« Mon cœur s’est transformé en jardin » est une belle expression qui résume assez bien comment je me sens depuis que j’habite dans la région. Ça date de mes plus jeunes années, quand ma mère avait décidé de quitter Paris pour la province, ou plutôt pour le calme et la « lenteur » tranquille de cet ailleurs au-delà de la petite banlieue.
Un soir, après être revenue éreintée de sa journée de travail et avoir passé quelques heures serrée comme une sardine dans le métro, elle m’avait annoncé qu’elle avait trouvé un travail, loin, et qu’on allait s’installer dans une petite ville le mois suivant. On avait passé quelques week-ends et soirées à préparer les quelques cartons ou à jeter ce qui n’était vraiment pas utile dans le futur petit meublé qu’elle avait déniché.
C’est dans ces jeunes années — une fois installés là-bas — que j’avais découvert la campagne, la verdure, les animaux, le lait frais, les odeurs des prairies et celles des bois et forêts, la météo bien plus changeante que celle de Paname. Et puis les étoiles visibles la nuit qui m’avaient tant surpris lors de mes premières escapades nocturnes.
De Poulbot de Montmartre j’étais devenu une sorte d’Huckleberry Finn avec les hauts-forts du Jura pour terrain de jeu. Avouez que l’échange valait le coup !
« Mon cœur s’est transformé en jardin », c’est pas du caldoche, c’est pas non plus de l’argot parisien, non on dirait un mélange des deux, en fait, même si la vérité est différente (jette un œil en bas du texte, tu comprendras).
J’aime bien cette expression, presque autant que mon fétiche « Casse pas la tête », ce que j’avais d’ailleurs répondu à l’autre illuminée qui m’avait chopé dans l’escalier de l’auberge pour me tartiner de miel sur ma lèvre, moi qui ai horreur du sucré ! Sur le moment j’étais resté estomaqué, et j’avais d’ailleurs pas pipé jusqu’au moment où elle avait refermé la porte de sa chambre en me laissant comme deux ronds de flan dans le couloir.
Aussitôt à la douche, non mais. C’est vrai quoi, faudrait pas que ça cicatrise trop vite, sinon Gaston va encore me dire que c’était du cinéma les hurlements de douleur que j’avais poussés quand il m’avait envoyé un chtar bien velu ! J’vous l’avais pas dit que j’aimais bien retirer les croûtes au fur et à mesure, faut me laisser mes petits plaisirs.
Va falloir que je me méfie d’elle à l’avenir parce que si ça doit tomber comme à Stalingrad… une fois ça suffit. J’aime autant garder mes distances ![1]
Bon, c’est pas tout ça, on va aller claquer ce coup de pêche et voir s’il y a pas un sandre ou deux brochets à sortir…
Petite perle linguistique : en ourdou (langue du Pakistan), il existe une expression qui signifie “mon cœur s’est transformé en jardin” pour dire que l’on est heureux (dil bagh bagh ho gaya / دل باغ باغ ہو گیا ). Fin du game du sublime
Note
[1] J’adore ce film.
1 Commentaire de Sacrip'Anne -
Fin de game du sublime est exactement ce que j’aurais voulu inventer pour commenter cette phrase :) (le miel, beurk)
2 Commentaire de GG -
La belle expression qui fait venir tant d’images à l’esprit!
Alors comme ça, Henri est un homme heureux?
Même si je défends le miel (ça aide à la cicatrisation et c’est super bon sur une tartine de sarrasin avec un peu de beurre salé….) je suis d’accord sur le descriptif d e “l’autre illuminée
3 Commentaire de Avril -
Poulbot ou Finn, je ne sais où va ma préférence. Être les deux en même temps, c’est bien aussi.
4 Commentaire de TarValanion -
Pouvoir vivre plusieurs vies différentes au cours de la même, c’est bien.
5 Commentaire de Feuilledethé -
J’ai presque pensé qu’Henri allait se laisser prendre au grappin … meuh non, ss’pa possible.
6 Commentaire de AkaïAki -
Magnifique formulation de l’ourdou, je la note.
Elle a eu bien raison la maman d’Henri de partir s’installer à la campagne, et bien du courage aussi. Ce n’est jamais facile d’intégrer un coin de verdure quand on est une parisienne, bien que je sois sûre que le Jura sait être accueillant.
7 Commentaire de Malia -
Malia se doute-t-elle du concours de biceps malsain entre Gaston et Henri, comme de leur misogynie ? A voir…