Une panne de wifi dans les chambres rendant impossible la publication de ma lettre, je m’étais promis de le faire depuis le salon, après le dîner. Comme je n’avais pas pris mon ordinateur pour aller au restaurant et qu’une fois remonté j’ai attendu en lisant que l’agitation normale des résidents se calme un peu, j’ai fini par m’endormir du sommeil du juste, le livre à la main, les lunettes sur le nez et tout habillé sur le lit. Je suis désolé si, impatiente de lire après avoir reçu mon texto contenant le lien vers ce journal numérique, et ayant trouvé page blanche, je vous ai déçue.
Voilà donc ma lettre d’hier. Bonne lecture !
Chère Amie,
Pardonnez-moi cette petite familiarité…
Vous m’avez mis au défi, il y a quelques semaines de sortir de mes habitudes et de ne pas m’isoler dans le chalet familial pour boucler mes impératifs académiques. Je l’ai relevé en réservant dans une auberge qui vient de rouvrir… Dans le Jura. Comment ça je triche ? Vous n’aviez qu’à mieux définir le défi, très chère !
J’ai quand même un peu corsé l’affaire en décidant de tenir, durant mon séjour, un journal (numérique, vous connaissez mon engagement pour ce support). Je me suis inspiré de Camus lors de sa tournée en Amérique du Sud à l’été 1949. Vous m’en avez tellement parlé de cette correspondance avec Maria Casarès que je m’y suis plongé, avec bonheur et délectation, tout comme vous.
Je suis donc parti ce matin, prenant le chemin des écoliers, dans ma fidèle et vieille petite bavaroise. Après un arrêt dans le village de Pollox (le plus près de l’auberge et sur ma route) qui est assez typique et m’a rappelé celui près du chalet de mon enfance, je suis arrivé assez tôt à l’auberge. Bien avant l’heure des enregistrements. Aussi suis-je parti marcher, en reconnaissance. J’ai fait le tour du petit lac. Immanquablement, je finirais par remonter le cours d’eau qui l’alimente. C’est très bucolique, parfait pour se vider la tête du travail. Il y a plusieurs bois autour de l’auberge où vous vous plairiez à vous y perdre. Avec la petite pluie qu’il n’a pas manqué d’y avoir, cela embaumait la sève de résineux et l’humus. Comme cela vous plairait, chère Amie.
Je vous écris de ma chambre. Elle me plaît beaucoup. Elle comporte deux fenêtres ce qui éclaire bien la pièce malgré le ciel assez gris. Elle est propre et sent presqu’encore la peinture fraîche. Il émane de ce lieu une atmosphère calme, au charme légèrement suranné. Et la salle de bain n’en est pas une puisqu’il s’agit d’une douche, ce que je préfère par-dessus tout. Ce qui ne gâche rien, la pièce étant particulièrement bien agencée, la douche est spacieuse, avec un pommeau-pluie au plafond, parfait pour ma taille.
Tandis que je noircis la page blanche, je sirote un thé. Il y a une bouilloire et une cafetière. Comme vous m’avez définitivement converti au thé, j’en ai apporté de deux sortes, noirs bien sûr, ainsi que des petites capsules de lait, ou crème je ne saurai dire, ainsi que des sachets de lait en poudre. Ainsi suis-je paré pour tenir tandis que je travaillerai… dès demain !
Je me suis préparé un petit planning journalier. Mais avant de vous en parler, je me dois de le tester.
J’ai croisé quelques personnes, je vous en parlerai plus la prochaine fois.
Bien à vous chère Amie
P. V
1 Commentaire de Sacrip'Anne -
Bienvenue P ! C’est étonnant ce goût pour le lait dans le thé :ppp
2 Commentaire de Franck -
Un petit avant-goût d’épistolaire ? J’ai hâte de lire la suite !
Sinon, comme dit Sacrip’Anne, c’est étonnant ce goût pour le thé dans le lait :-)
3 Commentaire de Philippe -
@Franck et Sacrip’Anne : mais plein de gens très bien mettent du lait dans leur thé ! Beaucoup d’anglais avec leur fameux nuage, et dans toutes leurs anciennes colonies, notamment l’Inde. En général toutefois, c’est plutôt réservé au thé noir, pour en supprimer l’amertume.
4 Commentaire de Avril (June East) -
« Chère Amie,
Je vous écris ces quelques fleurs
Avec mon cœur à l’intérieur »
5 Commentaire de Sacrip'Anne -
Je bois le mien sans lait ni crème ni sucre :D
6 Commentaire de Jenny -
Pour le thé, ça dépend… c’est vrai qu’en demi-angalise j’apprécie le breakfast tea avec une larme de lait… mais seulement celui-là. J’aurais bien aimé passer un moment a=à l’auberge des blogueurs mais un été studieux m’attend donc je lis vos aventures avec plaisir !
7 Commentaire de Feuilledethé -
du lait et du sucre ? m’enfin, c’est une hérésie !
ou comment s’attarder sur des détails, en plus, du lait en poudre …
alors que ce début est si prometteur
8 Commentaire de lynxxe -
Bienvenu P. Un courrier à une amie chère, quelle belle idée très stylée. Si j’en crois la référence, le ton pourrait s’enflammer ? ;-)
Enfant je croyais qu’un vrai nuage flottait au-dessus de la tasse de thé. Cruelle désillusion. N’empêche que cette histoire me fait encore rêver.
9 Commentaire de P. Vergnes -
Lait et sucre dans thé noir très fort, c’est ainsi que cette amie le boit et qu’elle m’y a convertit. Le lait en poudre c’est juste pour le coté pratique. Et ce sont des petits détails qu’elle appréciera, je crois. Mais pourquoi je me sens obligé de me justifier ?
@Franck> Pour en dévoiler un peu, nous correspondons, épistolairement, depuis un certain temps, numériquement aussi bien que manuscritement. L’on s’en dit tellement plus ainsi. Et j’ai hâte de l’écrire aussi ;-)
@lynxxe> Qu’elles sont jolies et poétiques ces croyances d’enfant. Vous m’avez fait rêver ;-) S’enflammer ? Comme vous y aller !
10 Commentaire de GG -
J’aime beaucoup l’idée de la relation épistolaire. J’ai l’impression que cela transforme le séjour en voyage.
Et cette correspondance donne également une effet miroir au jeu de l’auberge, où les auteurs s’écrivent, pour le plaisir aussi des lecteurs extérieurs (si J’ai bien compris la règle ….)
11 Commentaire de Lilou -
Noir avec du sssuuucre
12 Commentaire de samantdi -
Sans doute un couple illégitime, la référence à Camus et Casarès ne laisse pas de doute…. Cette auberge n’a pas l’air très à cheval sur la morale de ses clients.
13 Commentaire de AkaïAki -
@Samantdi> Rhoo, supputer à partir d’une référence littéraire, non mais vraiment !
14 Commentaire de AkaïAki -
J’aime bien l’épistolaire depuis l’étude de Mme de Sévigné au lycée. J’ai l’impression que ça se perd, aussi bien en littérature que dans la vraie vie. Me trompe-je ? (ou me trompè-je, je ne sais comment on doit dire aujourd’hui)
15 Commentaire de Gilsoub -
Un amour aussi fort que celle de Camus et de Casarés, voilà qui nous promets une belle correspondance ! :-)
16 Commentaire de Malia -
Chouette texte, hâte de lire la suite !