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Brigitte Audiber

Chambre 10

Mon premier repas

Lettre au Docteur Sasson, brouillon. Premier jet.

Chère Docteur Sasson, 

Comme promis, je vous tiens au courant de mes progrès pendant ce séjour à l’Auberge. 

Le premier jour, j’ai pris le petit déjeuner sur la route, chez nos amis de la Cave. Comme vous le noterez sur Blue Buddy, j’ai été très raisonnable, et vous remercierez Gérard de sa vigilance. 

On a pique-niqué à midi avec les restes du petit déjeuner et Gérard a insisté pour que je ne néglige pas les hydrocarbures si je voulais continuer la balade : c’était bien vu de sa part. J’avoue que j’ai eu du mal et que sa patience est salutaire. 

J’ai pris le repas suivant comme convenu à deux heures. Des fruits secs. Parce qu’on était toujours en promenade, à la redescente de la cascade. Là aussi j’ai été très raisonnable, je vous promets. Voir Blue Buddy pour les détails. 

Maintenant, pour vous expliquer la relapse du dîner, il faut que je vous explique un peu plus en détails que sur ce que j’ai noté dans l’appli. 

L’auberge est vraiment conviviale et les repas sont succulents et magnifiques, on a vraiment bien été aiguillés, pas de problèmes ! Seulement, lundi soir, qui était le jour de l’ouverture, il y a eu dans l’excitation des premières rencontres avec les invités de l’auberge, une femme seule qui a fait une sorte de crise de nerfs, et je n’ai pas pu m’empêcher de me précipiter à son côté pour la consoler et la soutenir. Je l’ai laissée sangloter pendant un moment en lui tenant les épaules sans rien dire, et quand j’ai senti qu’elle se calmait un peu, je lui ai proposé de sortir à l’air avec moi. On a chuchoté ensemble devant le spectacle nocturne et paisible du lac et je lui ai dit combien elle était belle et aimée des cieux, quand elle m’a dit qu’elle s’appelait Calliste ! Ça m’a fait plaisir qu’elle sourie à cette mention, et justement, il y a eu un moment un peu magique parce que le ciel couvert s’est éclairci suffisamment, et je lui ai pointé la Grande Ourse, on n’avait pas vu le temps passer, et bien sûr le repas était terminé quand on est revenues à la salle à manger. 

Oui, Gérard, m’a dit que je l’avais fait exprès, oui, il m’a fait des remontrances, et oui, je l’admets, je ne regrette rien. C’était plus important pour moi de sentir que je servais à quelque chose dans la vie de cette femme, qui doit avoir le cœur gros, et un peu plus jeune que moi, alors, j’imagine bien ce qui doit lui arriver à elle aussi. Au moins, moi, j’ai Gérard. Mais elle était toute seule. C’est pas une période facile à vivre. J’espère qu’elle ira mieux et que les gens seront indulgents pour cette crise. Ça aurait pu être moi à sa place. 

Je vous tiens au courant, promis. 

Bien cordialement, 
Brigitte Audiber 

 

Il a fallu que je montre mon brouillon à Gérard, ça me servira de couverture, je n’avais pas envie qu’il me bassine toute la nuit avec un repas à faire comme j’étais sûre qu’il allait le faire (et vlan, une dispute de plus) et aujourd’hui on avait prévu une excursion encore plus longue que celle du premier jour. La barbe, mais je comprends. J’étais un peu fatiguée quand même et je suis d’accord qu’il faut que je me requinque le plus rapidement possible. Purée, que c’est difficile. J’ai au moins essayé de bien dormir. Je recopierai la lettre au propre tout à l’heure, ça devrait coller. J’espère qu’il y aura finalement du réseau ici pour que je puisse poster sur l’appli, sinon, elle va croire que j’ai rien consigné quand elle recevra ma lettre et s’inquiéter inutilement. J’ai promis et je m’y tiendrai. 

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