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Laurent Duhamel

Chambre 15

Ça a débuté comme ça

Ça a débuté comme ça. Je suis arrivé très tard lundi soir. J’ai pu garer la Jeep Wrangler… Le parking n’était pas plein. Cette charrette va sans doute causer des drôles de regards…. Un richard, se diront-ils, que fout-il là alors qu’il pourrait se la couler douce dans un palace… Comme Picsou, je palpe les briques mais c’est mon taf, pas mon loisir.

Mes potes d’Automobile Magazine m’appellent parfois: « Laurent, ça te dirait de prendre cette voiture quelques jours, histoire de voir ce qu’elle a dans son ventre  ». Et je dis souvent oui, mais là je partais en mission. Ils ont insisté: « Jeep vient de relooker un de leurs modèles… Tu pars en montagne, c’est l’occase de la tester, tu peux l’emmener partout, lui faire voir du pays, lui faire trempette dans la rivière, lui faire grimpette… M’en fous si ça raye la peinture, on veut savoir si elle est solide. » Alors j’ai dit oui.
Rien à dire à propos de cette petite… mais elle n’a connu que des routes de bagnoles bourgeoises. Je vais demander à la patronne si elle connaît des sentiers bien hard, et là on verra ce qu’elle a dans le ventre. Bien sûr ne pas oublier de me faire briefer sur la ferme.


Donc j’ai débarqué à la réception lundi soir avec la valise. Bonsoir, bonsoir, vous êtes, je suis, la carte je vous prie blah blah. On m’a aboulé la clef de la chambre, la quinze. Sympa mais ça poquait comme un derrière dans le couloir, et pas de wifi, ça commençait bien. J’ai téléphoné à mon Alex, on ne se verra pas pendant un mois, ça fait tout drôle mais pas le temps pour des vacances en amoureux parait-il. Sa boîte trime dur dur.

Première nuit bof, perdu l’habitude de dormir seul. Deuxième nuit, ça a beuglé comme l’Enfer. Tout le monde déboule dehors. Fait froid la nuit en montagne, on se zyeute. Finalement, la patronne vient blablater: fausse alarme, problème de ventilation, nous sommes désolés blah blah. On remonte dodorer. Ça commençait bien…

Ça commence mieux. La wifi est revenue, je peux enfin écrire dans ma piaule à mon Alex, lui dire que la bouffe est bonne, la cheffe est extra et que le coin est magnifique, que le lac lui aurait plu. J’ai d’ailleurs piqué une tête, je n’étais pas le seul d’ailleurs, d’autres « hôtes » de l’auberge. Un est venu me voir pour me faire patata patati, alarme, patata patati, mon taf patata patati. J’ai fait « mmmh, mmmh », pas envie de « socialiser » comme on dit à la téloche. Ce soir, je vais remuer mes guiboles autour du lac, et puis dodo.

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