps dans le lac à faire des longueurs, sur sa petite plage à bronzer ou à l’auberge à lire, entre ma chambre et le salon.


C’est d’ailleurs en sortant de ma chambre avant-hier que j’ai croisé une femme, debout, seule dans le couloir. Elle tournait le dos à la porte de la chambre 5. Je me suis approché.

« Vous allez bien, Madame ?
- Mon mari est vraiment un con.
- Ah. Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais si c’est une histoire de coucherie, je peux vous jurer que je n’y suis pour rien. C’est pas moi, promis juré craché. » Elle a eu un petit sourire.
« Non, ce n’est pas ça. C’est un peu plus grave.
- Vous voulez boire quelque chose ? J’ai de l’eau et du café dans ma chambre. »
Elle m’a suivi. Pendant qu’elle buvait un peu d’eau, j’ai continué à lui parler, mais un peu plus sérieusement.
« On m’a dit un jour : “Les hommes… On peut pas vivre avec, mais on peut pas vivre sans.” Je suis jeune, mais j’ai … essayé les deux cas, dernièrement. Je sais que la vie n’est pas tendre avec nous. Je ne sais pas vraiment quoi vous dire de plus. Mais si vous voulez parler, de ça ou d’autre chose, vous pouvez venir me voir.
- Merci. Pas maintenant. Je vais repartir voir mon mari. Plus tard, peut-être. Merci…
- Matteo.
- Enchantée, Matteo. Moi c’est Sylvie.
- Enchanté. »
Elle m’a rendu le verre et elle est repartie vers la chambre 5. Je souhaite qu’elle et son mari s’en sortent mieux qu’Isidore et moi.


Bien plus souvent, je vois Adèle. La fille de l’aubergiste semble souvent faire en sorte d’être dans le salon en même temps que moi. Elle me regarde mais ne vient pas me parler. Tout ça depuis dimanche matin, lendemain de la promenade nocturne. Heureusement qu’elle va à l’école et qu’elle s’amuse avec une autre fille de son âge. Je me souviens d’une petite fille qui s’était amourachée de moi quand j’étais adolescent et, même si ce n’était pas le pire moment de ma vie, je n’ai pas très envie de revivre ça. Déjà à l’époque, la différence d’age était gênante.


Je donne l’impression de me plaindre, mais en fait ces derniers jours ont été très agréables. J’ai fini “Urbex” et “Urbex Europe”, en profitant du soleil sur la plage. J’ai commencé “Architecture in France” de Philip Jodidio. Gros changement d’ambiance. On se prend beaucoup plus au sérieux dans ce dernier. Et même si la qualité des photos se vaut, le style est complètement différent.
Pendant que je lisais au salon, j’ai vaguement entendu des chuchotements au sujet d’un bar clandestin à proximité de l’auberge. L’alcool ne me manque pas assez pour aller jusqu’au village, mais si ce bar clandestin propose de la bière de bonne qualité, il est possible que j’y fasse un tour. Si ce ne sont pas de simples rumeurs, bien sûr…
Et surtout, j’ai appris que la ferme voisine va venir nous présenter ses produits locaux au cours d’un brunch ce dimanche. Bien sûr, je me suis inscrit tout de suite. Il me tarde, il me tarde !! J’espère que le niveau sera au moins égal à celui des repas délicieux que la cuisinière de l’auberge nous prépare depuis le début. Il faudra que je pense à leur demander s’il font des livraisons à Paris, pour après. Si c’est le cas, je leur passerai des commandes et je préparerai un repas pour Rachel et son copain. En remerciement de ces vacances imposées.

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